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du 19 au 25 juillet 2009 (semaine 30)
 

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2009-07-25 - Inde
INQUIETS DE LA DÉCISION DE LA HAUTE-COUR

Les responsables religieux s’inquiètent des conséquences d’un arrêt de la Haute Cour de Delhi du 2 juillet qui a dépénalisé les relations homosexuelles entre adultes consentants.

Bien que cette décision ne concerne pour le moment que la juridiction de New Delhi et n’ait pas de portée jurisprudentielle pour le reste de l’Inde, la communauté "gay" espère que l’exemple de la capitale incitera le Parlement fédéral à étendre l’arrêt à l’ensemble du pays. En attendant, la polémique enfle, après la condamnation du jugement de la Haute Cour par les représentants de toutes les religions de l’Inde.

L’article 377, qui date de l’époque coloniale britannique (1860), « punit les relations sexuelles contre-nature avec un homme, une femme ou un animal » de peines d’emprisonnement pouvant aller de 10 ans à la perpétuité. Peu appliqué dans la réalité (une cinquantaine de condamnations depuis sa promulgation), il garde néanmoins une influence dissuasive importante dans la société indienne.

Selon les associations de défense des droits des homosexuels et l’ONUSIDA, cette loi empêche le dépistage du VIH chez les homosexuels par crainte d’une condamnation, permet à la police de rançonner la communauté gay et pousse au suicide de nombreux individus. Il demeure impossible aujourd’hui de quantifier la population homosexuelle en Inde, laquelle se définit elle-même comme presque exclusivement masculine (selon les organismes, elle évolue entre 4 et 25 millions de personnes).

L’Inde est à l’heure actuelle l’une des rares démocraties à considérer l’homosexualité comme un crime. Les médias se sont fait l’écho d’une avancée « historique », comme The Hindustan Times dans son édition du 3 juillet : « La dépénalisation de l’homosexualité répare une erreur historique qui datait de la fin du joug britannique en 1947. »

A l’opposé de ces réjouissances, les chefs religieux hindous, musulmans, chrétiens, bouddhistes et sikhs, de toutes les parties de l’Inde, condamnent la décision de la Haute Cour dans une rare unanimité. Comme l’évêque méthodiste Tharanath Sagar, président du Conseil national des Eglises de l’Inde (NCCI), le P. Babu Joseph, porte-parole de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde (CBCI), a rappelé : « Pour l’Eglise, les relations homosexuelles sont contre les lois de la nature et moralement inacceptables », précisant que la doctrine catholique accordait une « grande importance au devoir de procréation ».

La condamnation est sévère du côté des religieux musulmans. «Légaliser l’homosexualité est une très grave erreur », s’est indigné Ahmed Bukhari, imam de la Jama Masjid, grande mosquée de New Delhi, assurant que la communauté musulmane « n’accepterait jamais une telle décision ». Les leaders hindous ont également joint leurs voix aux protestations. Le Vishwa Hindu Parishad (Conseil mondial hindou) a fustigé le jugement de Delhi, déclarant que les pratiques homosexuelles allaient à l’encontre de la morale traditionnelle de l’Inde. (source : EDA)

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