22.01.04
- Les réalités du
Forum social mondial.
Les participants du Forum Social Mondial en Inde ont découvert
une autre réalité qu'à Porto Alegre, où
c'était encore le monde occidental. A Bombay, ils ont découvert
l'Asie et ses exigences d'avenir.
Il y avait l'enthousiasme. Il y avait aussi l'impression d'être
perdu dans un autre univers qui vous laissait à côté
de la vie réelle de cette mégapole, presque insensible
à ce rassemblement de 100.000 participants, qui se sentaient
alors comme marginaux. Le reste du monde est loin de la réalité
vécue en Inde et à Bombay. " Nous avons souvent un discours
qui ne colle pas avec les réalités concrètes des gens... Nous devons
favoriser une culture de propositions qui viennent d'en bas." Telles
sont les constatations qu'ont faites les correspondant du quotidien
catholique français "La Croix". " L'Inde des exclus
a rencontré le monde à Bombay. "
Les aspects négatifs et les aspects positifs sont à mettre
à l'actif d'une telle rencontre. Un participant sud-américain
se félicitait de ce " Forum de la poussière ", car il en manquait à
Porto Alegre, où " plus de 70 % des participants avaient fait des études
supérieures ". "Voir des intouchables venir vous demander une carte
de visite ou simplement vous donner leur main est un sujet important
pour moi, même si certains sont blasés de tout cela ", résumait hier
Henry Rouillé d'Orfeuil, président de Coordination-Sud.
En ce sens, Bombay aura montré qu'il convient d'inventer une nouvelle
forme de discussion et de proposition. " Nous avons souvent un discours
qui ne colle pas avec les réalités concrètes des gens. Nous devons favoriser
une culture de propositions qui viennent d'en bas ", affirme Candido
Grzybowki, un des fondateurs brésiliens du Forum social mondial. Tous
ces discours en effet avaient de quoi conforter les Indiens dans le
sentiment que ce Forum n'était qu'une foire internationale d'ONG occidentales.
Ces vastes conférences ,même traduites, ont surtout donné la parole
à des " vieux crocodiles sur la brèche depuis les années 1960 et qui
répètent le même discours ", confiait un responsable d'une ONG française.
Les séminaires et ateliers censés bâtir un autre monde auront, eux aussi,
pâti du problème de la langue. La mondialisation du langage n'existe
pas. " Quand les séminaires se déroulaient en hindi, seuls les Indiens
pouvaient y participer. Quand ils étaient en anglais, beaucoup d'entre
eux en étaient exclus. Pour communiquer, il est essentiel de revoir
notre système de traduction. Il faudrait aussi sans doute investir dans
une équipe de travail qui fasse ressortir nos propositions concrètes
", résume Jean-Marie Fardeau, secrétaire général du CCFD.
On envisage les prochains Forums à Porto Alegre puis en Afrique.
Mais là aussi nouveaux problèmes que Bombay a mis en lumière.
En coulisses, à la manière des gouvernements qu'ils dénoncent, les Africains
francophones soutiennent Dakar ou les anglophones l'Afrique du Sud.
" Nous avons beaucoup de mal à expliquer à nos partenaires africains
l'esprit du Forum, qui est à l'opposé de celui d'une logique de délégations
nationales, mais qui doit partir de la base ", soupirait hier un participant
du Forum de Bombay. (source : La Croix)
Pour plus d'informations : La Croix
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