Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 6 au 9 septembre 2009 (semaine 37)
 

-
2009-09-09 -
BENOÎT XVI AU VIETNAM, EST-CE POSSIBLE ?

Le gouvernement vietnamien « n’est pas opposé » à une visite du Pape au Viêtnam, déclare Mgr Pierre Nguyên Van Nhon éveque de Dalat. Avant de venir à Rome pour leur visite ad limina, les évêques avaient rencontré leur gouvernement.

Sans doute alors ont-ils reçu des émissaires du gouvernement vietnamien la consigne de faire savoir au Pape et à ses collaborateurs qu’une visite du Pape ne serait pas mal accueillie par le régime de Hanoi. Le cardinal Jean-Baptiste Pamh Minh Mân, archevêque de Hô Chi Minh Ville, a confirmé que cette sollicitation informelle est venue des fonctionnaires du Bureau des Affaires religieuses de Hanoi, qui l’ont confiée verbalement à l’archevêque de Hanoi Joseph Ngô Quang Kiêt. Mission accomplie avec promptitude.

Dans les rencontres qu’ont eues les évêques vietnamiens en juillet avec la Secrétairerie d’État, les premiers échanges généraux sur la façon de profiter au mieux de l’ouverture qu’ont manifestée – jusqu’ici, uniquement sous forme verbale – les autorités vietnamiennes.

D’ici la fin de l’année se réunira à Rome le groupe de travail institué pour promouvoir les relations diplomatiques entre Viêtnam et Vatican. Au cours de cette session, on pourra aussi examiner l’éventuelle visite papale en terre vietnamienne. Ensuite, en décembre, le président vietnamien Nguyên Minh Triet viendra en Italie en visite officielle, et pourrait même franchir la Porte de bronze pour être reçu en audience par le Pape.

Du côté de l'Église, il est prévu une année jubilaire, du 24 novembre 2009 janvier 2011 pour pour célébrer les 350 ans de la constitution des deux premiers vicariats apostoliques du pays et les cinquante ans de la constitution de la hiérarchie catholique au Viêtnam. Le programme des célébrations, qui se termineront par un pèlerinage au sanctuaire national de La Vang, prévoit aussi une grande assemblée ecclésiale à Hanoi, avec la participation des représentants de tous les diocèses vietnamiens.

La visite pontificale serait alors la bienvenue étant la consécration de la longue marche de détente entre le Viêtnam, le Saint-Siège et l’Église locale, marche entreprise il y a plus de vingt ans, après la période sombre qui a suivi l’unification du pays sous le régime communiste.

On doit au cardinal Roger Etchegaray, à l’époque président du Conseil pontifical Justice et Paix, d’avoir noué d'utiles contacts lors son voyage à Hanoi en 1989. Depuis lors, des délégations vaticanes se sont rendues pas moins de seize fois au Viêtnam pour résoudre avec patience les complications et les difficultés liées au contrôle politique de la vie ecclésiale, à travers la négociation avec les autorités civiles.

Avec le temps, les séminaires rouverts se sont remis à fonctionner à plein rythme, un modus vivendi sur le mécanisme de sélection des évêques a été trouvé, les préliminaires pour un déploiement toujours plus organisé des initiatives sociales et caritatives de l’Église ont été accomplis.

Certes ces derniers temps, dans certaines provinces, les rapports entre le régime vietnamien et certains secteurs de l’Église locale se sont de nouveau compliqués, en particulier à la suite de la requête de récupération des terres qui avaient autrefois appartenu à la paroisse de Thai Ha, où officiaient les Rédemptoristes, et dont l’usage avait été cédé à une entreprise touristique du gouvernement avec l’autorisation d’y construire un hôtel.

Les attaques verbales et celles des media inspirées par le gouvernement ont visé surtout l’archevêque de Hanoi Joseph Ngô Quang Kiêt a même été critiqué par le premier ministre Nguyên Tân Dung. Aujourd'hui c'est au même Mgr Kiêtque l'on confie . Ce qui la tâche de faire parvenir au Vatican l’invitation verbale destinée au Pape semble indiquer une détente dans les rapports entre le gouvernement et l’archevêque de Hanoi.

Dans tout cela, le Saint-Siège a gardé une attitude très prudente, invitant aussi les secteurs ecclésiaux les plus impliqués dans les protestations à privilégier la voie du dialogue et de la modération d'autant que l’Église a vu exaucée, dans le dialogue avec les autorités civiles, une série de requêtes bien autrement importantes sur le plan de la vie ordinaire de la société ecclésiale vietnamienne.

Depuis l’automne 2007, le séminaire de Nha Trang – après ceux de Hanoi et de Hô Chi Minh Ville – a aussi obtenu l’autorisation de recruter tous les ans de nouveaux candidats au sacerdoce, en reléguant aux archives l’ancien système qui limitait bureaucratiquement le nombre des séminaristes; après les nominations épiscopales les plus récentes, publiées le 25 juillet dernier, seul le diocèse de Ban Mêt Thuôt, au centre du pays, est encore dirigé par un évêque qui a dépassé les soixante-quinze ans; en octobre 2008, avec l’autorisation du Bureau gouvernemental pour les Affaires religieuses, a aussi repris vie, après plus de trente ans d’éclipse, la Caritas vietnamienne, réactivée au niveau national comme dans le réseau des différentes paroisses.

On dit même que la seule difficulté qu’aura à envisager l’“étude de faisabilité” du voyage pontifical est plutôt d’ordre concret: l’Église vietnamienne est une Église pauvre, les quelques ressources dont elle dispose sont totalement absorbées par la croissance de la communauté catholique qui se fait à un rythme providentiel.

Il audra chercher ailleurs les ressources pour offrir à l’Évêque de Rome l’hospitalité qu’il mérite. C’est de cela aussi qu’ont parlé les évêques vietnamiens dans leurs colloques romains. Dans l’espoir que quelqu’un – éventuellement quelque Église-sœur plus “riche” – mette la main à la poche. (source : Ucanews)


Retour aux dépêches