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FlashPress - Infocatho
du 11 au 14 octobre 2009 (semaine 42)
 

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2009-10-14 - "Foi et Constitution"
UNITÉ ET DIVERSITÉ DE L'ÉGLISE


Cinq orateurs, membres d´Eglises différentes ont éclairé ce chemin de l'Unité des Églises : Minna Heietamaki, de l'Église luthérienne, Maake Masango, pasteur réformé en Afrique du Sud, Marianela de la Paz Cot, de l´Eglise épiscopale à Cuba, Maria Ko Ha Fong, soeur salésienne à Hong Kong, le Métropolite Gennadios, éminent théologien orthodoxe.

" Pour moi, il ne s´agit pas tant de savoir dans quelle mesure l´unité de l´Eglise peut tolérer la diversité mais plutôt dans quelle mesure l´unité de l´Eglise a besoin de la diversité," déclare Minna Hietamaki. Elle valorise ainsi la notion de « communion », qui associe unité et diversité sans que l´une prenne le pas sur l´autre. La communion trinitaire étant le modèle de celle à vivre dans l´Eglise.

Pour assurer la cohérence et la continuité de l´Eglise, elle affirme aussi la nécessité d´une regula fidei (règle de foi), qui contient l´essentiel de l´enseignement chrétien.

En Afrique du Sud: la souffrance nous appelle à l´unité.Le point de départ du pasteur réformé Maake Masango est l´expérience de l´apartheid, « un adversaire trop puissant pour des Eglises divisées » (D. Tutu). Il raconte comment deux des quatre Eglises presbytériennes (réformées) de son pays ont pu s´unir. Un chemin avant tout de rencontre vivante entre personnes, où les membres de l´autre Eglise sont devenus des frères et soeurs dont on ne peut plus se passer.

Cette vie fraternelle a aussi un impact sur les questions théologiques et doctrinales: « Si notre attitude, dit M. Masango, est fraternelle et accueillante, alors notre théologie deviendra plus vraie ». Les négociations entre les deux Eglises ont eu des hauts et des bas au gré des tensions raciales. Particulièrement délicates ont été les négociations sur les questions financières liées aux fonds de pensions, mais elles n´ont pas pu arrêter les discussions: « Si les Eglises étaient incapables d´affronter leurs propres problèmes, nous n´aurions rien à dire au pays, moins encore aux opprimés ».

Dans les Caraïbes comme à Cuba, il faut découvrir les semence de la Sagesse jusque dans les religions populaires. S´appuyant sur l´injonction biblique à nous accueillir les uns les autres, comme le Christ nous a accueillis, Marianela de la Paz Cot, de l´Eglise épiscopale, défend une conception très inclusive de la communauté. Le Christ est au centre de celle-ci, mais Il nous interpelle toujours et échappe à nos catégorisations.

Dans le contexte des Caraïbes, où les Eglises entrent en contact avec la religion populaire d´origine africaine, cette théologienne veut apprécier les « semences de la Sagesse », présentes dans les autres religions. « Nous ne pourrons réaliser l´unité en restant simplement entre chrétiens, dit-elle: l´appel à l´unité doit se concrétiser entre les différentes religions ». Ces propos, qui élargissent l´oecuménisme vers une unité avec les autres religions ont provoqué de nombreuses interrogations. Comment intégrer les éléments d´autres religions? Jusqu´où va l´accueil? Quel discernement faut-il exercer?

Dans le contexte culturel de la Chine, nous avons à donner un témoignage de vie et spiritualité. Très minoritaires en Asie (3% de la population), les chrétiens ne veulent pas se résigner à être considérés comme des cultivateurs d´ »Eglises bonsaïs », des arbres d´origine étrangère qui ont été transplantés et continuent à pousser en pots. C´est en tout cas la conviction de Maria Ko Ha Fong, soeur salésienne à Hong Kong. Dans ce continent, où les gens ont une culture marquée par la recherche d´harmonie et d´unité, la division des chrétiens apparaît comme d´autant plus scandaleuse.

Les Eglises sont appelées à donner un témoignage de vie et de spiritualité, de dialogue dans un contexte multireligieux et de lutte contre la pauvreté et la discrimination. Pour relever ces défis, l´Eglise catholique s´appuie sur l´ecclésiologie de communion, qui est « au coeur de la conception que l´Eglise a d´elle-même » (Jean-Paul II). Avec au coeur de ce coeur la célébration de l´Eucharistie. Une ecclésiologie aussi centrée sur le Royaume de Dieu, avec cette conviction théologique qu´au coeur de la foi et de la pratique chrétiennes, il y a non pas l´Eglise avec tous ses éléments institutionnels mais plutôt le Royaume du Dieu Trine.

Pour revenir aux sources communes, il nous faut créer un nouvel espace ecclésial de co-existence. Vivant à Istanbul, l´antique Constantinople, le Métropolite Gennadios, éminent théologien orthodoxe a livré une profonde méditation sur le mystère de l´Eglise. Il estime que l´ecclésiologie demeure le problème crucial de la théologie chrétienne dans une perspective oecuménique. Quel est le profil orthodoxe de l´Eglise ?

Elle est d´abord une création nouvelle, la présence continue de la Pentecôte, une vie en communion, une participation à la communion trinitaire, l´unité des trois personnes divines étant le prototype de l´unité et de la diversité des personnes dans l´Eglise.

Au coeur de l´Eglise, il y a l´Eucharistie, où nous rencontrons le Christ tout entier - la tête et le Corps. Gennadios conclut en invitant à considérer l´avenir avec espérance: « l´unité de l´Eglise ne pourra être réalisée que si, dans un esprit de repentance, d´humilité et de discernement, nous revenons à nos sources communes ». Pour avancer avec hardiesse dans notre voyage vers l´unité visible, il appelle à chercher un nouvel « espace ecclésial de coexistence » oecuménique dans la perspective de célébrer un jour ensemble l´Eucharistie.

La rencontre de Foi et Constitution sur l´île de Crête aura été, durant quelques jours, une halte dans ce « long voyage ». Inspirés par ces présentations, les délégués vont poursuivre leurs réflexions sur la nature et la mission de l´Eglise. (source : COE)

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