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19.12.03 - Les grands oubliés de la paix.

Le responsable de l'agence missionnaire Misna lance un cri d'appel pour rappeler que la violence est plus forte en Afrique qu'en Irak, mais on préfère l'oublier pour des intérêts économiques.

"Malgré les discours de la Maison blanche, la capture de Saddam Hussein n'est pas encore parvenue, du moins pour le moment, à contenir la terrible spirale de violence qui afflige l'Irak. Depuis la "fin de la guerre" décrétée à la hâte, 321 militaires américains ont été tués (après les 138 tombés "pendant" la guerre) et plus de 2.200 blessés. On constate clairement que la loi de la force, placée au devant de la force du droit, n'a jusqu'à présent causé que des désastres.

"Tandis que le président George W. Bush se réjouit de la capture de son ennemi juré, le monde pullule d'âmes perverses qui sèment la mort et la destruction. Pas seulement entre le Tigre et l'Euphrate mais dans de nombreuses périphéries du monde. Il suffit de penser à des personnages du calibre de Joseph Kony, leader de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) qui tue du matin au soir dans le nord de l'Ouganda, dans l'indifférence de la communauté internationale, Washington en tête.

" Et quand on pense que George W. Bush s'est rendu dans la région africaine il y a quelques mois et qu'il s'est bien gardé de réprimander le président ougandais Yoweri Museveni qui, pour intérêts personnels, n'a jamais assuré la sécurité des civils dans cette région de son pays. Que dire du féroce Teodoro Obiang Nguema, ami d'un certain nombre de démocraties occidentales, qui en décembre 2002, pour la énième fois, s'est fait réélire au son de fraudes à la tête de la Guinée Equatoriale.

" Non seulement M. Nguema a fait assassiner tous les dissidents sur son passage, mais il a fait perdre la tête, par d'étranges machineries vodou à quiconque écrivait contre son régime. Pour citer un exemple, une journaliste espagnole a été contrainte à rentrer dans son pays en fauteuil roulant, sous l'effet de mystérieuses substances hallucinogènes, seulement parce qu'elle recueillait des témoignages heurtant le dictateur et ses fidèles.

" Quand la vérité est bafouée par des intérêts économiques ou géopolitiques, elle cesse d'être vérité et devient inexorablement mensonge, créé pour cacher les injustices et exactions. C'est pourquoi on ressent aujourd'hui un besoin de plus en plus grand d'information libre, rangée du côté de la société civile que certains tentent de suffoquer. La répulsion devient immédiate lorsqu'on lit certains journaux qui ne donnent place qu'au patron.

" La MISNA, en tant qu'agence de presse missionnaire, ne peut garder le silence, laissant l'Evangile en sacristie pour satisfaire le plaisir de certains messieurs qui voudraient une Eglise silencieuse, désincarnée de l'histoire des peuples. "Remota itaque iustitia, quid sunt regna nisi magna latrocinia?" (Sans justice, que seraient les règnes, sinon des bandes de voleurs?) se demandait Saint Augustin dans la célèbre "De civitate dei".

"Un principe sacro-saint que chaque homme, croyant et non croyant, est appelé à défendre, qu'il soit laïc, religieux ou missionnaire. Au fond, l'actualité du sud du monde ne fait que confirmer combien l'évêque algérien avait raison. Alors, Augustin faisait-il de la politique? Certainement oui…et dire qu'il n'était ni catho-communiste ni catho-américain!

Père Giulio Albanese

Pour plus d'informations : Agence Misna

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