08.01.04
- Où en sont les relations
oecuméniques. .
L'ancien secrétaire du Conseil oecuménique des Eglises,
le COE, estime que le dialogue interreligieux est aujourd'hui en tête
des défis que doivent relever les Eglises, mais aussi que des liens
noués avec l'Eglise catholique après le Concile Vatican II, se sont
maintenant défaits.
Dans un entretien accordé à l'agence oecuménique ENI,
le pasteur Konrad Raiser juge les relations du COE avec l'Eglise catholique
"ralenties au cours des dix dernières années." Dans le
même temps, le dialogue interreligieux est en tête des défis à
relever par les Eglises.
Commentant l'importance du dialogue interreligieux, le pasteur Raiser
estime que "ce sera aussi un défi oecuménique parce qu'il appelle les
Eglises à réexaminer leur conception de la place du christianisme dans
un monde de pluralisme religieux". "Les attentes, le rêve, la vision
sous-jacents d'une hégémonie chrétienne qui pourraient avoir stimulé
et inspiré le mouvement oecuménique des générations antérieures ont
certainement pris fin. C'est pourquoi la communauté chrétienne, les
Eglises chrétiennes doivent repenser leur place pour éviter de devenir
une source de problèmes interreligieux et pour contribuer à leur solution."
Les tensions entre les religions ont été en partie exacerbées, a fait
remarquer le secrétaire général sortant, par le processus de la mondialisation
fondé "sur la conception d'un marché potentiellement sans limites, qui
fait des activités humaines et de tous les biens des produits pouvant
être commercialisés". Par réaction, a-t-il ajouté, "nous avons vu se
dégager une tendance de politique identitaire, une tendance à défendre
des identités collectives de plus en plus étroites, sur une base ethnique,
nationale ou culturelle, afin de marquer une différence au sein d'une
masse collective homogène de consommateurs et participants au processus
de marché."
Konrad Raiser a averti toutefois qu'il ne fallait pas écarter complètement
la mondialisation, en soulignant que le message chrétien contient un
appel universel, et que le COE a comme objectif aussi bien l'unité de
l'Eglise que l'unité de l'humanité. le mouvement oecuménique traversait
et traverse encore un de ces processus stimulants et potentiellement
très fructueux de transformation... Les divisions confessionnelles traditionnelles
entre les Eglises deviennent moins importantes, mais à leur place surgissent
de nouvelles sources de controverses, comme la question de l'homosexualité
qui ont divisé ces derniers mois la Communion anglicane... Elles peuvent
engendrer davantage de divisions et développer une plus grande force
de discorde que beaucoup de controverses doctrinales."
S'exprimant sur les relations avec l'Eglise catholique romaine qui,
même si elle n'en est pas membre, a des représentants au sein de deux
commissions du COE, Konrad Raiser a fait remarquer que certains signes
montraient que "les avancées se sont ralenties au cours des dix dernières
années". Alors que l'on peut comprendre que le Vatican ait pris la décision
de ne pas rejoindre le COE, "les espoirs en un renforcement des domaines
de coopération ne se sont pas réalisés. En fait, un bon nombre de ces
liens, noués après le Concile Vatican II, se sont défaits depuis."
Pourtant, a-t-il fait remarquer, l'on peut voir que des sections de
la Curie romaine semblent intéressées par un rétablissement des contacts
avec le COE, et qu'un débat a lieu sur "une nouvelle configuration du
mouvement oecuménique organisé" qui dépasserait le COE et l'Eglise catholique
romaine.
Abordant la question de l'avenir, Konrad Raiser a déclaré croire en
"l'oecuménisme du peuple". Il ne faut plus, a-t-il dit, "nous laisser
arrêter par des problèmes très abstraits car nos leaders ne pourront
que recommander la patience et la prière. Ce n'est plus assez. Je pense
que nous devons dépasser les cadres institutionnalisés d'un oecuménisme
organisé qui, devenu trop lourd, absorbe trop notre énergie, pour libérer
le potentiel qui existe parmi le peuple de Dieu."
Après avoir occupé le poste de secrétaire général du COE, le pasteur
allemand Konrad Raiser s'est retiré le 1er janvier pour laisser la place
à son successeur, le pasteur kenyan Samuel Kobia. Ce dernier a été élu
le 28 août 2003 à Genève par les 134 membres votants du Comité central
du COE. (source : eni)
Pour plus d'informations : Agence ENI
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