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du 11 au 14 février 2009 (semaine 07)
 

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2009-02-14 - Zimbabwe
LES CATHOLIQUES LÂCHENT LE PRÉSIDENT MUGABE


Il y a encore deux ans, Mgr Buti Tlhagale, archevêque de Johannesburg, espérait « un miracle ». Aujourd’hui, le président de la Conférence des évêques d’Afrique australe, il se montre plus direct et demande la démission de Robert Mugabe.

Pour le Sud-Africain comme pour les autres évêques de la Conférence épiscopale d’Afrique australe réunis fin janvier à Pretoria, ce dernier, ainsi que son entourage, restent « illégitimement agrippés au pouvoir ». Les prélats demandent donc à la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), qui, depuis des années, poursuit une médiation pas vraiment couronnée de succès, de « cesser de soutenir et de donner crédibilité au régime de Mugabe ».

Depuis plusieurs mois, d'ailleurs, Mgr Tlhagale critique la « diplomatie discrète » de Thabo Mbeki, médiateur officiel dans la crise zimbabwéenne.
Les évêques se prononcent pour « la formation d’un gouvernement de coalition » et « la préparation dans les plus brefs délais d’une élection présidentielle sous supervision internationale ».

Lui-même catholique, Mugabe a longtemps bénéficié sinon du soutien, du moins du mutisme de la hiérarchie ecclésiastique zimbabwéenne. Le seul à avoir osé dénoncer les actes de torture et autres abus de pouvoir est l’archevêque de Bulawayo, Mgr Pius Ncube. Victime d’une cabale concernant une hypothétique liaison avec une employée de l’archevêché, ce dernier a dû quitter son poste en septembre 2007. Pour cela, le Vatican lui avait demandé de ne plus s’exprimer publiquement.

Au moment même où les évêques se réunissaient, la SADC a demandé à Morgan Tsvangirai, à l’issue d’un énième sommet sur le Zimbabwe, d’accepter le poste de Premier ministre. Et à son parti de partager avec le camp Mugabe le très disputé ministère de l’Intérieur. La proposition a visiblement divisé le Mouvement pour le changement démocratique, le parti de Tsvangirai.

C'est ainsi que le leader de l'opposition devient mercredi Premier ministre de son rival de toujours, avec lequel il va devoir reconstruire un pays en ruine.

"La prestation de serment de Tsvangirai symbolise l'aube d'une nouvelle ère" pour le Zimbabwe, souligne Daniel Makina, de l'Université d'Afrique du Sud. "Mais de là à savoir si le gouvernement d'union va réussir."

Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a dénoncé un "désastre national" dans l'éducation, avec 94% des écoles fermées dans les zones rurales. Les enseignants ont fui les violences déchaînées par le régime après sa défaite aux élections générales du 29 mars 2008. Pour Oxfam, la priorité va à "la crise humanitaire".

Plus de la moitié des Zimbabwéens sont menacés de famine et le délabrement des infrastructures sanitaires a généré une épidémie de choléra dont 3.400 personnes sont mortes en cinq mois.
Et Amnesty International réclame la libération immédiate d'une trentaine de militants de l'opposition.

La production est au point mort. L'un des hommes clés du gouvernement, qui devrait entrer en fonction vendredi, est le secrétaire général du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de M. Tsvangirai, Tendai Biti. Au ministère des Finances, il devra convaincre les donateurs internationaux de délivrer les milliards de dollars d'aide indispensables à la reconstruction. Mais "le doute persiste sur la réalité de son pouvoir", souligne M. Makina. (source : Allafrica)

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