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29.11.03 - Irlande : Le processus de paix menacé.

L'espoir d'une relance rapide du processus de paix en Irlande du Nord est brutalement retombé vendredi après la victoire aux élections à l'assemblée locale de deux ennemis jurés: les protestants radicaux du DUP et les nationalistes catholiques de Sinn Féin.

Les Démocrates unionistes du révérend Ian Paisley ont créé la surprise en obtenant 30 sièges sur les 108 que compte l'assemblée semi-autonome locale, devenant ainsi la première formation unioniste, favorable au maintien de l'Irlande du Nord dans le giron britannique.

Dans le camp nationaliste catholique, Sinn Féin, considéré comme l'aile politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), est devenu le principal parti catholique à l'assemblée avec 24 sièges, soit un gain spectaculaire de six élus par rapport à l'assemblée sortante. Les catholiques modérés du SDLP apparaissent comme les grands perdants de ce scrutin: ils doivent se contenter de 18 députés locaux (-6 sièges).

Selon les termes des accords de paix d'avril 1998, le prochain chef de l'exécutif devrait donc théoriquement être un élu du DUP, et son adjoint un député de Sinn Féin. Mais le DUP du révérend Paisley, un tribun populiste de 77 ans pour qui l'IRA et Sinn Féin ne font qu'un, a juré qu'il ne négocierait sous aucun prétexte avec les dirigeants du parti nationaliste. D'où un véritable scénario-catastrophe pour le Premier ministre Tony Blair, car le succès du DUP -qui a écarté tout partage du pouvoir avec Sinn Féin- augure mal des futures négociations entre catholiques et protestants, qui devraient reprendre dès le samedi 29 novembre.

Avant même de connaître les résultats définitifs, Londres et Dublin avaient d'ailleurs pris les devants en réaffirmant que les accords de 1998 n'étaient pas "renégociables". M. Blair et son homologue irlandais, Bertie Ahern, co-parrains des "accords du Vendredi Saint", s'étaient rencontrés pendant 45 minutes vendredi en milieu de journée à Cardiff (Pays de Galles) pour évoquer l'aggravation de la crise du processus de réconciliation dans la province britannique. "L'avenir de la décentralisation est à présent entre les mains des élus de l'assemblée d'Irlande du Nord", ont souligné les deux gouvernements dans un communiqué commun.

Le rétablissement de l'assemblée locale, suspendue depuis plus d'un an en raison d'une crise de confiance entre catholiques et protestants, semblait vendredi une perspective lointaine et très hypothétique. Seule consolation, mais de taille, pour les partisans de la paix : la classe politique dans son ensemble a écarté l'éventualité d'un retour à la guerre intercommunautaire qui, en 30 ans avant les accords de 1998, a fait plus de 3.500 morts. (source : apic)

Pour plus d'informations : Agence APIC

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