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21.11.03 - Soudan : L'égalité et la justice.

"C'est pour une question de justice et d'égalité entre les citoyens du même Etat que la guerre a commencé entre le nord et le sud du Soudan; en voilà la vraie raison", a affirmé le cardinal Gabriel Zubeir Wako, le premier cardinal de l'Eglise soudanaise.

Selon la revue "30Giorni", un nouvel engagement international soutenu par les Etats-Unis pourrait permettre une détente dans cette guerre entre le nord musulman et le sud animiste et chrétien qui a fait deux millions de victimes depuis 1983. Aux vues de l'engagement international, dont l'active participation des Etats-Unis qui ont envoyé Colin Powell à une journée de négociation entre le gouvernement et les sudistes de la Spla (Sudan Peoplés Liberation Army) en octobre dernier, les tensions pourraient s'atténuer.

Le cardinal Wako a expliqué "qu'il n'y avait pas de fondamentalisme au début de la guerre" mais "que la question principale était et reste toujours le sentiment d'oppression vécu par la population du sud". "Elle n'a pas la possibilité de gérer sa propre vie, dirigée directement de Khartoum; elle ne peut pas s'exprimer sur la gestion des richesses naturelles, dont le sud est plein" (.). Pour lui, "la population du sud continuera à protester si on ne parvient pas à une distribution égalitaire des ressources".

Par ailleurs, depuis le début de la guerre, "le gouvernement de Khartoum a entrepris de façon instrumentale l'islamisation du pays", a-t-il expliqué. "Il y a eu des violences faites à l'égard des missionnaires et des chrétiens en général, l'imposition de la langue arabe dans le système d'éducation nationale (...) En faisant cela, le gouvernement de Khartoum a ouvert la route au fondamentalisme, ajoutant un facteur de plus à la guerre", a-t-il continué.

Interrogé sur la position de l'Eglise à l'égard de la guerre, du gouvernement soudanais et de l'intervention internationale pour une tentative de paix, l'archevêque de Khartoum a répondu que "le gouvernement croit depuis toujours que l'Eglise est une ennemie qui veut le contrer", alors qu'elle a exprimé "son soutien aux colloques de paix et aux actions du gouvernement" allant dans ce sens. Afin que "la paix soit réelle", l'Eglise a demandé "d'impliquer le peuple (.), pour que tout le monde en ait le désir" .

"En effet", a-t-il estimé, "après tant d'années de haine et d'hostilité entre les parties, une déclaration politique entre le gouvernement et la Spla ne suffira pas à "une véritable réconciliation". Il faudra notamment tenir compte de la question du retour de "tous les réfugiés dans leur terre d'origine". Le cardinal Wako considère que l'Eglise n'a pas vraiment pu échanger avec les membres de la diplomatie américaine en mission sur place. Ce corps diplomatique "a son agenda" et "pour le moment est seulement préoccupé par l'arrêt de la guerre", alors que, pour les évêques du Soudan, "le manque de justice, d'égalité entre les citoyens, de respect des droits de l'homme et de la dignité" sont des problèmes fondamentaux auxquelles ils voudraient remédier.

Le cardinal soudanais a développé ce point en expliquant que les évêques combattaient "l'oppression de l'islam envers ceux qui ne sont pas musulmans". Pour lui, "le christianisme et l'islam en tant que religions n'entrent pas en collision", mais elles sont "destructrices si elles sont utilisées à des fins politiques". Répondant enfin à une demande sur la position de l'Eglise face à une éventuelle sécession du sud, le cardinal Wako a répondu qu'elle "n'avait absolument aucun avis sur le thème de la division du pays et que les citoyens disposaient du droit de s'autodéterminer comme bon leur semblait".

"Ce que souhaite l'Eglise soudanaise, c'est que les chrétiens puissent être chrétiens et citoyens et respectés comme tels". "Tandis que toutes les religions présentes dans une nation vivent et travaillent ensemble pour le bi en commun, il revient aux responsables politiques de faire, tandis que toutes les religions présentes dans une nation vivent et travaillent ensemble pour le bien commun, qu'il soit possible à quiconque de se déclarer chrétien, musulman . ou communiste". (source : apic)

Pour plus d'informations : Agence APIC

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