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21.11.03 - Ukraine : Vers un nouveau conflit.

L'archevêque des gréco-catholiques ukrainiens, le cardinal Lubomyr Hussar, s'apprête à déménager son siège de Lviv à Kiev, à l'est du pays, dans une région à majorité orthodoxe.

Cette décision, qui a été annoncée il y a presque deux ans, est accompagnée d'une demande expresse, et bien plus ancienne, faite à Jean Paul II par le cardinal afin que son Eglise soit reconnue canoniquement comme un patriarcat à part entière. Le patriarcat de Moscou avait déjà fait savoir que ce déménagement et l'érection d'un patriarcat seront considérés comme une offense à leur encontre.

Interrogé par le mensuel italien Trenta Giorni du mois de novembre, le cardinal Hussar justifie la place de son Eglise en Ukraine et affirme son identité de patriarche. "Je me rendrais à Kiev, même si je suis encore un archevêque majeur, selon la terminologie ecclésiastique, indépendamment de la reconnaissance de notre patriarcat qui peut survenir, aujourd'hui, demain, ou dans dix ans", a affirmé le cardinal Hussar alors que le déménagement doit avoir lieu officiellement en décembre.

"Ce sont des raisons pastorales et historiques qui justifient ce déménagement. En Ukraine orientale (à l'est), les catholiques de rite catholique oriental sont présents depuis plus de 200 ans. Au siècle passé, la présence de nos fidèles a été provoquée par Staline lui-même. Avec ses déportations, il est devenu un apôtre involontaire du catholicisme dans diverses parties de l'Union soviétique. Maintenant, pour des raisons pastorales, il est plus avantageux pour nous d'établir notre siège central à Kiev, parce qu'ainsi, nous sommes plus proches des communautés qui sont réparties dans tout le pays".

"En outre", a-t-il précisé, "être à Kiev nous permet d'éviter de longs voyages à chaque fois que le Conseil d'Etat des Eglises ou les bureaux de l'Etat nous convoquent pour quelque motif. En fait, tous les chefs des Eglises et des confessions religieuses de l'Etat résident dans la capitale". "Nous avons été chassés de Kiev", a-t-il ajouté en évoquant les remous de l'histoire de son pays. "Lviv, pour ainsi dire, n'a jamais été notre patrie, elle n'a jamais été au centre de l'histoire de notre Eglise".

Concernant sa demande de reconnaissance du patriarcat, le cardinal ukrainien a expliqué que : "Dans notre tradition orientale, le patriarcat est un point d'aboutissement naturel dans le processus de croissance d'une Eglise. Quand une Eglise locale de tradition orientale arrive, dans son développement historique, à un point de maturation des divers aspects de sa vie ecclésiale, la reconnaissance du patriarcat ne représente pas un "saut", un moment de discontinuité. C'est prendre acte d'un chemin déjà accompli ".

Interrogé sur le rôle de Jean Paul II sur cette question, il a affirmé : "Ce n'est pas le pape qui crée le patriarcat. Un patriarcat est une Eglise d'un peuple qui existe déjà, avec sa spiritualité, sa théologie, sa spiritualité, sa hiérarchie. Et le pape, donnant son assentiment, se limite à le reconnaître". Habituellement, la reconnaissance d'un nouveau patriarcat dans l'Eglise catholique se fait au cours d'un concile. Mais le cardinal Hussar ne souhaite pas attendre un éventuel concile Vatican III pour que son Eglise soit élevée au rang de patriarcat. Dans son interview, il précise que le droit canon prévoit la possibilité que le pape ratifie simplement ce fait.

Or, au Saint-Siège, la prudence semble prévaloir pour l'instant. (source : apic)

Pour plus d'informations : Métropole ukrainienne de Lviv

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