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du 26 juillet au 1 août 2009 (semaine 31)
 

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2009-08-01
L'ISLAM ET LA DÉMOCRATIE

"La Civiltà Cattolica", la revue jésuite, qui est contrôlée par la secrétairerie d’État du Vatican, se demande si la démocratie est compatible avec l'islam, à la suite de la décision de la Grande-Bretagne d'accepter des tribunaux islamiques alternatifs.

Au moment où la Grande-Bretagne accepte sur son territoire, au nom du multiculturalisme, quelque 80 tribunaux islamiques alternatifs ayant comme norme non la Common Law britannique mais la charia, avec tout ce que celle-ci comporte de polygamie, de répudiation, de soumission de la femme et d’absence de liberté religieuse – on se demande au Vatican par le truchement de la revue des Pères jésuites, si la démocratie est compatible ou pas avec l'islam.

Cette information venant de Grande-Bretagne semble donner raison aux pessimistes. Mais, commente Sandro Magitser dans son site Chiesa, au Vatican on a plutôt une vision positive quant à la possibilité pour les Etats musulmans de devenir de véritables démocraties libérales, reconnaissant les libertés fondamentales et la parité de droits entre hommes et femmes.

L'auteur de l’article est le Père jésuite Giovanni Sale, historien, et son titre est : "Islam et démocratie". Après avoir affirmé qu’il n’y a aujourd’hui que deux Etats musulmans où l’on entrevoie des éléments de démocratie, le Liban et la Turquie, le P. Sale passe méthodiquement en revue les thèses qui, en Occident, se disputent le terrain.

"Sur ce sujet délicat, écrit-il, les analystes occidentaux se répartissent en trois catégories : les 'optimistes', eux-mêmes divisés en 'gradualistes et 'réalistes' (qui soulignent les exigences de la Realpolitik au plan international), les pessimistes et les sceptico-possibilistes".

Les optimistes réalistes sont les néoconservateurs arrivés sur le devant de la scène pendant la présidence Bush et décidés à implanter la démocratie dans les pays musulmans, mais également prêts à s’allier avec des régimes despotiques amis.

Le maître à penser des pessimistes est Samuel Huntington, qui estime qu’entre le monde musulman et la démocratie il y a une antinomie irréductible, qui produit un choc de civilisations.

Enfin les sceptico-possibilistes soutiennent que la démocratie ne doit pas être implantée dans les pays arabes par l’extérieur mais qu’elle ne peut naître et grandir dans ces pays que par l’intérieur. Toutefois beaucoup d’obstacles s’opposent à cette évolution, notamment le facteur religieux.

En conclusion, l'article de "La Civiltà Cattolica" rejette à la fois la thèse du choc des civilisations et celle, néoconservatrice, de l'exportation de la démocratie y compris par les armes.

En revanche elle montre qu’elle partage à la fois la thèse optimiste gradualiste de Bernard Lewis et l'avertissement des sceptico-possibilistes quant aux obstacles qu’il faut surmonter, dont le premier est l’obstacle religieux.

"L’Islam et la démocratie peuvent devenir compatibles à condition que l’élément religieux, avec toute sa richesse de contenus et d’expériences, serve de simple point de référence éthique et moral à l'action de l'interprète de la science sociale, sans prétendre dicter des normes à l’Etat et à la politique". (source : Chiesa et Civilta Cattolica)

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