Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 19 au 22 novembre 2009 (semaine 47)
 

-
2009-11-22
UNE ESPÉRANCE DEVANT L'INDIFFÉRENCE RELIGIEUSE

Invité aux Journées du livre chrétien, Mgr Claude Dagens, membre de l'Académie française a repris le thème qu'il avait présenté à Lourdes lors de l'Assemblée des évêques :"Indifférence religieuse, visibilité de l'Eglise et Evangélisation."

A Tours, Mgr Claude Dagens est intervenu le samedi 21 novembre sur le sujet "Espérer en des temps de crise: le témoignage de la littérature."

La question de la place du catholicisme dans la culture et la société française n'est pas nouvelle : elle resurgit chaque fois qu'un siècle commence. Ainsi, en 1802. La Révolution française a profondément ébranlé notre pays et les interrogations se bousculent : serait-ce la fin du catholicisme ? Est-ce que la raison des philosophes des Lumières va chasser les obscurantismes de la religion ?

" C'est alors que paraît le retentissant « Génie du christianisme » de Chateaubriand célébrant les beautés de la religion chrétienne. Avec talent et intelligence, l'auteur évoque la fécondité inépuisable de la foi et de l'Église, à travers les dogmes, la liturgie, l'art, l'importance du sentiment religieux autant que de la raison pour connaître Dieu. Après la Révolution, le christianisme, politiquement affaibli, est donc reconnu comme une source d'inspiration spirituelle, ce qui est un paradoxe.

" Ce phénomène se reproduit en 1905. C'est la date historique de la loi de séparation entre l'Eglise et l'Etat. La « guerre des Deux France », selon l'expression de l'historien Emile Poulat, semble devoir durer longtemps. Combattus, affaiblis, les catholiques ont du mal à se situer. Au même moment, un renouveau catholique se manifeste dans le domaine de la culture.
" De grands noms illustrent ce rayonnement de la foi catholique : les poètes Claudel et Péguy, les philosophes Bergson et Maritain, puis, plus tard, les romanciers Bernanos et Mauriac. Là encore, il y a paradoxe entre l'affaiblissement politique et le rayonnement culturel et spirituel.

" Pour être honnête et réaliste, je dirais qu'à l'époque actuelle, les temps sont contrastés. La sécularisation a fait son œuvre. Elle interdit aux religions de régenter la société. L'historien et politologue René Rémond parle même du surgissement d'un anti-christianisme brutal.

" D'autres observateurs tels que Marcel Gauchet ont une appréciation différente. Il estime que la sécularisation oblige les traditions religieuses et en particulier la tradition catholique à se manifester autrement : c'est de l'intérieur de leurs convictions, à partir de leurs sources, que les croyants ont à manifester ce que la foi chrétienne a de spécifique, en particulier l'attachement à la dignité unique, inaliénable et irréductible de la personne humaine.

... "C'est dans ce lieu prestigieux qu'est l'Académie française, que je mesure à quel point la mémoire catholique est profondément inscrite chez beaucoup de ses membres, y compris chez ceux qui ne partagent pas notre foi. L'approche culturelle de la foi y est très présente. A l'heure même où certains se désolent de la crise d'identité du catholicisme se dessine ainsi une redécouverte de la nouveauté chrétienne au delà des ruptures de tradition que nous avons connues."

Les journées du livre chrétien se sont tenues à Tours du 20 au 22 novembre 2009 sur le thème "Espérance et littérature contemporaine." Lancées en 1987 par le P. Jean-Marie Onfray, ces journées ont lieu tous les trois ans et sont organisées par des chrétiens, catholiques, protestants et orthodoxes. (source : CEF)

Retour aux dépêches