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du 27 au 30 novembre 2009 (semaine 48)
 

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2009-11-30 - Indonésie
AU LENDEMAIN DE LA VOTATION SUISSE

Pour "suisse" que soit la votation contre les minarets, elle a une portée internationale. Et l'actuel voyage du cardinal Tauran enIndonése en est l'illustration. La décision du peuple suisse doit aussi être analysée sous son volet religieux.

Sans négliger les présupposés politiques de cette décision de la Confédération, il importe aussi de comprendre quelles racines chrétiennes y sont présentes dans cette peur ressentie comme une atteinte qui dépasse un paysage mais rejoint un projet de société.

Il est intéressant de noter que tant la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) que la Conférence des évêques suisses (CES), regrettent le résultat de ce vote qui représente une « énorme déception » pour l'iman de la mosquée de Genève, Ibram Youssef.

Les protestants disent : « il est inadmissible que des minorités religieuses doivent maintenant s'attendre à une inégalité de traitement. ». Les catholiques précisent : « l'interdiction de la construction de minarets ne contribue pas à une saine cohabitation des religions et des cultures, mais au contraire la détériore. (...) la paix religieuse ne vas pas de soi, elle doit toujours être défendue ».

Et c'est là que le voyage du cardinal-président du Conseil pontifical pour le Dialogue Interreligieux est à prendre en considération.

Il est actuellement en Indonésie, le plus grand pays musulman du monde. Il est venu dialoguer avec des représentants islamiques, car en cette région d'Asie il y a à découvrir un modèle de dialogue qui est un prélude au principe de
réciprocité que l'Église catholique entend être une réalité d'avenir.

Et ce modèle, même imparfait en Indonésie, est très proche de l'idée du dialogue entre les religions préconisé à plusieurs reprises par Benoît XVI : le dialogue entre les différentes cultures permet d'entendre et de comprendre l'autre, quand les différences doctrinales et théologiques sont admises comme différences, mais non laissés dans l'arrière-plan.

Toute la stratégie de l'Eglise catholique de Benoît XVI consiste en effet à favoriser le courant modéré de l'islam qui ne parvient pas à trouver son unité mais qui, lui aussi, lutte contre le fondamentalisme et l'extrémisme islamique.

Il y a un an, le Vatican accueillait un premier sommet de dialogue avec le monde musulman, sommet provoqué à l'initiative du courant modéré musulman, Jordanie en tête, qu'on avait vu s'exprimer lors des trois jours que Benoît XVI a passés dans le royaume hachémite.

Le même cardinal Tauran, qui pilotait cette rencontre, mène jusqu'au 2 décembre, un dialogue d'égale intensité avec l'islam indonésien, l'un des plus puissants du monde.

Et c'est au cœur de ce dialogue que l'Eglise catholique place aussi une demande constante : celle de la « réciprocité ». Réciprocité pour construire des églises dans les pays où elles sont interdites. Réciprocité dans le respect pour la pratique de la foi chrétienne quand les chrétiens sont persécutés.

Quant à la question des minarets, l'Eglise catholique ne s'y oppose pas en tant que tel. Elle estime que les croyants d'une religion ont le droit d'accéder à un lieu de culte digne et décent. Et cela vaut pour les chrétiens en terre islamique.

Et cela, Benoît XVI l'a répété à maintes reprises lorsqu'il reçoit les lettres de créance des ambassadeurs ou accueille des Chefs d'État.

Le 27 novembre, Mgr Antonio Maria Veglio, le «ministre» de la migration, l'a dit lors de la conféence de presse au sujet de la Journée des Migrants. A la base du dialogue avec l'islam, il doit y avoir le principe de réciprocité. Et cela concerne également les lieux de culte. Même dans les pays à majorité islamique, d'autres religions que l'islam doivent être en mesure
de vivre leur foi dans des lieux de culte appropriés.

La possibilité de construire de nouvelles églises en Indonésie est l'une des demandes que le cardinal Tauran va adresser au président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono au nom de l'Église locale. Plus que dans d'autres pays musulmans, une réponse positive semble pouvoir y être donnée. (source : Service de presse du Vatican)


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