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du 25 au 27 février 2009 (semaine 09)
 

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2009-02-27 - Malaisie
QUI PEUT DIRE DIEU SOUS LE NOM DE ALLAH ?


Depuis des siècles les chrétiens utilisent le mot "Allah" pour dire Dieu,
mais les autorités malaisiennes cherchent à l'interdire.
La Haute-Cour de justice doit décider du recours du diocèse de Kuala Lumpur et de l'hebdomadaire catholique "Herald".

L'interdiction vient du Ministère de la Sécurité intérieure qui estime que l'utilisation d'une telle parole dans des publications non islamiques "peut créer de la confusion et mettre en danger l’ordre public". Le gouvernement a ainsi interdit l'utilisation du mot "Allah" dans toutes les publications catholiques. Pour le Ministère de la Sécurité intérieure, le mot "Allah" fait uniquement référence au Dieu du Coran et des musulmans.

Le Ministère des Affaires intérieures a pour sa part donné l'autorisation d'utiliser le mot "Allah" dans les publications chrétiennes, parce que sur la couverture de ces ouvrages, il est écrit "seulement pour les chrétiens". Les chréiens se réjouissent de cette attitude, mais attendent la décision de la Haute-Cour

En Malaisie, les éditeurs sont tenus d’obtenir chaque année du ministère de la Sécurité intérieure une autorisation de publication. Cette mesure est vivement critiquée par les défenseurs de la liberté de la presse, qui la qualifient d'attentatoire à la liberté d’expression.

Pour toutes les communautés chrétiennes, dont les 900.000 catholiques de Malaisie (sur une population de 27,7 millions d’habitants), cette décision est insuffisante. Surtout parce qu'il s'agit d'une "exception" à une ordonnance de la sécurité interne, qui affirme comme norme l'interdiction de l'utilisation de ce terme par d'autres que les musulmans.

Toutes les Eglises chrétiennes de Malaisie suivent avec attention cette bataille juridique, car ce décret leur cause aussi des problèmes, suite à des interdictions et des confiscations de livres religieux et de catéchismes.

L'Eglise catholique estime que la Constitution de la Malaisie et l'histoire sont du côté des chrétiens. L’archidiocèse de Kuala Lumpur revendique en effet le droit d'utiliser le mot "Allah" en se référant à l’art. 10 de la Constitution (liberté d’expression) et à l’art. 11 (liberté de pratiquer sa propre religion). Sans compter le fait que l'Eglise peut faire valoir quatre siècles d'histoire documentée, au cours desquels l'utilisation de ce terme de la part des chrétiens n'a jamais créé de problèmes.

De fait, les chrétiens ont défini "Dieu" avec la parole "Allah" bien avant que n'existe l'Etat malaisien. Un dictionnaire Malay-Latin, édité en 1631, montre que pour le mot latin "Deus" (Dieu), le mot Malay est justement "Allah".

Depuis plus d'un an, l'hebdomadaire catholique "Herald", imprimé à 12.000 exemplaires et dont la publication est suspendue jusqu’au 27 février,date du jugement de la Haute-Cour, est visé par une campagne de presse et de critiques. Lancée par des associations et des journaux islamistes, cette campagne exige que l’utilisation du terme "Allah" soit réservée aux seuls musulmans.

Le gouvernement
est influencé par les appartenances religieuses et islamiques au niveau du législatif. Selon les chiffres gouvernementaux de 2008, les musulmans forment 60 % de la population, les bouddhistes, 19 %, les chrétiens 9 % et les hindous 6 %. (source : EDA)

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