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2009-02-24 - Vietnam
UN GRAND TÉMOIN D'UNE ÉPOQUE TOURMENTÉE

Le 22 février, le cardinal Paul-Joseph Pham Dinh Tung, ancien archevêque de Hanoï et grand témoin de l'histoire tourmentée de la communauté catholique du Vietnam du Nord, vient de retourner à la Maison du Père, à l'âge de 90 ans.

« Sa vie est représentative de notre histoire », titrait l'an dernier une revue vietnamienne. Comme les prêtres et laïcs catholiques du Vietnam du Nord de sa génération, il a vécu la longue passion et la résurrection progressive de la communauté catholique dans la deuxième moitié du XXe siècle. Né dans une famille chrétienne depuis plusieurs générations, il est remarqué par un prêtre vietnamien qui le conduit à Hanoi pour y poursuivre sa formation. Il rentre en 1940 au grand séminaire Saint Sulpice de Hanoi.

En 1945, lorsqu'éclatent, au mois d'août, la révolution et les troubles qui s'ensuivent, il n'a pas encore terminé sa formation. Bientôt le grand séminaire est obligé de fermer ses portes. Vicaire à la paroisse de Hàm Long à Hanoi. Il y fonde le foyer de Bach Mai destiné à accueillir les migrants qui fuient la guerre sévissant aux alentours et viennent se réfugier à la capitale.

Un nouveau bouleversement historique se produit au Vietnam, en 1954 avec la division du pays en deux parties, séparées par le 17e parallèle. Le gouvernement communiste s'apprête à s'installer à Hanoi et un grand exode vide les diocèses du Nord d'une partie de leurs prêtres et de leurs fidèles. Il reste à Hanoi. En 1955, il prend la direction du petit séminaire Saint-Jean qui accueille encore, malgré l'époque, quelque 200 séminaristes provenant de tous les diocèses du Nord.

En 1960, il défend l'indépendance et l'autonomie de l'institution qu'il dirige et refuse d'accueillir les instructeurs envoyés par le gouvernement pour dispenser aux séminaristes un enseignement politique orienté. Il est alors obligé de mettre un terme à l'existence de cette maison de formation.

En 1963, le Saint-Siège le nomme évêque de Bac Ninh. Il est consacré à Hanoi le 15 août 1963. Le nouvel évêque a pris comme devise « Je crois à l'amour de Dieu ». Un immense travail l'attend dans son diocèse ravagé par la guerre, démuni de tout et souffrant des contrôles incessants et des persécutions des autorités locales.

En plus de ses charges d'archevêque de Hanoi, il assume aussi diverses fonctions au service de son diocèse et de l'Eglise du Vietnam : directeur du grand séminaire (1990-2003), administrateur apostolique du diocèse frontalier de Lang Son (1998-1999), président de la Conférence épiscopale du Vietnam (1995-2001).

Il a beaucoup œuvré pour faire exister et intensifier les relations entre le gouvernement vietnamien et le Saint-Siège, en vue du bien de l'Eglise qu'il défendait avec ferveur. C'est lui qui, le premier, a fait lire dans les églises de la capitale une protestation contre l'accaparement par l'Etat de l'ancienne Délégation apostolique.

Le Saint-Père a fait parvenir un télégramme de condoléances à Mgr.Joseph Ngô Quang Kiêt, Archevêque de Hanoî (Vietnam), à la suite du décès hier de son prédécesseur, le Cardinal Paul-Joseph Pham Dinh Tung (89 ans): "Je tiens à exprimer ma fervente union de prière avec tous les évêques du Vietnam, avec les fidèles du diocèse de Hanoî et de tout le pays, ainsi qu'avec la famille du défunt et tous ceux que ce deuil touche."

" Je demande au Père de toute miséricorde d'accueillir dans sa paix et dans sa lumière ce pasteur éminent qui, dans des circonstances difficiles, a servi l'Eglise avec grand courage et en fidélité au siège de Pierre, et qui s'est dévoué sans compter dans l'annonce de l'Evangile". A tous mais aussi aux personnes qui prendront part aux funérailles, le Saint-Père accorde de grand coeur sa bénédiction.
(source : EDA)

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