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du 17 au 19 janvier 2009 (semaine 03)
 

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2009-01-19 -
ILS NE SUIVENT PAS TOUS LEUR COLLÈGUE DE VENISE

La conférence des évêques d’Italie, la CEI, a réagi à la déclaration du Grand rabbin de Venise Elia Enrico Richetti, qui avait écrit que, avec Benoît XVI, "on va vers l’annulation des cinquante dernières années de l’histoire de l’Eglise".

La CEI a maintenu la journée de réflexion judéo-chrétienne – placée significativement à la veille de la semaine annuelle de l'unité des chrétiens – et a publié à cette l'occasion un document qui résume les étapes du dialogue entre juifs et chrétiens pendant le dernier demi-siècle, à partir de la suppression, décidée par le pape Jean XXIII en 1959, de l'adjectif latin "perfidi" (dont le sens propre est "incrédules") appliqué aux juifs dans la prière du Vendredi Saint en vigueur à l'époque.

Car il y a aussi de sensibles divergences de vues du côté juif.

Le document souligne l'importance d’un texte du Vatican publié en 2001 par celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger sous le titre "Le peuple juif et ses Saintes Ecritures dans la Bible chrétienne".

Des représentants qualifiés du catholicisme et du judaïsme voient en effet dans ce texte le point le plus haut et le plus constructif qu’ait atteint jusqu’à présent le dialogue entre les deux croyances, avec le livre "Jésus de Nazareth" publié en 2007 par le même Ratzinger, devenu pape entre temps, dans les pages consacrées à la divinité de Jésus: question théologique capitale pour les juifs d’alors et ceux d’aujourd’hui, qu’ils croient ou non au Christ.


Certains interprètent autrement les réserves de Benoît XVI sur le dialogue interreligieux. Ils estiment en effet que quand le pape exclut "un dialogue interreligieux au sens strict du mot", il ne se réfère pas au judaïsme mais seulement aux religions extérieures à l’ensemble judéo-chrétien, c’est-à-dire l’islam, l’hindouisme, le bouddhisme, etc. En effet, demandent-ils, "que sont le document de 2001 et le livre 'Jésus de Nazareth' sinon une confrontation sur le terrain proprement théologique avec la seule religion avec laquelle le christianisme puisse le faire?".

Avec Guido Guastalla, assesseur à la culture de la communauté juive de Livourne, Israel a aussi contesté publiquement, dans le "Corriere della Sera" du 26 novembre, la décision de Laras et de l'assemblée des rabbins de ne pas s’associer à la journée de réflexion judéo-chrétienne du 17 janvier.

Du côté catholique, tout le monde n’accepte pas la voie tracée par Ratzinger pour le dialogue avec le judaïsme. On lui oppose la "théologie du remplacement", dans ses versions "de gauche", pro-palestiniennes, ou dans celles "de droite", traditionnalistes. Selon cette théologie, l'alliance avec Israël a été abrogée par Dieu et seule l’Eglise est le nouveau peuple élu. Chez certains, cette vision va jusqu’à un rejet de fond de l'Ancien Testament.

Déjà en
novembre dernier, quand Benoît XVI a suscité l’émotion en affirmant qu’"un dialogue interreligieux au sens strict du mot n’est pas possible, mais que le dialogue interculturel est d’autant plus urgent", le grand rabbin de Rome Riccardo Di Segni (photo), a surpris en se disant d'accord avec le pape.

Et il a ajouté que la décision de l'assemblée des rabbins italiens de suspendre l'adhésion à la journée de réflexion judéo-chrétienne du 17 janvier allait, elle aussi, dans cette direction: "supprimer l'équivoque selon laquelle juifs et chrétiens doivent aussi dialoguer sur le plan théologique". Par rapport à son prédécesseur Elio Toaff – célèbre pour avoir embrassé Jean-Paul II à la synagogue – Di Segni a inauguré une façon de diriger le rabbinat italien moins laïque et plus identitaire, plus respectueuse des rites et préceptes, et donc plus conflictuelle vis-à-vis de la papauté du point de vue religieux. (Information : CEI)

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