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du 19 au 25 juillet 2009 (semaine 30)
 

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2009-07-25 - KEK
LE PASTEUR JEAN-ARNOLD DE CLERMONT

Au terme de sa présidence, le pasteur Jean-rnold de Clermont a évoqué les grandes heures qu'il a vécues et partagées en cette période et a donné ce qu'il estimait être les défis devant lesquels se trouvent la KEK dans l'avenir.

Quel événement aura marqué le plus vos années de présidence ?

" Mon souvenir le plus fort restera celui du 3 e Rassemblement œcuménique européen, à Sibiu (Roumanie) en 2007. Pour la première fois, j’ai senti la force d’une assemblée qui s’opposait aux orientations proposées par quelques spécialistes. Il y a eu un moment absolument extraordinaire, où l’assemblée s’est rebellée contre le projet de déclaration qui lui était soumis, refusant qu’une « soupe » œcuménique sorte de cette assemblée.

" À Sibiu, les chrétiens ont insisté sur la relation avec les pays du Sud, l’environnement, la justice sociale, mais aussi sur les dialogues interreligieux et œcuménique, appelant à reprendre la question de la reconnaissance commune du baptême. Ils ont cru au témoignage commun des chrétiens en Europe. Cela m’a donné un encouragement extraordinaire.

Les Églises perçoivent-elles une urgence de repenser leur relation dans une Europe sécularisée ?

" C’est difficile la KEK, vous savez ! On est confronté tous les jours aux tensions internes entre les Églises. Au sein de l’orthodoxie, les tensions entre Moscou et Constantinople ont été très fortes ces derniers temps. Elles sont en train de s’apaiser et je m’en réjouis beaucoup.

" Mais la première source de tension se situe dans le monde protestant : les « petites » Églises protestantes ont beaucoup mieux compris le phénomène de sécularisation et ce que le sociologue Jean-Paul Willaime appelle « l’appartenance à une sous-culture » au sein d’un ensemble culturel plus large.

" Les « grandes » Églises protestantes – allemande ou suisse – pensent, elles, que l’Église est encore superposable à la culture majoritaire ; elles n’ont pas encore pris conscience qu’il leur faut plus d’humilité pour construire un projet commun. La sécularisation nous rappelle que les Églises sont minoritaires par nature. La situation « normale » est celle d’un monde qui n’a pas à se soucier de Jésus-Christ.

" Le monde est un monde sans Dieu – et pourquoi le lui reprocherait-on ? C’est pourquoi les Églises doivent être des minorités de conviction, plutôt que des majorités sociologiques. Elles doivent apprendre à partager leurs convictions.

... " Je n’avais que très peu « pratiqué » l’orthodoxie qui est, sur le plan liturgique, l’opposé du protestantisme, si l’on peut s’exprimer ainsi… J’ai découvert toute une spiritualité, un lien à une Église qui traverse les âges, qui m’ont touché et enrichi. Mais c’est surtout la qualité des rencontres qui m’a frappé, ces hommes et femmes attelés au témoignage commun des Églises.

" Au cours de cette présidence, difficile, j’ai aussi beaucoup appris sur la nature humaine et sur la difficulté que nous avons probablement tous à nous préoccuper d’un bien commun plutôt que de nos intérêts personnels. J’ai enfin découvert le problème des différences culturelles : faire travailler ensemble des Français, des Anglais, des Allemands, des Nordiques et des Méditerranéens, c’est pratiquement la quadrature du cercle !

... " rêverai qu’il n’y ait plus de KEK, mais une Conférence des Églises chrétiennes en Europe, réunissant catholiques, protestants, orthodoxes, anglicans et pentecôtistes. Mais je crois qu’il ne faut pas penser en termes structurels aujourd’hui. D’ailleurs, notre XXI siècle ne le supportera pas. J’espère donc que dans dix ans, la KEK sera au cœur d’un réseau chrétien large, dont l’Église catholique constituera l’autre pôle.

" Dans le cadre des accords théologiques (dogmatiques, ecclésiologiques) actuels entre nos Églises, nous ne faisons pas la moitié de ce que nous pourrions faire ensemble. Personne n’a besoin de demander d’autorisation – à son évêque, ni à Rome, ni aux présidents de l’Église réformée – pour approfondir une vie de prière ensemble ou un engagement social commun.

" Il ne faut pas être naïf : le catholicisme a besoin du protestantisme, comme le protestantisme du catholicisme. Je n’envisage pas un seul instant une sorte de mixture des deux. Je dis simplement que nous pouvons faire ensemble beaucoup plus. C’est sous la pression des convictions de la base que les institutions ecclésiales se disent qu’il faut aller de l’avant." (source : La Croix)

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