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du 25 au 27 février 2009 (semaine 09)
 

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2009-02-27 - France
L'ANNIVERSAIRE DES PAPES EN AVIGNON


L'installation du pape français Clément V et de la curie romaine en Avignon n'est pas fortuite.

L'INSTALLATION EN AVIGNON

Porté à la temporisation, effrayé par les troubles des seigneurs romains qui ne cessent d’agiter Rome et veulent influer sur le Pape, soucieux d’en finir avec tant d’affaires qui concernent la France et de les mettre à l’ordre du jour d’un concile, Clément s’installe en 1309 à Avignon, hors du royaume de France mais aux portes de celui-ci.

Ses successeurs trouveront commode d’y demeurer. Ils en feront la capitale d’une énorme machine politique, administrative et financière largement dominée par les Français mais non aux ordres du roi de France.

La cour pontificale sera le foyer d’un rayonnement intellectuel et artistique sans précédent. Mais le pape d’Avignon, c’est d’abord le pape. Et " là où est le pape, là est Rome ". Les choses changeront en 1378, quand une double élection donne à l’Eglise deux papes. Il en est un à Rome, un à Avignon.

C'est le grand schisme d'Occident -
Grégoire XI (Pierre Roger de Beaufort), n'eut d'autre souci que de rétablir le siège de la Papauté à Rome, ce qu'il réalisa en 1376. A sa mort en 1378, la population romaine organisa de violentes manifestations contraignant les cardinaux, presque tous français, à élire un pape italien, Urbain VI.

Quelques mois plus tard, les cardinaux français déclarèrent cette élection nulle et portèrent leur choix sur Robert de Genève qui prit le nom de Clément VII. Désormais, la Chrétienté était divisée en deux obédiences.
Le conclave du Vatican qui eut lieu le 7 avril 1378 laissait présager l'élection d'un pape français (les cardinaux l'étaient presque tous). Aussi, les romains employèrent-ils la force pour qu'il en soit autrement. Menacés de mort par la foule, les conclavistes élisent l'archevêque de Bari, Barthélémy Prignano, Urbain VI.

Devant ces faits, 13 cardinaux déclarent son élection nulle, puisqu'obtenue par la force et décident d'élire un nouveau pape, Robert de Genève, qui entre en Avignon le 20 juin 1379.

La chrétienté compte donc deux papes. Ce Grand Schisme d’Occident sera pendant trente ans l’une des plus terribles épreuves de l’Eglise. L’Occident chrétien en sortira changé.

Sept papes résidèrent en Avignon. Qui étaient-ils réellement ? Furent-ils, comme on le leur reprocha, des hommes politiques accordant la priorité aux affaires de France, menant une lutte anachronique contre l'Italie au nom de la supériorité contestée de leur pouvoir spirituel ? Des financiers levant de lourds impôts sur les clercs et soulevant l'opposition de l'Angleterre ? Des juristes peu capables de percevoir une nouvelle sensibilité religieuse ? Ou bien ont-ils été de remarquables administrateurs précurseurs d'un « État moderne », des hommes sensibles à la musique, à l'art et à toute forme de culture, des défenseurs sourcilleux de la foi et les organisateurs des missions en Asie ?

Longtemps l'histoire sera difficile à établir sur les réalités de ces années. Il y eut tant de passions ...

SEPT PAPES ET DEUX PAPES SCHISMATIQUES

Clément V : (1305 - 1314)

La violente querelle qui opposa, au début du siècle, le roi de France Philippe IV le Bel au Pape Boniface VIII entraîna en 1305 l'élection au trône de Saint Pierre d'un prélat français, Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux. Il s'installe en 1309 en Avignon, ville vassale du Saint-Siège et voisine du Comtat Venaissin, propriété effective de l'Eglise depuis 1274. Il n'y séjourna que par intermittence et logea dans le couvent des Dominicains.

Il est né en Gironde, à Villandraut. Après son couronnement qui se fait à Lyon, le pape décide de rester en France à cause des troubles qui règnent en Italie d'une part, mais surtout pour essayer de réconcilier les rois de France et d'Angleterre qui s'opposent au sujet de l'Aquitaine, pour les unir dans une nouvelle croisade en Orient.

Il entre en Avignon le 9 mars 1309, où il profite de l'hospitalité des frères prêcheurs dominicains dont le couvent est le plus grand de toute la ville. Il demeurera ensuite à Malaucène, Carpentras et Caromb. En 1311, il prépare le concile de Vienne au prieuré du Groseau, près de Malaucène au pied du Mont Ventoux. Il autorise la suppression de l'Ordre des Templiers à la demande de Philippe le Bel. Cette faiblesse pour le Roi se retrouve aussi dans l'obtention de mesures contre les actes de Boniface VIII et l'absolution de l'attentat d'Anagni.

Jean XXII : (1316 - 1334)

La nette prépondérance des cardinaux français, rapidement établie au sein du Sacré-Collège, assura ensuite l'élection d'un ancien évêque d'Avignon, Jacques Duèse, qui régna de 1316 à 1334 sous le nom de Jean XXII. L'agitation violente de l'Italie, la turbulence des grandes familles et du peuple romains engagèrent le nouveau Pape à s'installer provisoirement en Avignon. Il fit adapter alors le palais épiscopal, situé au voisinage de la cathédrale, aux nécessités de la cour pontificale et s'attacha à l'agrandir, à le fortifier et l'embellir.

Malgré son intention de ramener la papauté à Rome, il y restera jusqu'à sa mort, 18 ans après. Grâce à lui, l'Église s'enrichit, Jean XXII perfectionne en effet la fiscalité pontificale. Il se réserve toutes les nominations épiscopales et diffuse le christianisme en Orient. Il se révèle aussi un fervent combattant de l'inquisition qu'il combattra durement.

Benoît XII : (1334 - 1342)

Le palais épiscopal, même aménagé, parut insuffisant aux yeux de Benoît XII (Jacques Fournier) qui en fit l'acquisition, le démolit et fit construire sur son emplacement, par son maître d'oeuvre Pierre Poisson, une puissante forteresse, vaste et reflétant ses goûts sobres d'ancien moine cistercien, de l'abbaye de Fontfroide près de Narbonne.


Contrairement à son prédécesseur, il donna l'exemple d'une vie austère et mit fin au nepotisme. Il chercha à réformer l'Eglise, à rétablir la paix entre la France et l'Angleterre, et reprit les relations avec Louis de Bavière, il s'efforça de ramener le calme en Italie et d'apaiser la révolte des États de l'Église, restant très en contact avec la population de ces États.

Il tenta par deux fois de ramener la papauté à Rome, mais l'échec de ses projets le décida à demeurer à Avignon. Il entreprit la construction d'un palais plus grand et mieux protégé que l'ancien palais épiscopal, ce sera le début de la construction du palais des papes en 1340. Il meurt le 25 avril 1342.

Clément VI : (1342 - 1352)

Son successeur Clément VI (Pierre Roger de Beaufort), ancien archevêque de Sens, est un aristocrate fastueux, jugeant ce premier palais indigne de la majesté pontificale, en fit bâtir par son architecte Jean de Louvres un second juxtaposé, "le Palais Neuf", de style plus fleuri, et livra l'ensemble des bâtiments aux équipes de peintres que dirigeait Matteo Giovanetti de Viterbe.

Homme de goût et amoureux des arts, il attira les artistes, savants et hommes de lettres, mais le luxe et ses actions ruinèrent le trésor pontifical. Iil fut néanmoins très admiré par ses contemporains et son règne marqua l'apogée de la papauté avignonnaise. Lors de la terrible épidémie de peste, en 1348, il offrit sa protection aux juifs accusés par l'Europe entière d'en être la cause.

Innocent VI : (1352 - 1362)

Innocent VI (Etienne Aubert), préoccupé de pacifier les territoires italiens du Saint-Siège, compléta l'oeuvre monumentale de son prédécesseur.


Il renoua avec l'austérité de Benoît XII, mais en aurait-il voulu autrement, le trésor pontifical n'existait plus. En 1358, il fut même obligé de vendre argenterie et bijoux personnels. Sa politique maladroite ne connut pas un grand succès.

C'est l'époque de la famine et la peste qui ravagent à nouveau la ville, et des grandes compagnies, qui coutent si cher à Avignon et qui lui feront ériger les remparts. Il a le souci des pauvres et des pestiférés. Accablé par tant de soucis, Innocent VI déclina rapidement et mourut le 12 septembre 1362. Son tombeau est situé à la Chartreuse de Villeneuve les Avignon.

Urbain V : (1362 - 1370)

Abbé de Saint Victor à Marseille et bénédictin, il mènera, comme Benoît XII et Innocent VI, une vie d'austérité. C'est lui qui entreprit les premiéres démarches pour ramener la papauté à Rome.

Malgrè l'insistance du Roi de France, il quitte la ville le 30 avril 1367, confiant le gouvernement de la ville et du comtat à Philippe Cabassole. Après une halte à Viterbe, il arrive à Rome le 16 octobre 1367. Mais la reprise des hostilités entre la France et l'Angleterre l'incite à retourner à Avignon pour y négocier le retour à la paix.

C'est ainsi, qu'il débarque à Marseille le 16 septembre 1370, mais décède à Avignon le 19 décembre. Ce sera le seul pape d'Avignon béatifié (en 1870). Urbain V s'attacha à étendre les jardins en faisant aménager un verger en contrebas.

Grégoire XI : (1370 - 1378)

Grégoire XI (Pierre Roger de Beaufort), enfin, n'eut d'autre souci que de rétablir le siège de la Papauté à Rome, ce qu'il réalisa en 1376.

Il veut avant tout promouvoir la croisade qui arrêtera les infidèles. Aussi veut-il ramener la papauté à Rome, plus propice à son projet. Il annonce son départ pour le début de 1375, mais, possédant peu d'argent pour entamer son voyage et espérant, lui aussi, mettre un terme à la guerre entre la France et l'Angleterre, il retarde son départ.

La déception est si grande en Italie que les États pontificaux se révoltent. Finalement, le 2 octobre 1376, il quitte Marseille. Après une traversée terrible et un voyage difficile, il arrive à Rome le 17 janvier de l'année suivante, épuisé par ce périple et supportant mal les rigueurs climatiques, il meurt au Vatican le 27 mars 1378.

A sa mort en 1378, la population romaine qui avait exigé son retour, organisa de violentes manifestations contraignant les cardinaux à élire un pape italien, Urbain VI.

Quelques mois plus tard, les cardinaux français déclarèrent cette élection nulle et portèrent leur choix sur Robert de Genève qui prit le nom de Clément VII.. Ainsi éclata le Grand Schisme d’Occident. Désormais, la Chrétienté était divisée en deux obédiences.

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