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du 22 au 24 mars 2009 (semaine 13)
 

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2009-03-24 - Taïwan
L'ÉGLISE A SAUVÉ PLUSIEURS LANGUES ABORIGÈNES

Les missionnaires étrangers ont contribué à sauver de l’oubli les langues aborigènes, souligne l’unique évêque catholique aborigène de Taiwan qui a rppelé leur travail considérable pour préserver et mettre par écrit ces langues.

Le 21 février dernier, à Paris, lors de la dixième « Journée internationale de la langue maternelle », l’UNESCO a présenté la troisième édition de son Atlas des langues en danger dans le monde. Il y est souligné qu’environ 2 500 langues sur les 6 000 langues parlées aujourd’hui de par le monde sont, à un degré ou à un autre, en danger, face à l’hégémonie de plus en plus forte de quelques grandes langues dominantes.

A la rubrique « Taiwan », on peut lire qu’en l’espace de 50 ans, sept idiomes aborigènes ont disparu, sept sont « en situation critique », un est « sérieusement en danger » et neuf sont « en danger ». Pour Mgr John Baptist Tseng King-zi, évêque auxiliaire du diocèse catholique de Hualien, ces faits sont indéniables et cette réalité serait aujourd’hui beaucoup plus sombre sans le travail considérable mené par les missionnaires étrangers pour préserver et mettre par écrit ces langues.

Mgr Tseng, qui préside la Commission pour l’apostolat des aborigènes de la Conférence des évêques catholiques de Taiwan, présente la particularité, au sein de l’épiscopat, d’être le seul évêque d’origine aborigène, les autres étant, soit des Chinois venus du continent, soit des Taiwanais. Appartenant à l’ethnie des Puyuma, il parle une langue qui compte aujourd’hui environ 10 000 locuteurs – ce qui la place au nombre des langues considérées par l’UNESCO comme étant « en danger ».

Mgr Tseng rappelle qu’avant 1949 – date de l’arrivée sur l’île des nationalistes du Kouomintang –, on comptait environ 40 groupes linguistiques aborigènes. Après cette date, les aborigènes ont été obligés d’apprendre le mandarin, la langue officielle, et d’adopter les us et coutumes chinois. « Parler notre langue maternelle à l’école était comme commettre un péché », explique l’évêque, aujourd’hui âgé de 66 ans. Dans un tel climat, ce sont les missionnaires étrangers qui ont le plus contribué à sauver les langues aborigènes. Ce sont eux qui, en utilisant l’alphabet romain, ont mis par écrit des langues qui, jusque là, n’étaient qu’orales ; ce sont eux qui ont rédigé dictionnaires, grammaires et manuels d’apprentissage pour ces langues ; et ce sont eux qui ont assumé les risques que ce travail représentait. En effet, dans le cadre de la politique d’assimilation alors en vigueur, défendre ces langues était considéré comme aller contre la politique d’imposition du mandarin, et des missionnaires qui ont traduit la Bible dans ces langues aborigènes ont vu leur visa révoqué, sans espoir de retour à Taiwan.

En 2008, sur une population de 23 millions d’habitants, on compte 490 000 aborigènes, répartis en 14 groupes principaux, et il est estimé que seulement un tiers d’entre eux sont capables de s’exprimer correctement dans leur langue maternelle. Ceux des aborigènes qui sont restés vivre dans des villages isolés de montagne maintiennent vivantes leurs langues, mais tous ceux qui ont migré vers les villes, les jeunes notamment, passent rapidement au mandarin.

Sur les 490 000 aborigènes, on compte 90 % de chrétiens, en majorité protestants. Environ 100 000 d’entre eux sont catholiques ; ils représentent un tiers de l’Eglise catholique à Taiwan. (source : EDA)

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