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du 19 au 22 novembre 2009 (semaine 47)
 

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2009-11-22 -
LE SENS DU SYNODE DES ÉGLISES DU MOYEN-ORIENT


La décision de Benoît XVI de convoquer un Synode spécial pour les Églises du Moyen-Orient qui se tiendra en octobre 2010 est une décision pour le moins prophétique, au moment où ces Églises connaissent de telles souffrances.

Comme en témoignent le Centre Oasis, les différentes Églises du Moyen-Orient ont assisté, dans les dernières décennies, à tant de bouleversements: une longue série de guerres en Terre Sainte, au Liban et en Irak, des tensions politiques, une croissance du fondamentalisme, une économie à bout de force, qu’un moment de réflexion s’avère nécessaire.

La vie de ces communautés aux antiques traditions qui ont tellement contribué à la renaissance culturelle et économique de leurs nations respectives est devenue fragile dans différents secteurs. Ici et là, la condition de minorité commence à peser, à l’ombre d’une liberté religieuse qui se limite toujours plus à l’exercice du culte. Problèmes qui ont conduit des milliers de familles chrétiennes du Moyen-Orient à considérer lointain, si pas impossible, le vœu d’une cohabitation véritable et à opter pour l’émigration.

Les conséquences de cette méfiance sont présentes aux yeux de tous : depuis la moitié du siècle dernier jusqu’à aujourd’hui, le pourcentage des chrétiens de toutes dénominations s’est réduit drastiquement : au Liban, il est passé de 51 à 36 % de la population ; en Terre Sainte de 6,8 à 1,8 % ; en Irak de 3,2 à 1,4 %.

De plus, les catholiques des différentes Églises locales sont une minorité dans la minorité, étant donné qu’ensemble ils n’atteignent pas deux millions sur plus de onze millions de chrétiens dans la région : un million au Liban, 350 mille en Irak, 300 mille en Syrie, 200 mille en Égypte, 62 mille en Israël, 45 mille en Jordanie et 20 mille dans les Territoires palestiniens.

« Y aura-t-il encore des chrétiens au Moyen-Orient au troisième millénaire ? » se demandait Jean-Pierre Valognes il y a quelques années dans son volumineux Vie et mort des chrétiens d’Orient. « Sans aucun doute, répondait l’auteur, mais ils seront tellement peu nombreux pour parvenir à compter [...] Une des batailles les plus longues de l’Histoire est sur le point d’être perdue ».

Cependant, l’initiative du Synode veut être une opposition au pessimisme généralisé qui apparaît chaque fois qu’on évoque le futur des chrétiens au Moyen-Orient, une nouvelle espérance pour le Christianisme dans la terre où il est né.

En union avec toutes les Églises orientales, il veut ainsi proposer l'espérance à tous les catholiques du Moyen-Orient, appelés à s’interroger sur le sens profond de leur présence dans la région à la lumière du thème choisi : « Communion et témoignage ».

Il est vrai qu’en convoquant ce Synode, le patrimoine de foi que les communautés chrétiennes du Moyen-Orient ont vécu et vivent encore, souvent jusqu’au martyre, sera sous les yeux de toute l’Église, mais le Pape demande à ces mêmes communautés un effort supplémentaire. Les Églises locales seront appelées particulièrement à rendre encore plus crédible leur témoignage de l’Évangile parmi leurs compatriotes musulmans.

Et les catholiques, nonobstant leur nombre réduit, peuvent faire beaucoup grâce à leur engagement social et éducatif qui n’a jamais fait défaut. Il suffit de penser au vaste réseau d’écoles et d’institutions catholiques qui, du Liban à l’Égypte, sont ouvertes sans aucune discrimination aux musulmans et qui contribuent au progrès de la société.

Face aux défis en cours, il devient plus urgent pour les Églises locales de témoigner de leur unité dans la terre-berceau du Christianisme plutôt que de chercher à mettre en valeur leurs patrimoines et leurs traditions dans les nouveaux pays de la diaspora.

Dès maintenant le Centre Oasis nous permet de suivre la préparation de ce Synode. Née en 2004 comme centre d'études d'une intuition du cardinal Angelo Scola, archevêque de Venise, Oasis s'est constituée depuis 2009 en fondation internationale.

Oasis est vouée à la promotion la connaissance réciproque et la rencontre entre chrétiens et musulmans, avec une attention particulière à la réalité des minorités chrétiennes dans les pays à majorité musulmane.

Oasis s’appuie sur un vaste réseau de rapports internationaux. Dans le comité promoteur figurent, aux côtés du cardinal Scola, les cardinaux Philippe Barbarin (Lyon), Josip Bozanic (Zagreb), Péter Erdö (Budapest), Christoph Schönborn (Vienne), le Patriarche Fouad Twal (Jérusalem) et les évêques Camillo Ballin (Koweït), Paul Hinder (Émirats), Jean-Clément Jeanbart (Alep), Maroun Lahham (Tunis), Anthony Lobo (Islamabad), Francisco Javier Martínez (Grenade) et Joseph Powathil (Changanacherry). Le comité scientifique comprend des islamologues, philosophes, sociologues, historiens et juristes. (source : Oasis)


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