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29.11.03 - Les tensions du dialogue islamique.

Le dialogue avec le monde musulman est possible si l'on établit un rapport de confiance. Certes cette tâche n'est pas facile, mais elle est réalisable.

Le P. Thomas Michel, directeur du Secrétariat pour le Dialogue interreligieux de la Compagnie de Jésus, l'a souligné lors de son intervention introductive à l'un des ateliers sur le thème "Développement du dialogue interreligieux avec les musulmans", qui s'est tenu jeudi après-midi, dans le cadre de l'Assemblée de l'USG.

Il a affirmé que le climat de respect réciproque et de confiance, mûri en 25 ans de pontificat, a donné des résultats appréciables et surtout vérifiables. En effet, lors de la première journée de prière à Assise en 1986 il n'y avait que "peu de musulmans", alors que dans la journée tenue en Bosnie en 1993 "la réponse fut meilleure, non seulement au point de vue numérique, mais du fait de l'importance des participants".

Et enfin, l'année dernière à Assise, "beaucoup voulaient participer mais leur nombre fut réduit". L'amélioration des rapports est due aux "50 interventions et quelques" du Pape (discours et messages), à un climat plus respectueux dans le cadre des relations réciproques, et à la reconnaissance d'un patrimoine commun tel que la foi en un Dieu unique, même si la foi en un Dieu-Trinité est un obstacle fondamental.

Il existe également dans le monde musulman "une grande majorité" qui "n'approuve " ni la violence ni le terrorisme du côté islamiste ni d'ailleurs "l'idéologie" de la surconsommation diffusée par l'Occident, selon lequel le monde est divisé "en vainqueurs et vaincus", en deux catégories : ceux qui possèdent la richesse et l'argent et ceux qui ne possèdent ni l'une ni l'autre.

"Mon expérience m'enseigne - a expliqué le P. Michel - qu'une fois le rapport de confiance établi, non seulement le dialogue devient possible, mais on le recherche. En Turquie, en Indonésie, en Malaisie, en Egypte, en Iran ou aux Philippines, j'ai eu l'occasion de vivre parmi les musulmans, d'enseigner dans leurs universités, d'aller chez eux et des les accueillir chez nous, de manger ensemble, des discuter les points de vue les plus profonds, en parlant de l'expérience de Dieu dans nos vies, en confrontant notre façon de prier, en cherchant à comprendre ce que signifie la volonté de Dieu et notre réponse à Son amour".

Sur cette base, le dialogue est non seulement possible, mais il est déjà pratiqué dans de nombreuses parties du monde. Mais il faut également prendre garde à ne point avoir une vision excessivement pacifiste ou optimiste.

"Le dialogue islamo-chrétien ne saurait attendre l'instauration de rapports simples entre les deux communautés dans le monde. Il est en tout cas nécessaire, il s'impose comme un devoir, et donc il doit être poursuivi même au beau milieu des tensions et des conflits qui marquent notre époque".

Un écho semblable nous vient de la base même des communautés religieuses, comme c'est le cas au Sénégal où les tidjanes appellent à une concertation entre chefs religieux. Les tidjanes du Sénégal, la confrérie musulmane la plus nombreuses et la plus modérée, s'inquiètent toujours davantage de la tension et de l'intolérance politique dans le pays. Abdoul Aziz Sy Junior, dignitaire de la confrérie et porte-parole du khalife général, a appelé le vendredi 28 novembre à une concertation entre chefs religieux sénégalais pour "sauver le pays". Le Sénégal, affirme le dignitaire tidjane, a atteint "un seuil critique" que seule cette concertation interreligieuse peut tirer d'affaire. Il y a deux jours déjà, l'Eglise catholique appelait les politiciens locaux à un débat politique "civilisée". (source : vid)

Pour plus d'informations : Agence VID

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