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2009-04-26 -
EN CETTE PÉRIODE DE LA CULTURE DU RÉSULTAT

Les gens les plus productifs seraient donc plus bénis, s'interroge l’évêque luthérienne allemande Margot Kässmann, qui, lors d'un récent colloque, a critiqué l'éthique de travail protestante attribuée au théologien du XVIème siècle Jean Calvin.

Margot Kässmann, membre du Comité central de la Conférence des Eglises européennes (KEK) affirme que cette éthique a atteint ses limites dans le climat économique et social actuel. "La grâce de Dieu ne touche pas seulement ceux qui sont forts et productifs au sein de la société", a-t-elle déclaré, lors d'un colloque organisé dans le cadre du Musée historique de Berlin alors que le monde protestant célèbre cette année le 500ème anniversaire de la naissance de Calvin.

L'évêque Kässmann estime qu'elle est tenue de s'exprimer à ce propos, en cette période où la culture du résultat est si bien implantée dans la société. Elle considère en effet comme problématique la croyance selon laquelle "les gens qui sont plus productifs sont plus bénis. En période d'épuisement, nous devons nous demander: 'Qu'avons-nous déclenché
par cette éthique ?'"

Dans ses enseignements, dit-elle, Calvin a propagé un fort sens du devoir et de l'utilité, que l'on considère souvent comme la base de l'éthique protestante du travail. Cette éthique est vue comme l'un des facteurs ayant contribué à l'émergence du capitalisme.

Le colloque s'inscrit dans le cadre de l'exposition mise en place par le Musée sur la vie et l'oeuvre de Calvin, qui s'intitule: "Le calvinisme: les protestants réformés en Allemagne et en Europe". Elle aborde également des thèmes tels que l'expulsion, les migrations et les minorités. Elle a été inaugurée le 1er avril par le Premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende, un calviniste, en présence de l'évêque de Berlin Wolfgang Huber, qui est à la tête de l'Eglise évangélique d'Allemagne (EKD), principale organisation protestante du pays.

Dans son discours d'inauguration, Jan Peter Balkenende a affirmé que les réformateurs de l'Eglise tels que Calvin et Martin Luther luttaient constamment contre l'injustice dans leurs sociétés. Aujourd'hui, cette résistance doit être mise en parallèle
avec la culture des boni excessifs des banquiers.

Le politicien néerlandais a souligné que la forte éthique de travail qui forme une part importante de la théologie calviniste s'inscrit dans un cadre moral. A la lumière de la crise économique mondiale actuelle, Jan Peter Balkenende a déclaré: "Il serait bon que les marchés financiers soient davantage gouvernés par ce principe". (sources : epd et ENI) Retour aux dépèches