19.12.03
- L'Afrique débat de la laïcité à la française.
La revue de presse africaine est significative de la proximité
de l'ensemble des religions et se posent ces questions : "Jusqu'à
quel niveau république, religion et démocratie sont-ils compatibles
? Quel sens donner à la "laïcité" dans un Etat moderne ? "
Le Quotidien Mutations de Yaoundé du 18 décembre écrit
ceci sous la signature de Serge Godong :" ...C'est à force de voir
le débat public en France se nouer avec rage autour de cette question
qu'est finalement apparu comme nécessaire, un éclairage à apporter au
lecteur camerounais sur la question du voile à l'école et de la laïcité
dans les institutions publiques des Etats modernes. Débat riche en passions
et arrière-pensées, plus que jamais transversal à toutes les opinions
politiques, qui semble représenter aux yeux de beaucoup, la frayeur
de ces temps à venir, où le fait religieux sera de plus en plus tapi
derrière le fait politique si ce ne sera l'inverse, avec en embuscade,
tous les débordements et toutes les déchirures, explosions de fanatismes
et de radicalisations sans remède."
..." Jusqu'où un citoyen peut-il exprimer l'intégrité de sa foi
sans nécessairement heurter l'autre ? L'école et le travail qui sont
entre autres espaces les plus représentatifs de l'ouverture, du dialogue
et de la tolérance peuvent-ils s'accoutumer de représentations qui aliènent
l'intégration et justifient les exclusions ? Jusqu'à quel niveau république,
religion et démocratie sont-ils compatibles ? Quel sens donner à la
"laïcité" dans un Etat moderne ? Pour trouver des réponses à ces quelques
questions, le président français a choisi la voie la plus sinueuse :
mettre sur pied un comité de sage chargé d'apporter des réponses à toute
la France sur des questions à première vue élémentaires."
Dans le même journal, El Hadj Saidou, imam de la grande mosquée
de Yaoundé, le port du voile est une prescription divine. Interdire
aux jeunes filles de porter le voile à l'école est une atteinte grave
aux préceptes de la religion musulmane, du moment où c'est écrit dans
le coran. " Dieu lui-même a dit que la femme ne doit pas exposer son
corps. Elle ne peut le faire que devant son époux. Elle doit uniquement
porter des vêtements qui ne laissent apparaître que son visage et ses
mains. La robe devant à cet effet arriver aux chevilles. C'est à tort
si les gens veulent aller à l'encontre de ces préceptes écrits dans
le coran."
Un autre lecteur fait remarquer :"Car il ne suffit pas de crier
sur tous les toits que l'on est musulman et qu'en retour on pêche. En
général, ces filles là qui s'entêtent à porter le voile font pire. Il
y en a même qui mange de la viande de porc là-bas en France. Et puis
quand on est dans un pays, il faut respecter ses lois et coutumes. Nous
ne pouvons rien imposer aux Français chez eux. Que les mécontents retournent
au bercail."
Le journal "Le Pays" de Ougadougou au Burkina Faso, note :"Le
dialogue inter-religieux à l'africaine mérite respect et considération.
En vérité, le port du voile ne revêt aucun caractère radical. Au contraire,
il est un signe de fierté et un symbole de tolérance. Et le berceau
de l'humanité en tire le meilleur parti, en toute légitimité. Il suffit
de voir comment chrétiens et musulmans se côtoient harmonieusement dans
les établissements publics pour s'en convaincre. Et il est judicieux
de constater que la plupart des pays africains sont au-dessus de la
mêlée, au nom bien sûr du caractère laïc de l'Etat."
Et d'ajouter : " A l'évidence, la France gagnerait à aller à l'école
de l'Afrique. Elle en sortirait fortifiée et ferait davantage preuve
de cohésion nationale. Certes, sur ce plan, les Etats africains ne sont
pas blancs comme neige. Dans certains pays, notamment le Nigeria, on
a souvent assisté à une fronde religieuse qui a conduit à des condamnations
par lapidation. Mais force est de reconnaitre que le casse-tête qui
défraie actuellement la chronique en France ne s'est jamais posé avec
autant d'acuité en Afrique." (source : allafrica)
Pour plus d'informations : Allafrica
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