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du 1 au 4 juin 2009 (semaine 23)
 

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2009-06-04
ANDREA RICCARDI REÇOIT LE PRIX CHARLEMAGNE

Le 21 mai, Andrea Riccardi a reçu le prix Charlemagne, attribué chaque année à une personnalité politique de premier plan. Tel est bien le fondateur de la communauté Sant’Egidio en raison même de son engagement en faveur de l’Afrique.

On jalouse parfois sa relation privilégiée avec les papes, sa capacité à recevoir facilement à sa table les présidents, son carnet d’adresses planétaire.

Mais on reconnaît que son engagement pour la lutte contre la pauvreté et pour la paix dans le monde n’a jamais failli. À 59 ans, Andrea Riccardi n’est peut-être pas aussi connu que le Saint-Père, mais certains lui attribuent la puissance d’un chef d’État. De passage à Rome, politiques, ecclésiastiques, universitaires, syndicalistes, journalistes, représentants de la société civile se pressent à son quartier général, un ancien couvent de Trastevere, pour le rencontrer.

Vif d’esprit, doté d’une faconde naturelle, ce sémillant professeur des religions, à la barbe poivre et sel, veille sur une communauté de 50 000 membres dans plus de 70 nations.

C’est à Rome que ce jeune bourgeois, fils de banquier, rassemble pour la première fois, en février 1968, un groupe de lycéens pour réfléchir sur le thème de la solitude, loin de la contestation des mouvements « soixante-huitards » de l’époque.

Imprégnée par l’évangile et les ouvrages des grands philosophes mais considérant l’Église comme « lointaine », l’équipe part très vite à la découverte des borgate, les baraques de la banlieue pauvre de la capitale. Elle y trouve les moyens de se rendre utile en se lançant dans diverses œuvres sociales.

Avec l’élection de Jean-Paul II en 1978, qui entretiendra une relation quasi paternelle avec Riccardi, la communauté bénéficiera d’une bienveillance particulière pour essaimer dans le monde. Ses principaux dirigeants seront de tous les voyages du Pape en Afrique – 14 au total, pour 42 nations visitées.

Aujourd’hui, Sant’Egidio compte quelque 20.000 membres sur le continent, répartis dans vingt-six pays. La plupart sont des bénévoles engagés dans des tâches très pratiques comme la distribution de vivres, l’enseignement et l’alphabétisation, la visite de prisonniers, l’aide aux plus démunis. Mais il faut dépasser la vitrine médiatique du mouvement, et voir son travail, souvent discret, de médiation des conflits internationaux.

Quand on lui a posé cette question : " On vous reproche aussi de discuter avec des criminels", il répond : "Oui, nous sommes capables de discuter avec des pires chefs de guerre lorsqu’il s’agit d’épargner des vies humaines. Cela fait partie du jeu de la paix. J’ai vu la conversion de rebelles au Mozambique. En 2000, j’étais ému qu’ils fassent leur entrée au Parlement, abandonnant la lutte armée pour le combat politique."

" On a fait notre devoir en Algérie, même si le texte n’a pas été appliqué à l’époque. J’ai vu Jean-Paul II, qui paraissait embarrassé : « La deuxième section de la secrétairerie d’État n’est pas contente de votre intervention », m’a-t-il dit. Je lui ai expliqué que la crise algérienne avait déjà provoqué 40.000 morts et que l’on se devait d’explorer tous les moyens de rétablir la paix. Il ne savait pas qu’il y avait autant de victimes. « Alors il faut tout tenter », a conclu Jean Paul II. (source : Sant'Egidio)


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