Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 17 au 19 janvier 2009 (semaine 03)
 

-
2009-01-19 - Bénin
A PROPOS DE LA FÊTE DU VAUDOU

Le faste et l'engouement international qu'a suscités la fête du vaudou cette année montrent bien qu'il y a eu du côté du pouvoir comme des religions, un consensus, pour qu'aucun acte d'intolérance ne vienne gâcher un événement de dimension spirituelle.

Les chefs du vaudou ont d'ailleurs compris l'enjeu de cette fête qui ne devrait plus être seulement la fête d'une communauté fermée sur elle-même mais une réalité spirituelle et culturelle nationale qui mérite le même intérêt et les mêmes droits que les religions importées chrétiennes ou musulmanes.

Dah Aligbonon a essayé à sa manière de déblayer le terrain des obstacles dogmatiques qui séparent les vaudouistes -considérés comme des polythéistes- des chrétiens et musulmans monothéistes mais il lui aurait fallu le recours d'ethnologues et de théologiens avisés pour faire passer le message d'unicité du Créateur pour toutes les religions au-delà de la vision cosmogonique et paganiste qui opposent les vaudouistes à leurs frères musulmans ou chrétiens.

Toutefois, les chefs des cultes traditionnels qui sont aussi gardiens de la culture originelle, ont réussi à faire passer le message de leur souhait d'être mieux valorisés et mieux considérés comme les tenants de la tradition qui sommeille encore dans beaucoup d'âmes béninoises et qui fait que dans leur for intérieur, leurs compatriotes ont souvent une vie pourfendue entre les exigences traditionnelles pratiquées en cachette ou dans l'intimité familiale ou à travers des pratiques superstitieuses encore vivaces et les obligations de leur nouvelle religion importée par le prosélytisme qui a accompagné la colonisation.

Les Béninois célèbrent en effet chaque année dans le mois de Janvier , cette année le 10 janvier, la "fête du vaudou" au cours d'une grande cérémonie annuelle organisée à Ouidah (sud) qui attire des milliers de leurs voisins ouest-africains mais aussi des adeptes venus du Brésil, d'Haïti, de Cuba ou des Etats-Unis, où le vaudou importé par les esclaves reste encore vivace.

Apparu dès la fin du XVIème siècle dans la ville de Tado, sur les rives du fleuve Mono qui sépare le Bénin du Togo, le vaudou est pratiqué par au moins 62% de la population (6,7 millions au total), essentiellement dans le sud du pays, selon les dernières statistiques officielles du Bénin.

Qu'ils soient Fons chrétiens ou Yorubas musulmans, les fidèles continuent toutefois pour la plupart de célébrer en parallèle le culte des "vodouns" ("esprits" en langue fon, l'une des principales ethnies du sud). Ils sont symbolisés dans les temples ou les maisons familiales par les "lègbas": de petits monticules de terre ou de glaise auxquels sont faites des offrandes, le plus souvent sous forme d'alcool ou de sang d'un petit animal sacrifiés.

On recense jusqu'à 200 divinités, qui représentent essentiellement les éléments naturels (le fer, la mer) et les animaux (pythons, chauves-souris) ou encore les maladies, la guerre ou la virilité. Soucieux de protéger ces cultes, les députés béninois ont adopté en août 1998 une loi instituant le 10 janvier "journée nationale des religions traditionnelles".

Ce jour férié au Bénin est également l'occasion pour nombre de leurs voisins togolais, nigérians ou ghanéens qui révèrent les "vodouns" de se rendre à Ouidah, à une quarantaine de km à l'ouest de Cotonou, pour une grande cérémonie traditionnelle organisée par Daagbo Hounon Houna, un des principaux dignitaires du culte vaudou.

Danses au son des tambours rituels, invocations par les grands-prêtres de leurs esprits tutélaires avec transes à la clef... Des milliers d'adeptes se pressent chaque année sur la plage de Ouidah, autour de la "porte du non retour" où des centaines de milliers d'Africains ont été déportés comme esclaves vers les îles des Caraïbes ou le continent américain au cours des siècles passés.

La religion traditionnelle vaincue, officiellement, est restée dans les coeurs et dans les familles, sous forme de pensées mais aussi de pratiques quotidiennes, dans l'attitude comme dans le comportement des hommes. Elle se maintient et même se développe pour mieux coller aux exigences sociales actuelles.

On le voit non seulement au Bénin mais aussi au Brésil, où les "vaudouistes" se mirent donc à mélanger leurs divinités, les "orixas", et les saints catholiques, donnant naissance au syncrétisme religieux. Aujourd'hui, un peu plus de cent ans après l'abolition de l'esclavage, 45,33% de la population brésilienne est noire ou métisse et on estime à 73.000 le nombre de "terreiros" (lieux de culte du Candomblé) dans tout le Brésil.

Au Bénin, leur force viendra aussi de sa capacité à être fréquentable par le maximum des Béninois, suivant leur croyance, à endiguer par la pratique, les images de maléfique, de la méchanceté, de la négativité et de l'immobilisme qu'on lui prête. Cependant, tout progrès vers le dialogue ne saurait se faire sans un modus vivendi fondé sur une grande tolérance, le respect mutuel des croyances et de l'évolution des moeurs et des cultures de chacun dans un esprit de construction d'une nation pluraliste à tous les points de vue. (source : Allafrica)


Retour aux dépèches