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du 25 au 27 février 2009 (semaine 09)
 

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2009-02-27 - FSSPX
Mgr DE MALLERAIS NE CHANGE PAS SA CONVICTION


Mgr Tissier de Mallerais, recteur du Séminaire d’Ecône de la Fraternité St Pie X, a déclaré avec fermeté le 1er février 2009,
au quotidien italien La Stampa : " Nous ne changerons pas nos positions, mais nous avons l’intention de convertir Rome, c’est-à-dire d’amener le Vatican vers nos positions. ».

Le 12 octobre, il avait également déclaré : "Il est regrettable d’avoir à le dire, mais notre espérance ne réside pas dans des discussions avec Rome, dans des discussions avec l’« actuel successeur de Pierre ». Elle réside dans la prière et l’attente de jours meilleurs. La dernière encyclique contient des choses abominables…"

Le 5 août, Mgr Bernard Tissier de Mallerais avait répondu aux questions de la revue américaine The Angelus. En voici quelques extraits :

Après 20 ans d'épiscopat, que pensez-vous de l'état de l'Eglise?

Mgr Bernard Tissier de Mallerais : " Jean-Paul II n'a rien fait pour reconstruire la Foi. La grande apostasie s'est amplifiée, la jeunesse est presque entièrement perdue dans l'impureté et dans les drogues. La liberté religieuse et les droits de l'Homme ont complètement détruit la royauté sociale du Christ. Nous vivons la grande apostasie dont parle saint Paul aux Thessaloniciens : “venerit discessio primum” (II Thess. 2,3)."

Quelque chose a-t-il changé dans la Fraternité ? Et si oui : quoi?

Mgr Bernard Tissier de Mallerais : " Bien sûr, la Fraternité a grandi, Dieu merci, passant de 150 à 450 prêtres ; le nombre de frères a doublé. Peu de nouveaux prieurés ; il vaut mieux consolider la vie en commun des prêtres ! Mais beaucoup de nouvelles missions, partout. Pas beaucoup de nouveaux pays, ce n'est pas nécessaire. Nous devons nous développer là où nous avons débuté. C’est suffisant.

Combien de pays avez-vous visités depuis votre sacre ?

Mgr Bernard Tissier de Mallerais : " À peu près tous les pays dans lesquels nos prêtres travaillent, sauf le Japon et la Corée. Combien cela fait-il ? Sans doute plus de 30 ou 40.

Qu'aurait-il pu se passer sans les sacres ?

Mgr Bernard Tissier de Mallerais : " Nous serions morts : des prêtres âgés, seulement des prêtres âgés, des Frères âgés, des Sœurs âgées, des séminaires vides et morts ; et pas de Fraternité Saint-Pierre ni tout le reste. La tradition serait morte. Les sacres d'évêques ont été un "acte sauveur" L'"opération survie" a été un succès complet, grâce à Dieu et grâce à l'acte héroïque de Mgr Lefebvre.

La situation avec Rome est-elle plus encourageante vingt ans après ?

Mgr Bernard Tissier de Mallerais : " Non, rien n'a changé. À part le Motu proprio du 7 juillet 2007, qui est un miracle inattendu, et qui change radicalement la pratique du Saint-Siège vis-à-vis de la messe traditionnelle. Mais en pratique, peu de prêtres reviennent à la Tradition. Seuls de jeunes prêtres, quelques-uns parmi eux, sont intéressés. Mais pour ce qui est de la liberté religieuse, des droits de l'Homme, de l'intérêt que Rome porte à notre travail : rien n'a changé - induratio cordium ! Un endurcissement des cœurs, un aveuglement des esprits.

Que voudriez-vous dire à ceux qui prédisaient, en 1988, que la Fraternité Saint Pie X créait une Eglise parallèle ? L'histoire ne leur a-t-elle pas donné tort?

Mgr Bernard Tissier de Mallerais : Je vous réponds : où est l'Eglise, mes chers ? Reconnaissez l'arbre à ses fruits. Là où sont les fruits, là est l'Eglise. Je ne veux pas dire que l'Eglise se réduit à la Fraternité, mais que son cœur est dans la Fraternité. La vraie Foi, l'enseignement vrai, les sacrements non abâtardis (the non-bastard sacraments) : tout cela est dans la Fraternité. Partout ailleurs, il y a un mélange plein de compromis à cause du libéralisme et de la faiblesse d'esprit. L'Eglise parallèle, c'est la néo-Eglise de Vatican II : son esprit, sa nouvelle religion ou non-religion (her new-religion or no-religion).

Beaucoup de catholiques qui s'étaient d'abord battus aux côtés de Monseigneur, il y a des années, sont maintenant enclins à unir leurs forces avec Rome qui semble plus conservatrice, en s'alliant à des instituts dont le statut canonique est plus "régulier" au sein de l'Eglise.

Mgr Bernard Tissier de Mallerais : " Oui, il y a eu beaucoup de pertes. À cause du manque de principes, de l'infidélité au combat de la Fraternité, de la recherche de compromis, de l’aspiration à la paix, du désir d'une victoire avant le temps que Dieu à prévu. Ces pauvres gens (des prêtres, des religieux, des laïcs) sont des libéraux et des pragmatiques. Ils sont séduits par les sourires des gens du Vatican, je veux dire des prélats de la Curie. Ce sont des gens qui étaient fatigués du long, long combat pour la Foi : "Quarante ans, c'est assez !". Mais ce combat durera encore trente ans. Donc : ne cessez pas, ne cherchez pas de "réconciliation,", mais combattez !"

Direz-vous que le combat pour la messe a complètement changé depuis les sacres ?

Mgr Bernard Tissier de Mallerais : " Absolument pas. Rien n'a changé ! La persécution contre les jeunes prêtres d'aujourd'hui qui retournent à la vieille messe est la même que la persécution contre les bons prêtres, des prêtres qui, il y a 40 ans, restaient fidèles à la messe de leur ordination. À quelques très rares exceptions, les évêques détestent la messe traditionnelle. Leur nouvelle religion s'oppose à la vraie messe, et la vraie messe détruit leur fausse religion, une religion sans sacrifice, sans expiation, sans satisfaction, sans justice divine, sans pénitence, sans renonciation à soi-même, sans ascétisme ; la religion du soi-disant "amour, amour, amour" qui n'est que des mots.

D'un autre côté, ne diriez-vous pas qu'aujourd'hui le combat pour la doctrine est devenu plus important ?

Mgr Bernard Tissier de Mallerais : " C'est le même combat : ratio cultus, ratio fides. La loi de la Foi est la loi de la liturgie, et la loi de la liturgie est la loi de la Foi : lex orandi, lex credendi ; lex credendi, lex orandi. La devise est vraie dans les deux sens. La messe traditionnelle est l'expression la plus magnifique de la royauté du Christ alors que regnavit a ligno Deus – Dieu a régné par le bois de la Croix. Le mystère de la Rédemption, comme expiation parfaite et surabondante des péchés, s’exprime dans la Messe traditionnelle. Au contraire, ce mystère est obscurci et estompé par la Nouvelle Messe.

" En conséquence, le combat contre la liberté religieuse ne peut pas être séparé du combat pour la Messe. C'est vrai aussi du combat contre l'œcuménisme, parce que si le Christ est Dieu, Il est capable par Sa passion d'apporter expiation et satisfaction, pour tous les péchés; de même, Lui seul a le droit de conformer les lois civiles à l'Evangile. Je ne vois pas de séparation entre le combat pour la messe, le combat pour l'esprit chrétien du sacrifice, et le combat pour la royauté sociale du Christ.

" Les modernistes ne voient pas de différence entre leur nouvelle messe, leur refus du mystère de la Rédemption, et leur dénégation de la royauté sociale de Jésus-Christ. Tout se tient.

Quels sont, selon vous, les plus grands défis auxquels la Fraternité et les fidèles devront faire face dans les années à venir ?

Mgr Bernard Tissier de Mallerais : " D’abord, notre persévérance à refuser les erreurs du concile de Vatican II. Deuxièmement, la force de notre refus de toute « réconciliation » avec la Rome occupée. Troisièmement, le développement de nos écoles, nos collèges pour soutenir une éducation catholique et aider les familles. Quatrièmement, la résistance face à la persécution par les autorités civiles, et proclamer que le christianisme est l’unique source de la civilisation.

Quels sont les livres les plus essentiels, selon vous, pour les fidèles aujourd’hui ?

Mgr Bernard Tissier de Mallerais : " Pour tous, leur missel (le livre de messe) et leur catéchisme. Pour les jeunes gens, des livres sur la royauté sociale du Christ. Pour les jeunes filles, des livres de cuisine, de couture, et pour aménager la maison.

Que voyez-vous dans les 20 ans qui viennent ?

Mgr Bernard Tissier de Mallerais : En Europe, des républiques islamiques en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas. Aux Etats-Unis, la banqueroute et la guerre civile.

À Rome, l’apostasie organisée avec la religion juive. En nous, de l’héroïsme, de l’héroïsme chrétien. Dans la Fraternité, le sacre de nouveaux évêques, si ça s’avère nécessaire. Je me fais vieux.

À Rome, un nouveau pape ? Vraiment, s’il doit être pis encore, il n’y en a pas besoin. S’il doit être un Petrus Romanus, alors là, oui. C’est mon espérance. (source : Aletheia)


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