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du 5 au 8 mai 2009 (semaine 19)
 

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2009-05-08 -
UNE INFORMATION PARFOIS CATASTROPHIQUE


Les journalistes catholiques suisses romands se sont penchés sur les levées d’excommunication comme un exemple de la politique d'information "catastrophique" de l'Eglise.

Ils étaient réunis le 29 avril à Lausanne et se sont posés les questions que tout un chacun se pose.

" Qu’avaient fait les quatre évêques de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X pour mériter une sanction d’excommunication ? Pourquoi cette mesure a-t-elle été levée ? De quelle façon les médias se sont-ils emparés de cette affaire ?"

Ces questions, et bien d’autres, ils les ont débattues entre eux avec un exposé du chanoine Claude Ducarroz qui a rappelé les faits historiques et dans quel contexte s'est développée la rupture entre le Saint-Siège et la Fraternité lancée par Mgr Lefebvre.

Geste de miséricorde bien sympathique, signe d’une Eglise où peuvent cohabiter des sensibilités différentes, faute professionnelle de la part des conseillers du pape ou manœuvre maladroite ? Les journalistes présents mercredi à Lausanne n’étaient pas unanimes dans leur analyse de la levée d’excommunication prononcée en janvier par Benoît XVI à l’égard des quatre évêques intégristes.

" Gérer l’information, de nos jours, est devenu impossible", a pourtant plaidé Christoph Büchi, correspondant romand pour la NZZ (Neue Zürcher Zeitung), tout en soulignant qu'au niveau des couacs, l'Eglise a fait fort depuis un certain temps (propos du pape sur le préservatif, excommunication liées à un avortement au Brésil, …).

La mesure de levée d'excommunication, selon lui, peut être considérée comme sympathique. Mais, l'Eglise étant une cible privilégiée des médias, elle a fait preuve de beaucoup d'amateurisme. Le pape ne semblait pas au courant des propos négationnistes de l'évêque Williamson. Mais que font ses conseillers? Pourquoi ne l'ont-ils pas alerté?, s'est demandé Christoph Büchi. Selon lui, l'Eglise a tendu une "verge géante pour se faire battre" avec cette affaire.

En Suisse alémanique, les réactions ont été encore plus virulentes qu'en Romandie, du fait que les positions « anti-hiérarchie » sont monnaie courante, autant dans les médias que dans l'opinion publique.

Les autres journalistes présents ont partagé le point de vue selon lequel la politique d’information du Saint-Siège a été catastrophique. Plusieurs ont cependant relevé certains points positifs de cette affaire de levées d'excommunication, et notamment les débats qu'elle a entraînés à l'intérieur de l'Eglise, et même parmi les évêques. Et par ailleurs, devant les réactions virulentes qui sont apparues, l'Eglise catholique romaine a ensuite dû se repositionner face à la Fraternité Saint Pie X. Et affirmer clairement qu'il n'y a pas de place dans l'Eglise pour les discours antisémites.

Le chanoine Claude Ducarroz a porté son regard sur le concile et sur les papes qui l'ont mis en application. Influencé par certains membres de la Curie, Paul VI a réinterprété certaines affirmations pour aboutir à certains compromis. Certains thèmes "tabous" ont été biffés, comme la participation du Peuple de Dieu à la nomination des évêques, les mariages mixtes, la régulation des naissances, l’obligation du célibat pour les prêtres de rite latin, etc..

Quant à Jean Paul II, selon l'abbé Ducarroz, il s'est illustré par des gestes symboliques et des présences au monde prophétiques (demande de pardon, présence au Mur des Lamentations, rencontre interreligieuse d'Assise, …). Mais il a également fait preuve de beaucoup de replis. Il n'a rien cédé et même remis les pendules à l'heure, dans le domaine œcuménique notamment.

Puis le chanoine Ducarroz a relèvé la grande influence exercée durant ce pontificat par le cardinal Ratzinger. Ce dernier se distingue par une sensibilité liturgique très pointue. Devenu pape sous le nom de Benoît XVI, il a rétabli la messe de Saint Pie V, en interprétant ses décisions comme une "herméneutique de la continuité".

Et maintenant, face à cette Eglise plutôt éclatée, où les diverses tendances peinent à cohabiter, où elle apparaît pour beaucoup en profond décalage avec cette société qui a évolué si rapidement, comment rétablir la situation ? "Seul un concile peut y parvenir", lance en guise de conclusion Claude Ducarroz.

Sans craindre de nouvelles ruptures? (source : Apic)


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