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du 5 au 7 juin 2009 (semaine 23)
 

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2009-06-07
LE DIALOGUE DE BENOÎT XVI
AVEC LES ENFANTS

Ce samedi 30 mai, dans la salle des audiences du Vatican, ils étaient 7.000 enfants entre 8 et 12 ans, venant de Rome et la région du Latium. Parmi leurs questions, Benoît XVI en choisit trois et leur répondit directement, sans notes.

Ces enfants venaient de faire leur première communion et appartenaient à l’Oeuvre Pontificale de l'Enfance Missionnaire.

Première question : – Je m’appelle Anna, j’ai 12 ans. Saint-Père, mon ami Giovanni a un papa italien et une maman équatorienne et il est très heureux. Pensez-vous qu’un jour les différentes cultures pourront vivre sans se disputer au nom de Jésus?

Benoît XVI . – J’ai compris que vous voulez savoir comment, quand nous étions enfants, nous faisions pour nous aider mutuellement. Je dois dire que j’ai passé mes années d’école primaire dans un petit village de 400 habitants, très loin des grands centres. Nous étions donc un peu naïfs.

Il y avait, dans ce village, d’une part des agriculteurs très riches ou moins riches mais aisés, et d’autre part des employés pauvres et des artisans. Ma famille est arrivée dans ce village peu de temps avant le début de l’école primaire, venant d’un autre village. Nous étions donc un peu des étrangers pour eux ; même le dialecte était différent. Cette école reflétait donc des situations sociales très diverses.

Mais il y avait entre nous une belle communion. Ils m’ont appris leur dialecte que je ne connaissais pas encore. Nous collaborions bien. Parfois, je dois le dire, nous nous disputions, mais ensuite on se réconciliait et on oubliait ce qui s’était passé.

Cela me semble important. Parfois, dans la vie, se disputer paraît inévitable; mais ce qui reste important, en tout cas, c’est l'art de se réconcilier, c’est le pardon, c’est de redémarrer et de pas laisser d’amertume dans l’âme. Je me souviens avec gratitude de la manière dont nous collaborions: l’un aidait l’autre et nous avancions ensemble sur notre chemin.

Nous étions tous catholiques, ce qui, bien sûr, nous aidait beaucoup. Nous avons appris ensemble à connaître la Bible, depuis la création jusqu’au sacrifice de Jésus sur la croix, et ensuite les débuts de l’Eglise. Ensemble nous avons appris le catéchisme, ensemble nous avons appris à prier, ensemble nous nous sommes préparés à la première confession, à la première communion qui fut un jour magnifique.

Nous avons compris que Jésus lui-même vient en nous et qu’il n’est pas un Dieu lointain: il entre dans ma vie, dans mon âme. Et si le même Jésus entre en chacun de nous, nous sommes frères, sœurs, amis et nous devons donc nous comporter comme tels.

Pour nous, cette préparation de la première confession comme purification de notre conscience et de notre vie, puis celle de la première communion comme rencontre concrète avec Jésus qui vient chez moi, chez nous tous, ont été des facteurs qui ont contribué à former notre communauté. Elles nous ont aidés à avancer ensemble, à apprendre ensemble à nous réconcilier quand c’était nécessaire.

Nous organisions aussi de petits spectacles: c’est important aussi de collaborer, d’être attentifs les uns aux autres. Puis, à huit ou neuf ans, je suis devenu enfant de chœur. A cette époque-là, il n’y avait pas encore de filles enfants de chœur, mais les filles lisaient mieux que nous. Alors c’est elles qui faisaient les lectures de la liturgie et nous, les garçons, nous étions enfants de chœur. A cette époque, il y avait encore beaucoup de textes latins à apprendre, donc chacun avait sa part de travail à faire.

Je vous l’ai dit, nous n’étions pas des saints: nous nous disputions. Mais nous formions une belle communion où les distinctions entre riches et pauvres, intelligents et moins intelligents ne comptaient pas. C’était la communion avec Jésus sur le chemin de la foi commune et dans la responsabilité commune, dans les jeux et le travail en commun.

Nous avions trouvé le moyen de vivre ensemble, d’être amis et bien que depuis 1937, c’est-à-dire plus de 70 ans, je n’aie plus été dans ce village, nous sommes restés amis. Donc nous avions appris à nous accepter les uns les autres, à porter chacun le poids de l’autre.

Ce qui me paraît important, c’est que nous nous acceptons malgré nos faiblesses et, avec Jésus-Christ, avec l’Eglise, nous trouvons ensemble le chemin de la paix et nous apprenons à vivre comme il faut.

Deuxième question : – Je m’appelle Letizia. Saint-Père, quand vous étiez enfant, est-ce que vous pensiez devenir pape?

Benoît XVI : – A vrai dire, je n’aurais jamais imaginé devenir pape parce que, comme je l’ai déjà dit, j’étais un petit garçon assez naïf, dans un petit village très éloigné des centres, dans la province profonde. Nous étions heureux de vivre dans cette province et nous ne pensions pas à autre chose.

Bien sûr nous connaissions, vénérions et aimions le pape – c’était Pie XI – mais pour nous il était à une hauteur inaccessible, presque dans un autre monde: un père pour nous, mais une réalité très au-dessus de nous. Et je dois dire que, encore aujourd’hui, j’ai du mal à comprendre comment le Seigneur a pu penser à moi, me destiner à ce ministère.

Mais je l’accepte de ses mains, même si cela m’étonne et me paraît très au-dessus de mes forces. Mais le Seigneur m’aide.

Troisième question : – Je m’appelle Alessandro. Saint-Père, vous êtes le premier missionnaire. Comment nous, les enfants, pouvons-nous vous aider à annoncer l’Evangile?

Benoît XVI : – Je dirais qu’il y a une première façon de le faire: collaborer à l’Oeuvre Pontificale de l'Enfance Missionnaire. Comme cela, vous faites partie d’une grande famille qui répand l’Evangile dans le monde, vous appartenez à un grand réseau. Ici, nous voyons comment se reflète la famille des différents peuples. Vous êtes dans cette grande famille: chacun fait sa part et ensemble vous êtes missionnaires, porteurs de l'œuvre missionnaire de l’Eglise.

Vous avez un beau programme: écouter, prier, connaître, partager, vous solidariser. Ces éléments essentiels sont vraiment une manière d’être missionnaire, de favoriser le développement de l’Eglise et la présence de l’Evangile dans le monde. Je voudrais souligner quelques uns de ces points.

Tout d’abord, prier. La prière est une réalité: Dieu nous écoute et, quand nous prions, Dieu entre dans notre vie, il se fait présent parmi nous, agissant. Prier est très important, cela peut changer le monde, parce que cela rend la force de Dieu présente. Et il est important de s’aider à prier: nous prions ensemble dans la liturgie, nous prions ensemble en famille.

Et ici je dirais qu’il est important de commencer la journée par une petite prière et aussi de la finir par une petite prière, de rappeler les parents dans la prière. Prier avant le déjeuner, avant le dîner et lors de la célébration en commun du dimanche.

Un dimanche sans la messe, la grande prière commune de l’Eglise, ce n’est pas un vrai dimanche: il y manque justement le cœur du dimanche et donc aussi la lumière pour la semaine. Et vous pouvez aussi aider les autres – surtout si chez eux on ne prie pas, si on ne connaît pas la prière – et leur apprendre à prier: prier avec les autres et ainsi les introduire dans la communion avec Dieu.

Ensuite, écouter, c’est-à-dire apprendre vraiment ce que nous dit Jésus. Et aussi connaître la Sainte Ecriture, la Bible. Dans l’histoire de Jésus nous découvrons le visage de Dieu, nous apprenons comment est Dieu. Il est important de connaître Jésus en profondeur, personnellement. Comme cela, il entre dans notre vie et, à travers notre vie, il entre dans le monde.

Et aussi partager, ne pas vouloir les choses que pour soi, mais pour tout le monde; partager avec les autres. Et si nous voyons quelqu’un d’autre qui a peut-être un besoin, qui est moins doué, nous devons l’aider et ainsi rendre l'amour de Dieu présent sans grands mots, dans notre petit monde personnel qui fait partie du grand monde. Comme cela, nous devenons ensemble une famille où chacun respecte l’autre.

Supporter l'autre dans son altérité, accepter vraiment même ceux qui sont antipathiques, ne pas admettre que quelqu’un soit marginalisé mais l’aider à s’insérer dans la communauté, tout cela veut dire simplement vivre dans cette grande famille de l’Eglise, dans cette grande famille missionnaire.

Vivre les points essentiels comme le partage, la connaissance de Jésus, la prière, l'écoute mutuelle et la solidarité, c’est une œuvre missionnaire, parce que cela contribue à ce que l’Evangile devienne une réalité dans notre monde. (source : Service de presse du Vatican)

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