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du 19 au 21 mars 2009 (semaine 12)
 

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2009-03-21 - Inde
LA PROMOTION SOCIALE DES INTOUCHABLES


La "Commission pour les dalits et les peuples aborigènes" et la Commission "Justice, Paix et Développement" de la Conférence des évêques (CBCI) demandent à l'Église de s'engager davantage à l’intégration des dalits, ou « intouchables ».

Le terme « dalit » en sanskrit signifie littéralement « écrasé, piétiné », un concept que revendiquent aujourd’hui les « intouchables » pour décrire leur oppression au sein du système traditionnel des castes de l’Inde. En dépit de l’abolition officielle, en 1950, de l’« intouchabilité » et la mise en place d’un système de discrimination positive par le gouvernement indien, la société indienne continue de considérer les dalits comme une population à part.

Dans leur déclaration de clôture, publiée à l’issue d’une session commune, qui s’est tenue du 6 au 8 mars à Bangalore (Etat du Karnataka), les commissions épiscopales déplorent que les dalits qui deviennent chrétiens et sont en droit d’espérer vivre « dans une société juste et égalitaire » fassent encore aujourd’hui l’expérience de « l’horreur de l’exclusion, du rejet et de l’oppression », y compris au sein même de l’Eglise.

Huit évêques et 89 représentants de différentes régions de l’Inde assistaient à cette session de réflexion, qui avait pour thème : « Construire une communauté non discriminatoire à travers la promotion sociale des dalits ».

La "Commission pour les dalits et les peuples aborigènes" a proposé d’organiser des séminaires régionaux, ainsi que des sessions de formation pour faire connaître aux prêtres, aux religieuses et aux laïcs la situation des dalits chrétiens et rendre à ces derniers le respect auquel ils ont droit dans l’Eglise. D’autres propositions visaient le développement de la littérature ou de la recherche sur les dalits, ou encore la dénomination d’une « Eglise dalit », étant donné que trois membres sur quatre de l’Eglise de l’Inde font partie des « intouchables ».

L’élaboration d’une « théologie davantage axée sur la non-discrimination » a été également un des sujets évoqués, un thème récurrent au sein des Eglises chrétiennes de l’Inde. En conclusion, la déclaration affirmait que l’Eglise de l’Inde ne pourrait devenir « un authentique témoin de l’Evangile » que si elle aidait le peuple dalit à se libérer en s’identifiant à ses aspirations, ses espoirs et ses luttes.

Au cours de la session, Mgr Anthonisamy Neethinathan, dalit lui-même et évêque de Chingleput, dans l’Etat du Tamil Nadu, a souligné le fait que la plupart des missionnaires avaient toléré ou fait des compromis avec le système des castes dans l’Eglise, et que cela continuait aujourd’hui, du moins dans certaines régions.

Le P. G. Cosmon Arokiaraj, secrétaire de la Commission épiscopale est, quant à lui, revenu sur la « grande nécessité » pour l’Eglise d’intégrer les revendications des dalits : « Nous devons mettre en place une option préférentielle pour les personnes marginalisées, spécialement les dalits, dans toutes nos missions. » Le prêtre a déclaré que l’objectif de la consultation était de promouvoir « l’intégration, l’émancipation et la non-discrimination dans le contexte indien ».

Le 8 mars dernier, alors que se clôturait la session de la commission, se tenait également une grande manifestation de femmes dalits à Jaipur, dans l’Etat du Rajasthan. A l’occasion de la Journée mondiale des femmes, le mouvement de défense des droits des femmes dalits indiennes (All Indian Dalit Mahila Adhikar Munch, AIDMA) avait lancé un appel pour « réclamer justice au gouvernement ». Venues de Jaipur et des villages environnants, les manifestantes se sont rassemblées en scandant : « Vive l’unité des femmes dalits ! », « Nous voulons des terres ! », « Non au brahmanisme ! »

Parmi les dalits, les femmes sont encore moins considérées et doivent faire face à une double discrimination. Elles sont les victimes non reconnues d’exactions récurrentes de la part des membres des castes supérieures, subissant violences, viols et même meurtres. Plus de 80 % d’entre elles vivent en zone rurale, où elles ne peuvent généralement avoir accès ni à l’éducation (5 % d’entre elles savent lire au Rajasthan), ni aux soins de santé, ni à aucune promotion sociale ou participation politique.

Le système des castes en Inde divise la société en quatre groupes hiérarchisés dominés par les brahmana (prêtres), suivis des kshatriya (guerriers), puis des vaisya (agriculteurs, propriétaires terriens, artisans, commerçants), et enfin des sudras, au service des autres castes. Les dalits, tout en bas de l’échelle, sont exclus du système : ce sont des avarnas (‘hors castes’), considérés comme impurs (‘intouchables’), ayant pour fonction d’exécuter les tâches jugées dégradantes. Ils sont, pour ces raisons, contraints à la ségrégation, encore souvent séparés dans les écoles, interdits d’entrée dans nombre de bâtiments publics, magasins, maisons et temples hindous ainsi que sur les lieux d’incinération, et fréquemment interdits d’accès à l’eau potable. (source : EDA)

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