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du 16 au 22 août 2009 (semaine 34)
 

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2009-08-22 - Soudan
ON M'APPELLE L'ÉVÊQUE DES REBELLES


" Certains m´appellent ´l´évêque des rebelles´, mais je ne fais pas de politique, je suis là pour les gens!", lance en plaisantant Mgr Gassis, évêque au centre du Soudan, un diocèse de près de 889.000 km2, grand comme 21 fois la Suisse.

De passage dans les paroisses de Suisse alémanique à l´invitation de l´oeuvre d´entraide catholique basée à Lucerne AED (Aide à l´Eglise en Détresse) , Mgr Gassis vit en fait depuis des années - à cause de la guerre - à Nairobi, au Kenya, et dans les Monts Nouba.

L'évêque soudanais est venu plaider la cause de cette population quasiment abandonnée par le gouvernement central de Khartoum, les organisations internationales voire les autorités locales issues du "Comprehensive Peace Agreement", l´accord de paix du 9 janvier 2005 qui a mis fin à un conflit qui déchirait le Soudan depuis vingt et un ans.

" Si on pense toujours aux chrétiens du Sud-Soudan, on oublie ceux qui vivent au centre du pays, déplore Mgr Macram Max Gassis, dont nombre de projets sont financés par l´AED. Même les missionnaires, quand ils parlent d´aider les chrétiens, ne se réfèrent qu´au Sud. "Ils ne parlent jamais des Monts Nouba, et c´est une grave faute. Car si l´Eglise ne pense pas aux Monts Nouba et perd cette région clef, le Sud sera en danger".

" Alors que la situation au Darfour est loin d´être stabilisée, une paix précaire s´est installée dans d´autres régions du Soudan depuis plus de quatre ans, après une cruelle guerre civile de 21 ans qui a causé la mort de 2 millions de personnes et fait deux fois plus de réfugiés et de déplacés.

" Mais l´absence de combats dans les Monts Nouba - une région difficile d´accès - ne signifie pas que les problèmes sont désormais réglés: dans une région où les infrastructures ont été complètement dévastées par les bombardements aériens ou les obus d´artillerie lourde, tout est à reconstruire.

" Les personnels formés - médecins, professeurs, cadres, etc. - ont depuis longtemps abandonné leur région natale pour se réfugier à Khartoum, dans les pays voisins ou plus loin encore. Les faire revenir, après tant d´années d´absence et alors qu´ils ont souvent une famille, n´est pas chose facile, tant qu´il n´y a pas d´écoles, d´hôpitaux ou de dispensaires, sans parler des places de travail. Dans cette région des Monts Nouba, l´Eglise est souvent la seule à s´engager dans le développement et le travail caritatif."

" Je visite chaque année des paroisses et des oeuvres d´entraide en Occident et je donne des interviews aux médias. Mon but est de faire connaître la situation du Soudan. Ce n´est plus seulement la question de la guerre ou de la paix qui est au centre, mais celle de la reconstruction: rassembler les pièces qui ont été brisées et dispersées par les combats. Détruire est très facile, reconstruire l´est moins, et le problème ne se situe pas uniquement au plan matériel et ne se réduit pas à reconstruire des murs."

" Aujourd´hui, les fidèles sur place attendent leur pasteur." Mais Mgr Gassis espère depuis longtemps que son diocèse, trop vaste pour un seul évêque, soit divisé dans le futur entre trois nouveaux diocèses: El Obeid-Nord-Kordofan, le Darfour et les Monts Nouba. "La guerre a séparé les Monts Nouba du reste du pays, et nous avons nos propres priorités.

" Les Noubas eux-mêmes n´aiment pas le nom El Obeid, cela sonne trop arabe. Nos fidèles ne veulent pas appartenir à El Obeid et ils estiment avoir le droit d´être indépendants. Nos écoles - comme toutes celles dans les zones contrôlées par le SPLA -, utilisent l´anglais, la zone gouvernementale utilisant l´arabe. Il y a une partition de facto".

" Durant la guerre, Khartoum avait essayé de tout arabiser, imposant tous les signes extérieurs en arabe, même à Juba. Avec l´accord de paix, tout a changé, et dans ces zones, l´anglais sera la langue de l´instruction publique. Quant à la circonscription de notre diocèse, la balle est dans le camp des instances romaines au Vatican. (source : AED et Apic)

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