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La levée de l'excommunication des évêques de la FSSPX
 

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2009-01-28 -
FSSPX
LE COMMENTAIRE D'ISABELLE DE GAULMYN

C'est, sans aucun doute, dans le quotidien catholique "La Croix" que l'on peut suivre le mieux et dans le temps même de l'actualité, la vie quotidienne de l'Église à travers le monde. Nous vous invitons à vous y reporter, ne serait-ce que pour lire l'intégralité de l'aricle d'Isabelle de Gaulmyn, l'envoyée spéciale et permanente de "La Croix" à Rome.

Lors de l’audience du mercredi 28 janvier, écrit-elle, Benoît XVI a précisé que le retour des lefebvristes ne pourra se faire contre Vatican II, dénonçant vivement tout discours négationniste.

Le pape devait parler. Devant la violence des réactions suscitées par la levée de l’excommunication des évêques intégristes, et les propos de l’un d’eux niant la Shoah, c’était devenu inévitable. Benoît XVI s’est donc exprimé, lors de l’audience générale hebdomadaire. Il l’a fait sur les deux points, mais en les distinguant soigneusement :

d’abord, il a précisé que la levée de l’excommunication pour les évê ques de la Fraternité Saint-Pie X (FSSPX) ne signifiait pas de soi le retour à la pleine communion du mouvement intégriste, et qu’elle ne pouvait se faire que dans le res­pect de l’enseignement du Concile.

Ensuite, il a rejeté fermement tout propos négationniste à l’encontre de la Shoah, exprimant une solidarité «pleine et indiscutable» avec «nos frères destinataires de la Première Alliance » , c’est-à-dire le peuple juif.

Autre front préoccupant pour Benoît XVI, en interne cette fois, de la part des catholiques eux-mêmes. L’ampleur de l’émotion au sein de l’Église, exprimée par les évêques et relayée dans les médias en Allemagne, Suisse et France, a surpris Rome. Elle avait été sous-estimée ici, où l’on n’a pas l’habitude de voir les évêques prendre leurs distances aussi explicitement.

De ce point de vue, les propos négationnistes de Mgr Williamson n’ont fait qu’augmenter les craintes catholiques de voir renier les ensei gnements de Vatican II, dont l’une des grandes nouveautés constitue justement dans les nouveaux rapports créés avec le peuple juif. Or, le terme «Vatican II» ne figurait pas dans le décret de levée des excommunications, pas plus que dans l’explication officielle donnée en complément samedi par le Saint Siège, alors que c’est le nœud de la crise, la vraie cause de la séparation des lefebvristes.

Que la Fraternité intégriste, dans un communiqué au ton polémique, continue à faire part de ses « réserves » quant au dernier concile, n’était pas pour rassurer. Là encore, les propos du pape hier sont clairs. Il a fixé le cadre : un « service de l’unité » auquel il s’est engagé, a-t-il rappelé, dès le début de son pontificat. Les intégristes ne peuvent remettre en cause ni l’autorité ni du pape, ni celle du Concile, mises donc au même niveau.

Voilà qui devrait enfin rassurer au Vatican même. Car – et c’est le troisième front –, depuis quelques jours, des voix de plus en plus fortes se faisaient entendre au sein de la Curie pour critiquer la méthode choisie dans cette affaire par le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la Commission pontificale Ecclesia Dei. On lui reproche d’avoir agi de manière isolée, sans consulter ni les épiscopats locaux, ni les dicastères romains : même la Congrégation des évêques, émettrice officielle du décret, aurait été mise devant le fait accompli.

On critique le flou qui entoure désormais le statut juridique des quatre évêques lefebvristes : sont-ils évêques de l’Église en pleine communion, ou doivent-ils encore effectuer un chemin avant de pouvoir se considérer comme tels ?

La partie est particulièrement complexe, car il faut tenir compte de divisions entre les intégristes eux-mêmes: si l’un des quatre évêques faisait sécession – et ce risque avec Mgr Williamson est réel –, le fragile édifice bascule, car il aurait derrière lui une partie des prêtres peu disposée à rentrer dans l’Église catholique.

Par son intervention lors de l'audience, le pape a donc rappelé la ligne jaune que l’on ne pouvait décidément pas franchir. (Isabelle de Gaulmyn- La Croix)

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