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du 14 au 17 février 2009 (semaine 07)
 

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2009-02-17 -
L'ÉGLISE ET LA CRISE ACTUELLE DANS LES ANTILLES


Aux Antilles, plusieurs voix se sont élevées, ces dernières semaines, pour demander une « accalmie » aux collectifs qui mènent la grève générale depuis plus d’un mois en Guadeloupe et depuis plus de deux semaines en Martinique.

Mgr Michel Méranville, archevêque de Fort-de-France qui a rendu publique, au début du week-end du 15 février, une lettre pastorale en forme d’appel à la responsabilité, alors que l’évolution de la situation restait incertaine dans l’île en dépit d’un assouplissement sur la vie quotidienne.

Dès le début de cette crise, l'Église des Antilles est à l’écoute des mouvements sociaux contre la vie chère. Cette attention vient donc de se transformer en une déclaration solennelle en Martinique. En Guadeloupe, où le mouvement de grève a démarré plus tôt, un texte officiel de la commission Justice et Paix allant dans le même sens a été diffusé dès le 21 janvier – le diocèse ne disposant pas pour l’heure d’un évêque après la dé mission en décembre dernier de Mgr Ernest Cabo, atteint par la limite d’âge, et la désignation du P. Jean Hamot, administrateur diocésain.

La lettre pastorale de l’archevêque de Fort-de-France a été lue aux fidèles à l’issue des messes dans les paroisses. Mgr Méran ville en a fait état lui-même en la cathédrale Saint-Louis, à l’issue de la célébration du samedi 14 février. Dans ce texte, il constate "un profond malaise, beaucoup de souffrance et un grand désarroi... Cette protestation générale était prévisible , précise-t-il, tant l’augmentation du coût de la vie est insupportable. Toutes les couches de la société sont concernées par la spirale des prix et la cherté des produits de première nécessité... Les Martiniquais, unanimes, veulent que la situation change. La grève est leur cri de révolte et de détresse à la fois. Personne ne peut et ne doit rester sourd à cette clameur qui monte du peuple et qui attend une réponse urgente".

Une rencontre s'est tenue à Paris les 11 et 12 février 2009. Les évêques des DOM, y compris celui de la Réunion, ont abordé les conflits sociaux dans les départements et les élections européennes à venir.

Par le biais de leur message, ils veulent travailler à la formation des consciences politiques et sociales, inspirés et soutenus par l'Evangile et la doctrine sociale de l'Eglise.

En Guadeloupe, tous les prêtres du diocèse se sont réunis pour relire les événements récents. Une grille de lecture sera proposée en paroisse. "Redonner confiance aux personnes, en elles-mêmes et en l'avenir, pour préparer la société de demain ", tel est le rôle que peut jouer l'Eglise aujourd'hui selon Mgr Jean Hamot, administrateur diocésain.

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Tout ce qui peut faire croire à un relent de colonialisme ou de néocolonialisme doit être définitivement aboli, disent unanimes les responsables des diocèses. "La relecture de notre histoire, marquée par l'esclavage, et la conscience des progrès accomplis devraient aussi permettre de guérir les blessures de nos peuples. Il s'agit enfin de prendre en compte l'environnement régional de nos départements dans les Caraïbes, en Amérique du sud et dans l'Océan indien."

" Nos situations doivent être reconnues en contexte de mondialisation comme une chance qui nous place au premier rang dans les rapports de la France et de l'Union Européenne avec les pays qui nous entourent. Pour permettre un meilleur exercice du pouvoir, un changement de statut peut être un levier efficace. C'est pourquoi nous suivons avec attention le débat déjà engagé aux Antilles - Guyane sur les articles 72, 73 et 74 de la Constitution, au sujet d'une évolution institutionnelle.
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" Nous savons cependant qu'une évolution institutionnelle ne peut seule tout résoudre. Il lui faut reposer sur des valeurs communes, enracinées dans les traditions et les cultures de nos peuples, mais partiellement occultées aujourd'hui. A vrai dire, il s'est produit une rupture de transmission des valeurs fondamentales sans lesquelles aucune société ne peut tenir. Une identité régionale forte, ouverte sur le monde, est un gage de fierté et de réussite pour l'avenir."

" Le bonheur n'est pas dans l'amour de l'argent mais dans la solidarité humaine au sein des familles et entre les familles. L'éducation au respect mutuel, au partage des biens, à la justice, au respect de la nature sont essentiels. Pour nous chrétiens, tout cela puise sa source dans l'amour de Dieu offert à chacun et garant réel de l'amour mutuel et du respect de toute personne humaine." (source : CEF)

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