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du 5 au 7 juin 2009 (semaine 23)
 

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2009-06-07
"CARITAS IN VERITATE", LA PROCHAINE ENCYCLIQUE


Le 21 mars, le cardinal Martino affirmait que "L'Encyclique sociale est déjà prête et nous espérons qu'elle pourra être publiée début mai". On parle du 29 juin car elle a connu plusieurs moutures qui, jusqu’à la dernière, n’ont pas satisfait Benoît XVI.

On connaît les premiers mots latins de l'encyclique économico-sociale en gestation depuis longtemps: "Caritas in veritate". L'empreinte, déjà visible dans les mots du titre, qui unissent indissolublement la charité et la vérité, témoigne bien qu'elle lui est personnelle, même si
beaucoup d'esprits et de mains ont travaillé à "Caritas in veritate"..

Alors que l'encyclique sur l'espérance a été écrite personnellement par le Pape de la première à la dernière ligne et que la première moitié de celle sur la charité est entièrement de sa main, Benoît XVI a travaillé cette nouvelle encyclique avec de nombreux conseillers tout en la marquant de son empreinte, déjà visible dans le titre, qui unit indissolublement la charité et la vérité. On sait qu’elle a connu plusieurs moutures qui, jusqu’à la dernière, ne l’ont pas satisfait. Ce retard vient de ce qu'il voulait avoir "un texte correspondant à l'actualité d'aujourd'hui".

On évoque ainsi
, le juriste catholique allemand Ernst-Wolfgang Böckenförde, très estimé par le pape, qui veut que ce soit l'Eglise qui écrive le "manifeste" définitif contre le capitalisme, celui-ci devant être renversé depuis ses bases parce qu'il est inhumain.

Selon Böckenforde, les principes sur lesquels repose le système économique capitaliste ne tiennent plus. Son effondrement actuel est définitif et en a mis à nu les bases inhumaines. L'économie doit donc être entièrement reconstruite, sur des principes non plus d'égoïsme mais de solidarité. C'est aux Etats, en commençant par l'Europe, de prendre le contrôle de l'économie. Et c'est à l'Eglise, avec sa doctrine sociale, de reprendre le témoin transmis par Marx, qui avait vu juste.

En Italie, les économistes catholiques les plus accrédités auprès de l'Eglise, interviewés par "il Foglio", ont réagi contre le "manifeste" anticapitaliste de Böckenförde: Luigi Campiglio, pro-recteur de l'Université Catholique de Milan; Dario Antiseri, philosophe et partisan de l'école économique libérale de Vienne; Flavio Felice, enseignant à l'Université Pontificale du Latran et président du Centre d'études Tocqueville-Acton; Ettore Gotti Tedeschi, banquier et commentateur économique pour "L'Osservatore Romano".

Ces divergences reviendront au premier plan lors de la parution de l'encyclique qui, sans aucun doute, suscitera bien des discussions.

La curiosité est forte de savoir ce que dira Benoît XVI d'autant l’on connaît peu sa pensée en matière d'économie. Dans toute la très vaste production d’essais du cardinal Ratznger, on n’en trouve qu’un seul qui soit expressément consacré à ce domaine. C’est une conférence de 1985, en anglais, intitulée: "Market economy and ethics".

Dans cette conférence, Ratzinger disait qu’une économie qui se prive de toute base éthique et religieuse est destinée à l’effondrement. Maintenant que l’effondrement s’est effectivement produit, on attend de Benoît XVI des analyses et des propositions plus circonstanciées.

On peut glâner quelques phrases dans ses récentes déclarations aussi bien lors de telle ou telle audience en réponse à des ambassadeurs lui remettant leurs lettres de créance que dans certaines de ses homélies.

Il y a quelques mois, en réponse à la question d’un prêtre de Rome, le Pape déclarait : " L’Eglise a le devoir de dénoncer les erreurs fondamentales que révèle aujourd’hui l’écroulement des grandes banques américaines. La cupidité humaine est une idolâtrie qui va contre le vrai Dieu et contrefait l'image de Dieu à travers un autre dieu, Mammon."

" Nous devons les dénoncer avec courage mais aussi avec pragmatisme, parce que les grands appels à la morale sont inutiles s’ils ne s’appuient pas sur la connaissance de la réalité, qui aide aussi à comprendre ce que l’on peut faire concrètement.

" L’Eglise dénonce depuis toujours ce qui est mal mais elle montre aussi les chemins qui mènent à la justice, à la charité, à la conversion des cœurs. Même en économie la justice ne se construit que s’il y a des justes. Et ils se forment par la conversion des cœurs".

"L'économie doit donc être entièrement reconstruite, sur des principes non plus d'égoïsme mais de solidarité," disait Böckenforde.

La déclaration de Benoît XVI au prêtre de Rome date du 26 février 2009 et l'encyclique était en cours de rédaction. Cette déclaration du pape a pour effet d’accroître la curiosité. (source : Chiesa)

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