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19.12.03 - Pérou : Sur les chemins de la réconciliation.

Des chemins de réconciliation ont été indiqués par Mgr Bambaren, dans un pays qui a connu plus de 4600 fosses communes et environ 70.000 morts en vingt ans de terrorisme politique.

Des années de terreur, dûes aux attaques aveugles de Sendero Luminoso, le "Sentier lumineux" et de Tupac Amaru, deux mouvements d'idéologie marxiste. mais aussi de répression aveugle, et des fautes commises par le pouvoir politique et par l'armée. Le tout est documenté dans le rapport de 6500 pages de la "Commission Vérité", dont a fait parti Mgr Luis Bambaren, jésuite, évêque de Chimbote. Pendant plusieurs années, il fut président de la Conférence épiscopale, et l'un des prélats qui ont le plus lutté en faveur de la justice sociale.

Lors d'une longue interview accordée à la revue "Popoli" (Peuples), mensuel missionnaire des Jésuites italiens, Mgr Bambaren parcourt ces années de la terreur, mais il souligne que le Pérou d'aujourd'hui est meilleur par rapport à ce qu'il était il y a vingt ans. "Au total - dit Mgr Bambaren - on calcule qu'il y a au moins 69.000 morts et disparus. On ne saura jamais quel est leur nombre exact, mais il ne fait aucun doute que la Commission pour la Vérité et la Réconciliation a découvert beaucoup plus de victimes que celles auxquelles on s'attendait. Quand elle a commencé son travail, on parlait plus ou moins de 200 ou 300 fosses communes, mais à la fin on en compté 4643. Une autre 'surprise' très grave a été la découverte de fosses communes dans le quartier général de l'armée, à Ayacucho".

Quant au travail concret pour la réconciliation, accompli dans son diocèse, Mgr Bambaren souligne que "l'idée de fond est que le terrorisme ne peut pas être combattu par les armes. Il y a une idéologie, or il s'agit de faire obstacle à l'idéologie par un message alternatif. Je me souviens, par exemple, que durant la période de deux ans 1985-1986 j'ai visité toutes les écoles du diocèse pour y porter le message de l'Evangile: la valeur de la vie, la dignité de la personne, le refus de la violence. Et je demandais toujours aux jeunes de prendre au sérieux leur engagement envers le Christ et le Pérou, d'être des artisans de paix et des défenseurs de la vie."

..." En guise de symbole, ils construisirent une croix de la paix sur la montagne la plus haute de Chimbote. Se passant les matériaux de main en main, vu qu'il n'y avait pas d'autre moyen, 27.000 jeunes participèrent à la construction d'une croix de 25 mètres de haut, un symbole d'engagement contre la violence."

..." Un autre parcours de réconciliation a été suivi, par exemple, dan le monde du travail. On y a introduit la méthode de concertation entre entrepreneurs et syndicats, et ce n'est pas par hasard que la dernière grève à Chimbote date du mois de juillet 1985, contrairement à ce qui se passe actuellement dans le reste du Pérou. En général, nous n'avons fait qu'appliquer la doctrine sociale de l'Eglise. Et c'est pour toutes ces raisons que le "Sentier lumineux" a pris pour cible l'Eglise, surtout à Chimbote". (source : vid)

Pour plus d'informations : Agence VID

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