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du 2 au 5 janvier 2009 (semaine 01)
 

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2009-01-05 -
L'AMÈRE VÉRITÉ DE LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Un livre du P. Pierbattista Pizzaballa, Custode de la Terre Sainte, qui vient d'être publié, éclaire le concept de "caractère provisoire" d’Israël et son influence dans l’Eglise catholique, dont la politique vis-à-vis d’Israël semble avoir peu ou pas changé.

Nommé en 2004, le père Pizzaballa est, avec le nonce et le patriarche latin de Jérusalem, l’un des représentants les plus qualifiés de l’Eglise catholique en Israël et aussi celui qui s’exprime avec le plus de liberté.

Ayant indiqué que les chrétiens de Terre Sainte, presque tous palestiniens, ne sont aujourd’hui que 1% de la population, le père Pizzaballa rappelle que "les chrétiens ont été, jusqu’à il y a encore quelques décennies, des protagonistes des luttes arabes pour l’indépendance" en Palestine, au Liban, en Syrie. Aujourd’hui ils comptent "pour rien, politiquement, dans le conflit israélo-palestinien" où les composantes islamistes pèsent beaucoup plus. Mais ces chrétiens ont conservé le "refus d’accepter Israël" qui perdure dans une large part du monde arabe.

Une preuve de ce refus, ajoute Pizzaballa, a été l'opposition aux accords fondamentaux et à l’échange de représentants diplomatiques décidés en 1993 par le Saint Siège et l’État d'Israël:

"Accepter le virage n’a pas été facile pour l’Eglise locale. Le monde chrétien de Terre Sainte étant surtout arabo-palestinien, l’accord n’était pas acquis d’avance, ce qui rend le geste du Saint-Siège encore plus courageux. Je me souviens très bien des problèmes qui se sont présentés, des peurs, des commentaires qui n’étaient pas du tout enthousiastes. Cela ressemblait presque à une trahison des thèses palestiniennes parce que, pour le côté palestinien, l’histoire d’Israël a toujours été vue comme la négation de ses thèses".

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"En février 2000, le Saint-Siège a aussi conclu un accord avec l'Autorité Palestinienne, ce qui a un peu calmé cette peur". Mais il est resté une idée de fond : "Quand on dit que, si Israël n’existait pas, il n’y aurait pas tous ces problèmes, cela donne presque l’impression qu’Israël est la source de tous les maux du Moyen-Orient. Je ne crois pas qu’il en soit ainsi. Mais le fait est, en tout cas, qu’Israël n’a pas encore été accepté par la très grande majorité des pays arabes".

... " Si Israël n’existait pas ou, en tout cas, s’il n’agissait pas comme il le fait, écrit le P. Pizzaballa... "Il faut se rappeler que de telles idées existent non seulement chez les chrétiens arabes, mais aussi chez des représentants connus de l’Eglise catholique qui vivent hors de la Terre Sainte et à Rome." L’un d’eux, par exemple, est le jésuite Samir Khalil Samir, égyptien de naissance, islamologue des plus écoutés au Vatican, qui a écrit, il y a deux ans, dans un "décalogue" pour la paix au Moyen-Orient : "Pour remédier à une grave injustice commise en Europe contre un tiers de la population juive mondiale, l’Europe elle-même, appuyée par les autres nations les plus puissantes, a décidé et commis une nouvelle injustice contre la population palestinienne, innocente du martyre des juifs".

Cela dit, le père Samir affirme en tout cas que l'existence d’Israël est aujourd’hui un fait indéniable, indépendamment de son péché originel. C’est aussi la position officielle du Saint Siège, depuis longtemps favorable à ce qu’il y ait deux états, israélien et palestinien. Mais, sous l'acceptation d’Israël, il reste au Vatican une autre réserve. Pas sur l'existence de l’État, mais sur ses actes."

(Pour l'ensemble de l'information : Chiesa)

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