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17.01.04 - Israël : Point de vue religieux et point de vue politique.

Les deux grands rabbins d'Israël, à l'issue de leur rencontre avec Jean Paul II, ont fait le point de ce que peuvent être les relations entre l'Eglise et le Judaïsme, entre le Vatican et l'Etat d'Israël.

Ils ont effet tenu une conférence de presse en la salle du conseil de la grande synagogue de Rome, que Jean-Paul II a visitée le 13 avril 1986. Cette visite était l'occasion de féliciter le pape, ont souligné les rabbins, pour ses 25 ans de pontificat qui seront aussi marqués demain, 17 janvier, au Vatican, par le concert "pour la réconciliation" entre Juifs, Chrétiens et Musulmans.

Ils ont exprimé leur désir de voir combattu le terrorisme, lié, expliquait le rabbin Metzger, à l'antisémitisme. Ils citaient les paroles de Jean-Paul II invitant à la formation des consciences" pour que toute personne apprenne "à considérer l'antisémitisme et toute forme de racisme comme des péchés contre Dieu et contre l'humanité".

Ils ont également demandé au pape de bien vouloir exercer son influence morale en faveur du sort des soldats israéliens prisonniers de guerre, en particulier du Hezbollah : l'incertitude sur leur sort - sont-ils morts ou prisonniers? - pose de graves questions humanitaires et religieuses, soulignaient les rabbins. Ils citaient les mères dans l'ignorance du sort, voire de la tombe, des disparus, ou la situation de leurs femmes - veuves.

Ils avaient également demandé au pape de faire un geste comme le don d'un objet du culte juif. Interrogés sur la nature de cet objet du culte, les rabbins ont répondu qu'ils laissaient à la discrétion de Jean Paul II un choix éventuel dans ce sens. Interrogés sur la présence ou non de la "Ménorah" (chandelier à sept branches du Temple de Jérusalem) que des rumeurs disent en la possession du Vatican, les rabbins ont déclaré ne pas vouloir entrer dans des considérations sur ces "rumeurs", les autres sujets dont ils sont venus parler avec Jean-Paul II étant trop importants pour laisser ce sujet focaliser l'attention.

Avec un sourire, le rabbin Amar a déclaré que cette question est à laisser au "Roi Messie", en poursuivant "le dialogue et la compréhension" au lieu de soulever des questions qui conduisent à des différends.

A l'occasion du 18e anniversaire de la visite de Jean-Paul II à la grande synagogue de Rome qui fête ses cent ans - sa construction a été achevée en 1904 -, le rabbin Metzger a également renouvelé à Jean Paul II une invitation à se rendre à Jérusalem. Il soulignait que 2004 sera aussi l'année du 10e anniversaire de "l'Accord fondamental" entre le Saint-Siège et l'Etat d'Israël.

Pour le rabbin Amar, la plus grande difficulté entre les personnes et les communautés est "le manque de communication", l'impossibilité "de comprendre" ou "d'écouter" l'autre, chacun restant dans sa pensée et son point de vue: il faut "se parler" insistait le rabbin. Dès que l'on se parle "de façon authentique", continuait-il, il y a "une semence, un début d'espérance". Il se réjouissait dans ce sens des réunions interreligieuses organisées à Rome, à Jérusalem, en Espagne, en Amérique. Ces rencontres, disait-ils, peuvent aider à "surmonter les difficultés qui existent au niveau politique".

"J'apporte des salutations de paix de Terre Sainte", a dit en italien le grand rabbin Metzger à Jean Paul II au début de l'audience. Il a insisté sur la lutte contre l'antisémitisme et le terrorisme en disant: "Hier nous étions persécutés parce que nous n'avions pas d'Etat (Medina) et aujourd'hui parce que nous en avons un", déclarait le rabbin ashkénaze, en disant sa préoccupation devant la développement du terrorisme: il disait avoir lancé un appel aux chefs religieux musulmans pour qu'ils empêchent l'augmentation du terrorisme sous prétexte de la religion.

" Il faut au contraire, revenir "autour de la table" pour parler, insistait le rabbin Amar, car lorsqu'il y a dialogue, il y a déjà un début de solution. Il insistait sur deux notions: "patience" et "tolérance", pour construire des "ponts" pouvant conduire à ce dialogue et pouvoir "écouter la sagesse des autres", quand "chacun pense avoir raison". "Si nous avions tous une disponibilité de ce point de vue, le monde serait déjà différent", concluait le rabbin.

A ce propos, un communiqué de l'ambassade d'Israël près le Saint-Siège évoque, à propos de la visite de ce 16 janvier, une "visite historique" en retour de la visite que Jean-Paul II a faite en 2000, lors de son pèlerinage jubilaire à Jérusalem.

Le communiqué cite cette parole prononcée alors par Jean-Paul II: "Nous devons travailler ensemble pour construire un avenir dans lequel il n'y aura plus ni anti-judaïsme parmi les chrétiens ni anti-christianisme parmi les Juifs". (source : vis/apic)

Pour plus d'informations : Agence APIC

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