09.02.04
- Ouganda : Ils restent au balcon.
La Communauté internationale reste au balcon tandis que se poursuit
l'incroyable cruauté des rebelles de Joseph Kony, un fou visionnaire
à la solde de Khartoum.
Le P. Albanese, religieux combonien, nous rappelle les tristes réalités
de la souffrance de tout un peuple : "Il suffit pour cela, dit-il,
de se rendre pour une visite, dans l'Ouganda septentrional, à l'hôpital
gouvernemental de Lira, mis sur pied par les Anglais pendant la période
coloniale, pour répondre aux exigences plus limitées à l'époque qu'aujourd'hui.
Au fil des ans, les édifices se sont malheureusement fortement dégradés.
Les conditions d'hygiène des plus mauvaises rendent les départements
réduits et étroits un véritable enfer. Mais le tourment croît lorsque
l'on entre dans le deuxième département, celui des femmes, où les blessés
provenant du camp de réfugiés d'Abia, attaqué mercredi soir par les
rebelles de l'Armée de résistance du seigneur (LRA) ont été transportés:
ils sont partout, sur des brancards, des lits et allongés sur des nattes
à même le sol.
On reste bouche bée devant de petites créatures comme Akullu Eveline,
une fillette de 10 ans, avec la tête et la poitrine complètement brûlées
par les flammes. A côté d'elle, une femme âgée, accroupie, prend soin
d'un enfant de 8 ans, Odongo, hospitalisé dans le département des femmes,
avec une blessure voyante à l'estomac produite par un couteau. La femme
se présente comme étant sa tante et raconte que les rebelles ont tué
dans le camp d'Abia, son père, sa mère et ses trois frères.
Le département n°6, la pédiatrie, est le pire de tous. Une infirmière
, s'appelant Ester, narre avoir perdu à Abia sa soeur avec 7 enfants
morts eux aussi carbonisés. A droite et à gauche de la salle il y a
des lits avec de nombreux enfants, entre 4 et 8 ans. Dix d'entre eux
viennent d'Abia et sont tous dans un piteux état à cause des divers
traumatismes subis durant le raid de la LRA.
Le Père Sebhat Ayele, combonien, secrétaire et porte-parole du Lango
religious leaders forum (LRLF), a passé au moins deux heures vendredi
après-midi, avec sa consoeur infirmière, Fernanda Pellizzer, pour recueillir
des informations sur les victimes. Il est malheureusement difficile
de savoir pour le moment avec exactitude combien de personnes ont perdu
la vie à Abia. Les gens, en Lango, la langue locale, disent "apol ata"
("Beaucoup, incalculables"). Il semble en effet prématuré de dresser
un bilan global.
Une cinquantaine de cadavres ont été identifiés, mais des sources indépendantes
provenant d'Abia considèrent que le chiffre pas encore définitif soit
bien plus élevé, nombre desquels sont carbonisés. Il ne faut pas exclure
qu'il y ait plus de victimes, si l'on considère que 8.000 personnes
se trouvaient dans le camp de réfugiés, dont un bon nombre survivaient
déjà dans des conditions fort difficiles à cause de la malnutrition
et de maladies comme la malaria.
En sortant de l'hôpital, le P. Sebhat, visiblement ému, a dit: "Face
à cette tragédie il ne reste qu'à prier pour que les gens aient le courage
de continuer à vivre". Pendant ce temps Kony, un fou visionnaire à la
solde de Khartoum, continue de terroriser les gens dans tous les districts
du nord de l'Ouganda, tandis que la communauté internationale continue
de rester au balcon." (source : misna)
Pour plus d'informations s'adresser à : Agence
Misna
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