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FlashPress - Infocatho
du 7 au 13 juillet 2009 (semaine 28)
 

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2009-07-13 -
LA MORT DES MOINES DE TIBIHIRINE


Les sept moines de Tibihirine, morts dans les montagnes de l'Atlas en 1996, auraient été victimes, non du GIA, mais d'une bavure de l'armée algérienne, affirme le général François Buchwalter, attaché de défense à Alger au moment du drame.

Les autorités algériennes et françaises auraient menti, sur cette affaire selon un témoignage recueilli par le juge d'instruction antiterroriste Marc Trévidic.

Le général français s'est récemment décidé à parler aux juges d'instruction. Il en avait averti ses supérieurs au ministère de la Défense, à l'État-major des armées et l'ambassadeur de France alors en poste à Alger, Michel Levêque. "Il n'y a pas eu de suites, ils ont observé le black-out demandé par l'ambassadeur", assure-t-il.

Ce nouveau témoignage remet en cause la version officielle de l'armée algérienne. Les moines refusaient de partir en dépit de l'insécurité croissante - onze religieux tués entre 1994 et 1995 - avaient été enlevés par une vingtaine d'hommes armés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Quelques semaines plus tard, les têtes des sept moines avaient été retrouvées, après que le Groupe islamique armé (GIA) eut revendiqué les séquestrations.

Questionné sur ce drame et sur les "révélations du général Buchwalter, Mgr Claude Rault, évêque de Laghouat au Sahara, répond : " Je reçois ce témoignage avec un certain recul, et pour moi et pour nous, Eglise d’Algérie, l’important n’est pas là. L’important c’est de continuer de dévoiler le sens de l’existence des moines de Tibéhirine, de comprendre pourquoi ils ont tenu à être présents jusqu’au bout malgré les menaces qui pesaient sur eux, plutôt que d’essayer d’élucider les circonstances de leur mort.

" Certes, nous partagions certains doutes que peuvent avoir aussi les familles des 150000 Algériens qui ont perdu la vie dans cette tourmente extrêmement douloureuse que furent les dix ans de terrorisme. Mais nous ne sommes pas des jusqu’au-boutistes de la vérité.

" Comme hommes d’Eglise, ce n’est pas cela que nous avons de meilleur à faire pour susciter l’esprit même des moines, qui reposent maintenant. Plutôt que de nous appesantir sur la mémoire du passé, nous devrions faire en sorte d’avoir une mémoire de l’avenir. Nous sommes face à une route de la réconciliation entre chrétiens et musulmans qui, par agents politiques interposés, continuent de s’affronter.

" C’est un fait qu’il y a actuellement un mouvement en Algérie du côté des chrétiens évangéliques, assez prosélyte, et quelques centaines, sinon quelques milliers d’Algériens sont entrés dans cette Eglise. Mais cela ne nous empêche pas d’être ce que nous sommes, nous Eglise catholique présente dans le monde algérien depuis de nombreuses années, dans le plus grand respect des convictions de nos amis et partenaires algériens.

" Nous sommes quelques fois taxés de prosélytisme au même titre que les évangéliques. Mais moi, je me refuse à toute démarche prosélyte. Si un musulman voulait vraiment se convertir au christianisme, je ne l’en dissuaderais pas, mais je lui dirais quelle est ma conviction par rapport à cette nécessité d’entretenir les liens de fraternité avec mon partenaire musulman." (source : amis diocèse du sahara)


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