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du 8 au 12 mars 2009 (semaine 11)
 

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2009-03-12 - Philippines
UNE CERTAINE DÉSILLUSION

Des responsables d'Eglise déplorent la disparition de l'esprit du "people power" (pouvoir du peuple) . Il y a 23 ans, notent-ils, une foule de Philippins avec le soutien des Eglises, a renversé une dictature au moyen de cette révolution.

Ces mêmes responsables d'Eglise déplorent aujourd'hui que les promesses faites lors de l'événement historique qu'a connu ce pays d'Asie du Sud-Est n'aient pas été tenues.

"Il est triste que l'esprit de cette première révolution du people power ait disparu comme si le vent l'avait emporté", a déploré le pasteur Rex Reyes, secrétaire général du Conseil national des Eglises des Philippines... L'une des frustrations que je partage avec d'autres est que les oligarques se soient maintenus et qu'au sein du gouvernement se trouvent des militaires et des policiers hautement militarisés".

Pour le pasteur, l'éviction du dictateur Ferdinand Marcos, aujourd'hui décédé, "et de sa clique au terme de vingt années de dictature, grâce à une révolte militaire soutenue par la population civile le 25 février 1986, aurait pu être une chance pour mettre en place les institutions et les politiques nécessaires à une démocratie".

Le pasteur Reyes a évoqué la nécessité d'une "véritable réforme agraire", qui aurait permis au gouvernement de distribuer des terres aux paysans sans terre et de calmer les troubles dans les campagnes, empêchant ainsi une insurrection paysanne. Or les régimes qui ont suivi ont cependant conservé un Congrès national et une bureaucratie dominée par les propriétaires terriens et les nantis, a déclaré le pasteur Reyes. Selon lui, le programme de réforme agraire du gouvernement a profité aux propriétaires terriens, qui sont pour la plupart eux-mêmes devenus des représentants au Congrès.

Il a par ailleurs indiqué qu'une grande partie des membres de l'armée, de la police et du personnel formés sous la loi martiale de Ferdinand Marcos étaient restés en place, perpétuant ainsi "une mentalité et une culture militaires", qui, selon lui, montrent bien peu de respect envers les droits de la personne.

"Il n'est pas surprenant que les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées, les arrestations illégales et les actes de torture, qui caractérisaient le régime de loi martiale de Ferdinand Marcos, existent encore aujourd'hui", a déploré le pasteur Reyes. Il a souligné que plus de 800 militants avaient été tués, y compris des collaborateurs d'Eglise, et que ces actes sont consignés par des observateurs des droits de la personne depuis 2001.

Soeur Mary John Mananzan, religieuse bénédictine et militante des droits de la personne depuis l'époque du président Marcos, partage certaines des frustrations du pasteur Reyes. La "révolution du people power" de 1986 a été une "expression de la volonté du peuple".

La gouvernance de ce pays laisse grandement à désirer admet soeur Mananzan. Dans une interview accordée récemment à la station Radio Veritas, tenue par l'Eglise catholique, la religieuse insistait en outre pour que l'Eglise et d'autres acteurs continuent à jouer leur rôle d'observateurs aux Philippines. (source : ENI et Apic)

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