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09.12.03 - France : Nos inquiétudes et notre réflexion.

Par une lettre publiée le lundi 8 décembre 2003, les trois co-présidents du Conseil d'Églises chrétiennes en France (CECEF), se sont adressés au Président de la République française, M. Jacques Chirac, au sujet de la laïcité.

Le Pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France, Mgr Emmanuel, président de l'Assemblée des évêques orthodoxes de France et Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France, lui ont exposé leur vision commune de la laïcité. Nous en donnons ici quelques extraits.

..." Dans le débat national sur la laïcité, les Églises catholique, orthodoxes et protestantes, réunies dans le Conseil d'Églises chrétiennes en France ont souhaité vous faire part de leur inquiétude et de leur réflexion. Ce débat, en effet, a pris des accents qui ressemblent parfois à ceux d'une époque que l'on pouvait penser révolue, celle d'une laïcité de " combat ", alors même que nos Eglises pouvaient se réjouir depuis quelques décennies d'une laïcité " apaisée ". Celle-ci permettait d'aborder sereinement les questions nouvelles posées par l'inscription de l'Islam dans la société française, le Conseil Français du Culte Musulman, étant devenu le partenaire nécessaire pour rechercher des solutions à ces questions."

Sur une vision commune de la laïcité. "Celle-ci est énoncée par les deux premiers articles de la Loi du 9 décembre 1905 qui fondent la neutralité et l'indépendance de l'Etat. Celui-ci n'est soumis à l'emprise d'aucune conviction philosophique ou religieuse. Il n'est inféodé à aucune doctrine religieuse, pas plus qu'à l'athéisme ou à l'agnosticisme. Il assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes. Si, selon l'article 2 de la Loi de 1905, la République ne " reconnaît " juridiquement aucun culte, elle les connaît tous, leur assurant une grande liberté dans leur organisation. Elle prend en compte la dimension sociale de ces cultes et veille à leur bonne inscription dans la société française. Il en va du vivre ensemble de tous les Français."

..."Le nécessaire enseignement du fait religieux dans le cadre scolaire vient rappeler qu'on ne saurait le laisser à la porte de l'école mais que son enseignement peut contribuer à une meilleure connaissance des uns et des autres. C'est cela aussi la mission et l'ambition de l'école."

..."Sans doute est-il nécessaire de rappeler les règles pour vivre ensemble dans l'espace scolaire : respect de l'ordre public, refus de l'affrontement et de la propagande, participation aux activités scolaires et sportives. Plus largement, l'établissement d'un code de la laïcité qui rassemblerait et ferait connaître toutes les réglementations actuellement en cours pourrait utilement repréciser les choses. Mais faut-il légiférer pour interdire dans l'espace scolaire le port du voile islamique, et plus largement celui de tout signe religieux visible ?"

..." Toute loi qui serait sentie comme discriminante par un certain nombre de français risquerait d'avoir à court terme des conséquences plus néfastes que les bienfaits escomptés. Refuser l'exclusion au profit de la médiation et du dialogue, récuser les amalgames assimilant tout port d'un signe religieux à un trouble de l'ordre public, redire ce qui fonde la laïcité, en faire une règle du vivre ensemble et non un principe de négation du religieux, voilà qui mérite temps et pédagogie, voilà qui prépare l'avenir avec réalisme." (source : cecef)

Pour plus d'informations : Conférence des évêques de France

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