05.12.03
- Inde : Les relations avec les services du Vatican.
L'appel du cardinal Varkey Vithayathil, archevêque de Ernakulam-Angamaly,
pour une plus grande autonomie des conférences épiscopales est diversement
commenté par les responsables ecclésiaux.
Les divers hauts responsables catholiques indiens ont accueilli avec
plus ou moins de faveur ses propos qui déplorant que l'Eglise de l'Inde
soit dépendante de Rome en trop de matières et réclamant davantage d'autonomie
et de pouvoir pour les conférences épiscopales. Il avai également parlé
de décentralisation.
" Les évêques indiens , a-t-il déclaré, ne devraient pas être obligés
de courir à Rome à propos de toutes choses." Ces déclarations du
cardinal, qui est archevêque majeur de l'Eglise syro-malabar et réside
à Kochi, la capitale commerciale du Kerala, étaient contenues dans une
interview parue le 10 novembre dans l'édition anglophone de la revue
diocésaine bihebdomadaire Sathyadeepam ('La lampe de la vérité'). La
presse nationale indienne s'est largement fait l'écho des vues du cardinal
après la parution de son interview.
Le cardinal, après avoir constaté que les conférences épiscopales n'avaient
aujourd'hui pratiquement aucun pouvoir, a souhaité quelles deviennent
des instances plus efficaces. Selon lui, une des plus grandes faiblesses
de l'Eglise catholique romaine réside dans le fait que l'autorité pontificale
s'exerce sans qu'il y ait de participation des personnes concernées,
comme le demande le Concile Vatican II. Le chef de l'Eglise syro-malabar
a également souhaité une plus grande collégialité et des consultations
plus fréquentes entre prêtres et évêques pour tout ce qui concerne les
affaires ecclésiales.
Pour sa part, même si cela n'est pas obligatoire, il a toujours pratiqué
ce genre de consultations avant toute décision importante. Il a ajouté
que le type de décentralisation qu'il appelle de ses voeux réclame un
certain nombre de changements à l'intérieur du droit canon.
Les propos du cardinal Varkey Vithayathil n'ont laissé personne indifférent.
En premier lieu, le P. Paul Thelakat, rédacteur en chef de la revue
Sathyadeepam , s'est empressé d'ajouter que les propos " francs et positifs
" du cardinal ne constituaient en rien une mise en question de l'autorité
pontificale. Dans un commentaire recueilli le 13 novembre par l'agence
Ucanews , le président de la Conférence épiscopale de l'Inde, Mgr Cyril
Baselios de Trivandrum, s'est également montré nuancé. Après avoir fait
remarquer que les déclarations du cardinal ne devaient pas être interprétées
en dehors de leur contexte, il a exprimé son accord avec la proposition
visant à donner davantage de pouvoir aux conférences épiscopales pour
renforcer les Eglises locales.
Il a ajouté que la décentralisation ne signifiait pas la division mais
une plus grande unité et une plus grande participation.
Des commentaires moins favorables se sont aussi fait entendre. Mgr Varghese
Chakkalakal, évêque de rite latin à Kannur, au Kerala, a affirmé qu'il
n'était pas juste de dire que les évêques indiens étaient obligés de
recourir au Vatican pour la moindre affaire. Nombreux sont les domaines
où les évêques peuvent décider de leur propre chef. Mais là encore,
l'évêque a admis que les conférences épiscopales, plus proches de la
réalité locale, devraient voir leur pouvoir et leur autorité renforcés,
mais il n'est pas certain que, pour cela, il faille modifier le droit
canon.
Il a ajouté que certaines décisions, comme la nomination des évêques
ou la création de nouveaux diocèses, ne peuvent venir que du Saint-Siège.
Une certaine confusion règne au sein des laïcs ayant eu connaissance
par la presse des déclarations du cardinal. Beaucoup déclarent ne pas
être au courant des pouvoirs réels des évêques et des organisations
épiscopales. D'autres ne comprennent pas pourquoi le pouvoir de nomination
des évêques indiens appartient au Saint-Siège et non à la Conférence
épiscopale.
Pour les observateurs, les déclarations du cardinal Varkey Vithayathil
font écho à celles du cardinal Stephen Fumio Hamao, ancien président
de la Conférence épiscopale japonaise et actuel président du Conseil
pontifical pour la pastorale des migrants et des itinérants. Le 16 octobre
dernier, quelques jours avant de recevoir la dignité de cardinal des
mains de Jean-Paul II, le cardinal Hamao avait lui aussi appelé de ses
voux une réforme des institutions de l'Eglise catholique (source : eda).
Pour plus d'informations : Eglises
d'Asie
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