Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 1 au 4 février 2009 (semaine 05)
 

-
2009-02-04 - Turquie
MENACES SUR LE MONASTÈRE SYRIAQUE DE SAINT GABRIEL

La communauté syriaque-orthodoxe dans divers pays européens se mobilise pour faire face aux menaces de groupes radicaux
musulmans qui pèsent sur le monastère syriaque-orthodoxe de Mor Gabriel (Saint Gabriel), dans le sud-est de la Turquie.

Ce monastère, dont l’implantation remonte à 1600 ans, est le centre spirituel et culturel des syro-orthodoxes de Haute Mésopotamie. Fondé en 397, le monastère situé près de la ville de Midyat est aujourd’hui le siège de l’évêché du Tur Abdin et c’est l’un des plus importants centres de l’Eglise syriaque (appelée aussi jacobite), qui utilise le suroyo, une langue araméenne, comme langue liturgique. C'est là que vivent l'évêque, Mgr Timotheus Samuel Aktas, avec trois moines, 14 sœurs et 35
élèves qui vivent et étudient dans ce lieu hautement symbolique.

Au cours du VIème siècle, à l’âge d’or du mouvement monastique, les Syriaques affirment que plus de 1000 moines vécurent dans ce monastère et que quatre patriarches, un "Maphryono" (catholicos) et 84 évêques sont issus de son école théologique.

Des leaders religieux musulmans de la région accusent le monastère de Mor Gabriel de faire du prosélytisme, d'autant qu'il convoitent ses terres agricoles, qui risquent d’être confisquées.

Les défenseurs du monastère, qui organisent la résistance dans ce coin du Kurdistan proche de la Syrie, rappellent que dans les années 1960, quelque 30.000 Syriaques vivaient dans la région du Tur Abdin, dont la signification est "la montagne des serviteurs de Dieu". Aujourd'hui, ils ne sont plus que 3.000 à vivre sur place. Ces chrétiens oubliés espèrent que l'Union européenne, qui défend les minorités, fera pression sur le gouvernement turc.

L'avenir du monastère et de la petite minorité chrétienne restée sur place est menacé par toute une série de procès intentés contre les moines et la prestigieuse institution religieuse. En août 2008, les chefs de trois villages musulmans proches du couvent ont dénoncé la communauté, accusée de "prosélytisme", qui accueillerait des élèves dans son école "pour leur transmettre la foi chrétienne et la langue araméenne".

Cette grave accusation n'a pas encore été reçue par la Cour de justice turque. Toutefois, en seconde instance, les chefs de village revendiquent l'expropriation du terrain du couvent. Ils veulent que les terres de Mor Gabriel soient divisées entre les villages et que soit détruit un mur construit dans les années 90, quand le couvent se trouvait dans une zone de combats entre l'armée turque et les militants kurdes du PKK.

Depuis longtemps, en raison des intimidations en provenance des villages environnants, moines et religieuses n'osent plus
franchir les murs du couvent.


A partir du milieu des années 1980, l’émigration est devenue un véritable exode. Emigration économique puis insécurité due aux combats entre armée et PKK, les populations chrétiennes du Tur Abdin fuient la région qui est le théâtre de durs combats entre le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) et l’armée turque. Comme les Syriaques refusent de faire allégeance à l'un ou
l'autre groupe, ils sont forcés à chercher leur salut dans la fuite à l’étranger.

Alors que les minorités arméniennes et grecques survivent plus ou moins bien en Turquie, protégées par un statut de minorité reconnu par le Traité de Lausanne de 1923, les Syriaques jacobites n'ont pas ces protections.


Malgré des avancées significatives ces dernières années, il n'en demeure pas moins que la liberté religieuse n'est toujours pas pleinement garantie en Turquie. Il ne fait pas de doute que la violation des libertés religieuses reste un obstacle majeur au processus d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.

La question de la liberté religieuse et des droits de l'homme des minorités non musulmanes devrait être à l'ordre du jour des discussions entre le gouvernement turc et l'UE.

Chaque année, plus de 10'000 touristes et pèlerins, dont de nombreux chrétiens syriaques de Turquie vivant en diaspora en Allemagne, en France, en Suisse et en Suède, visitent le monastère et ses environs. (source : Asianews et Apic)

Retour aux dépèches