17.12.03
- Suisse : Le génocide arménien.
Le Conseil National suisse, la Chambre du peuple du Parlement suisse,
a approuvé avec 107 voix pour, 67 contre et 11 abstentions mardi 15
décembre la reconnaissance du génocide arménien de 1915 contre
l'avis du gouvernement.
Le Canton de Genève a reconnu le génocide arménien en décembre 2001
; le canton de Vaud en septembre 2003. Ankara a aussitôt dénoncé ce
vote indiquant que "la Suisse porterait la responsabilité des conséquences
négatives" ajoutant "il est inacceptable de présenter unilatéralement
comme un génocide (...) ces événements survenus dans les conditions
très particulières de la Première Guerre mondiale et qui ont causé de
grandes souffrances à la fois chez les Turcs et les Arméniens".
L'acception d'un tel postulat - déjà rejeté de justesse par le Conseil
national en 2001 -, risque de faire remonter d'un cran la tension entre
Ankara et Berne. Elle était déjà vive cet automne après la reconnaissance
du génocide arménien par le parlement du canton de Vaud et d'autres
"incidents diplomatiques" concernant la question kurde.
Alors que le gouvernement turc refuse toujours catégoriquement de reconnaître
sa responsabilité historique dans la "campagne d'anéantissement systématique"
des Arméniens, les trois Eglises nationales suisses se sont engagées
elles aussi pour la reconnaissance du génocide de 1915. Le pasteur Thomas
Wipf, président de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse
(FEPS), Mgr Amédée Grab, président de la Conférence des évêques suisses
(CES), et Mgr Fritz-René Müller, évêque de l'Eglise catholique-chrétienne
de Suisse, s'étaient déclarés favorables à l'adoption d'un tel postulat
par le parlement helvétique durant la session d'hiver.
Les trois Eglises nationales estiment que la reconnaissance du génocide
arménien - , tout comme l'a fait le Parlement français, est "un signal
politique constructif, de même qu'un appel à la réconciliation et au
dialogue". C'est aussi un message d'espoir pour tous les Arméniens,
soulignent-elles. Dans leur mémorandum commun, les trois Eglises nationales
rappellent que le massacre en 1915 d'environ un million de chrétiens
arméniens au début du siècle dernier est "l'un des chapitres les plus
sombres de l'histoire de la Turquie".
Le Conseil œcuménique des Eglises a été l'une des premières organisations
internationales à se solidariser - par delà les différences confessionnelles
- avec le peuple arménien et à prendre explicitement position sur cette
question. Les Eglises catholique et apostolique arménienne se sont elles
aussi exprimées sans ambiguïté sur cette question.
Entre 1915 et 1918, la campagne d'anéantissement systématique menée
par le régime des "Jeunes Turcs" a fait selon les sources entre 800'000
et 1'500'000 morts, peut-on lire dans le mémorandum des Eglises. Les
gouvernements successifs de la République de Turquie ont quant à eux
toujours refusé de reconnaître que le génocide des Arméniens était un
fait historiquement avéré. Dans leur communiqué du 8 décembre, les Eglises
rappellent que les Arméniens ne furent pas les seuls chrétiens persécutés
par le régime des "Jeunes-Turcs".
Un demi million environ d'Assyriens chrétiens et de chrétiens de langue
araméenne, dont quelque 100.000 membres de l'Eglise syrienne-orthodoxe,
auraient été massacrés ou expulsés, selon certains chiffres fournis
par ces communautés. Parmi les Grecs d'Asie mineure (Ionie, Cappadoce,
Pont) et de Thrace de l'Est, au moins 750.000 auraient péri entre 1912
et 1922, à la suite de massacres, d'expulsions et de marches meurtrières.
Après le génocide, de nombreux Arméniens ont fui vers la Suisse et vers
la France où ils y furent accueillis à bras ouverts. (source
: apic)
Pour plus d'informations : Agence
APIC
Retour
|