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du 12 au 15 novembre 2009 (semaine 46)
 

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2009-11-15 - Chine
SERAIT-CE UNE RÉCUPÉRATION POLITIQUE ?

Malgré ses explications, la situation de l´évêque coadjuteur de Baoding, en Chine, sorti de la clandestinité en 2006, et son adhésion à l'Église officielle, demeurent confuses et provoquent des remous au sein de l´Eglise locale.

Agé de 60 ans, Mgr Francis An Shuxin est l´évêque coadjuteur du diocèse de Baoding, un des bastions de l´Eglise catholique en Chine, situé dans la province du Hebei. En août 2006, après dix années de détention en résidence surveillée, Mgr An vait a été libéré en acceptant d´exercer son ministère au grand jour, sans pour autant adhérer à l´Association patriotique des catholiques chinois, l´organe mis en place par le régime communiste pour imprimer sa politique sur l´Eglise catholique.

Trois ans plus tard, des informations faisant état de l´adhésion de Mgr An à l´Association patriotique provoquent de forts remous.

De fait, la situation de Mgr An, qui a choisi de sortir de la clandestinité pour oeuvrer à la communion des communautés catholiques chinoises peu avant la publication, en 2007, de la lettre de Benoît XVI aux catholiques de Chine, peut être caractérisée par un certain isolement. A Baoding, où les neuf dixièmes des catholiques sont résolument "clandestins", la démarche de Mgr An en 2006 n´avait pas été comprise. Son éventuelle adhésion à l´Association patriotique ne peut qu´accentuer l´ostracisme, sinon le rejet, dont il est l´objet de la part d´une partie des « clandestins », prêtres et laïcs confondus.

Certains catholiques sur place affirment que Mgr An a "subi des pressions" de la part de de la Congrégation de l´évangélisation des peuples (CEP), pour rejoindre l´Association patriotique.

D'ailleurs, d'une manière très inhabituelle, la CEP a publié une mise au point sous la forme d´un communiqué de presse, daté du 31 octobre et diffusé le 3 novembre. "Elle rejette catégoriquement ces affirmations qui sont dénuées de tout fondement".

Selon les observateurs, on peut craindre que les informations et rumeurs qui se propagent ces temps-ci ne fassent qu´accentuer la division de la communauté catholique locale, Le risque étant qu´un diocèse comme celui de Baoding devienne aussi difficile à gérer que certains diocèses du Fujian, où les divisions intestines nuisent gravement à la vie de l´Eglise.

Mgr An Shuxin a déclaré avoir accepté d’adhérer à l’Association patriotique en juillet dernier, non pour en prendre la tête, comme dans nombre d’autres diocèses de Chine populaire où l’évêque du lieu préside la représentation locale de l’Association patriotique, mais pour en être l’un des cinq vice-présidents, la présidence étant assumée par un prêtre de Baoding, le P. Joseph Yang Yicun. Il a ajouté qu’il assumait également dorénavant la fonction de directeur du Comité pour les Affaires de l’Eglise, structure chargée de coordonner les contacts avec l’administration chinoise.

Il espérait, dit-il, que son geste pourrait aider au développement du diocèse ... J’ai adhéré à l’Association patriotique pour le bien du diocèse afin de répondre à l’urgence de l’évangélisation."

Très conscient du fait que le pape Benoît XVI, dans sa Lettre aux catholiques chinois de 2007, a écrit que les « agences étatiques » exerçant un pouvoir sur l’Eglise en dehors du contrôle du Saint-Siège étaient « incompatibles avec la doctrine catholique », Mgr An a expliqué que bien que l’Association patriotique était sans conteste possible une agence étatique, le fait que les évêques et les prêtres y occupent des positions-clefs était une manière d’amener ces structures dans le giron de l’Eglise, le seul objectif poursuivi étant de contribuer à préserver la foi et les intérêts de l’Eglise.

" Nous demeurons soumis au Pape dans la foi et la doctrine de l’Eglise. Je n’ai rien promis à quiconque, sinon d’accepter d’assumer cette position au sein de l’Association patriotique », a-t-il déclaré à l’agence Ucanews, ajoutant que l’expérience des autres évêques dans d’autres diocèses avait démontré qu’« il n’[était] pas possible de travailler normalement si vous ne parven[iez] pas à vous faire reconnaître par les autorités." »

Appartenant à la communauté « clandestine » de Baoding, Mgr An Shuxin a passé dix ans en détention, de 1996 à 2006. En août 2006, il était libéré, suscitant la surprise et l’incompréhension d’une bonne part des prêtres et des fidèles « clandestins » de Baoding. Dans l’entretien accordé à Ucanews ces jours-ci, Mgr An reconnaît bien volontiers que sa décision a été incomprise par les siens.

" Après ma libération, en 2006, j’ai refusé d’adhérer à l’Association patriotique. J’ai changé d’avis après avoir lu la Lettre du pape", explique-t-il. Il ajoute en substance que la Lettre du pape laisse la décision de s’enregistrer ou non auprès des autorités civiles aux évêques placés à la tête des diocèses, ceux-ci agissant en consultation avec leurs prêtres et en ayant soigneusement pesé les conséquences de leurs actes. Il précise que, ces derniers temps, il a pris soin de communiquer régulièrement avec le Saint-Siège sur la situation du diocèse de Baoding et que la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, à Rome, a répondu positivement à ses efforts en vue de parvenir à la réconciliation de la communauté catholique locale. (source : EDA)

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