24.01.04
- Polémiques autour du film
"La Passion"..
Un mois avant sa sortie le Mercredi des Cendres, le 25 février,
le film de Mel Gibson, "La Passion", suscite une polémique croissante
entre ses défenseurs et ses détracteurs, polémique
dans lequel on fait dire au pape ce qu'il n'a jamais dit.
Le 22 janvier, M.Joaquín Navarro-Valls, Directeur de la Salle-de-Presse
du Saint-Siège, a mis les choses au point en faisant la déclaration
suivante: "Après m'être entretenu avec Mgr.Stanislaw Dziwisz, son Secrétaire
personnel, je suis en mesure de confirmer que le Saint-Père a vu le
film "The Passion of the Christ", transposition artistique
de l'événement historique constitué par la Passion de Jésus tel que
l'Evangile le rapporte". "Traditionnellement, le Pape n'exprime pas
de jugements publics sur des créations artistiques, ce type de jugement
restant du domaine des évaluations esthétiques".
Le film, tourné partiellement en araméen et en latin, deux langues parlées
il y a 2.000 ans, doit sortir le 25 février, mercredi des Cendres. "Je
pense que le pire est à venir", a dit cette semaine l'acteur et réalisateur,
Mel Gibson, lors d'un rassemblement de 3.500 pasteurs évangéliques à
Orlando (Floride), qui ont eu droit à une avant-première commentée.
C'est un Australien catholique, ultra-conservateur pratiquant, qui ne
reconnaît pas les réformes du concile, et qui défend l'oeuvre qu'il
a écrite, produite et réalisée, ainsi que financée à hauteur de 25 millions
de dollars.
La polémique, qui dure depuis des mois, a rebondi le jeudi 22 janvier
avec la réaction du Comité juif américain (AJC), qui a vu dans le film
: "une régression inquiétante, après les progrès significatifs des relations
entre juifs et chrétiens intervenus depuis 40 ans". Après avoir visionné
le film, des experts de l'AJC se sont alarmés des éléments antisémites
qu'ils y ont décelés, craignant qu'ils n'attisent les divisions entre
fidèles des différentes religions. "Le film réimpose ces stéréotypes
sur les juifs, qui ont été rejetés par la plupart des dirigeants catholiques
et protestants", s'est indigné le directeur de l'AJC David Elcott.
La Ligue anti-diffamation, une organisation américaine de lutte contre
l'antisémitisme, condamne le film depuis plusieurs mois. "Il présente
sans ambiguïté les autorités et une horde de juifs comme les responsables
de la crucifixion de Jésus", a accusé son directeur, Abraham Foxman.
Le doyen et fondateur du Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles, le
rabbin Marvin Hier, a assuré que depuis le début de la polémique, des
centaines de courriels antisémites avaient été adressés à son organisation.
Plusieurs experts et organisations catholiques ont également reproché
au film de faire des juifs des déicides, une doctrine officiellement
démentie par l'Eglise catholique en 1965 dans le cadre du concile Vatican
II. "Nous sommes vraiment très inquiets que ça puisse provoquer une
grande crise entre chrétiens et juifs", a déclaré une théologienne de
New York, la religieuse Mary Boys.
Mel Gibson a reçu le soutien de certains critiques
et groupes chrétiens. "C'est incroyable", s'est émerveillé le révérend
Ted Haggard, président de l'Association nationale évangélique américaine.
"C'est d'abord une grande oeuvre d'art, c'est la première fois que j'ai
eu l'impression qu'un film montrait la vie du Christ avec une telle
authenticité. J'avais l'impression qu'ils avaient pris une caméra pour
l'installer 2.000 ans dans le passé".
Le Vatican, pour sa part, a donné des signaux contradictoires sur l'avis
que porte le pape sur le film. Le secrétaire personnel du pape, l'archevêque
polonais Stanislaw Dziwisz, avait démenti au début de la semaine, dans
une interview à l'agence CNS, organe de la conférence épiscopale américaine,
que Jean Paul II ait donné un satisfecit au film. Le prélat polonais,
qui s'exprime extrêmement rarement en public, avait en particulier démenti
que le pape ait dit "cela s'est passé comme cela", après avoir visionné
le film, comme l'ont rapporté plusieurs medias.
Il a déclaré jeudi que Jean Paul II l'avait vu, et qu'il n'avait pas
fait de commentaire public, après que furent publiées des informations
sur son approbation supposée. Sans porter directement un jugement sur
le film, le porte-parole du Vatican Joaquin Navarro-Valls a fait seulement
valoir qu'il s'agissait d'une "transposition cinématographique du fait
historique de la Passion de Jésus-Christ, selon le récit évangélique".
Le secrétaire personnel du pape, l'archevêque polonais Stanislaw Dziwisz,
avait cependant démenti au début de la semaine, dans une interview à
l'agence CNS, organe de la conférence épiscopale américaine, que Jean
Paul II ait donné un satisfecit au film. Le prélat polonais, qui s'exprime
extrêmement rarement en public, avait en particulier démenti que le
pape ait dit "cela s'est passé comme cela", après avoir visionné le
film, comme l'ont rapporté plusieurs medias. (source : vis/cns)
Pour plus d'informations : Service de
presse du Vatican
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