14.02.04
- Un patriarcat gréco-catholique
en Ukraine.
Le Père jésuite Robert Taft, dans un journal catholique américain,
critique la prudence excessive du cardinal Kasper et du Vatican pour
instaurer un patriarcat gréco-catholique en Ukraine.
Le P. Robert Taft est professeur émérite à l'Institut Pontifical Oriental
et un des pionniers dans le dialogue avec l'orthodoxie. Sa longue interview
a paru dans le "National Catholic Reporter", l'hebdomadaire catholique
progressiste américain, à la veille du voyage que le cardinal
fera à Moscou du 16 au 20 février.
" Dialoguer est une bonne chose, mais si "les autres" sont dans
l'erreur, il faut le leur dire en public, non pas en privé et à voix
basse comme on l'a toujours fait jusqu'ici." Selon le P. Taft,
il devrait y avoir avant tout un Patriarcat gréco-catholique en Ukraine
et l'archevêque de Lviv, le cardinal Husar, devrait être Patriarche.
Or le Vatican s'y oppose parce qu'il craint une dure réaction du Patriarcat
orthodoxe de Moscou.
"Mon conseil aux Ukrainiens - explique le P. Taft - est de faire deux
choses. Tout d'abord, déclarer publiquement l'existence d'un patriarcat.
Ensuite, demander la reconnaissance de Rome et si elle n'arrive pas
renvoyer toutes les lettres non adressées au patriarcat. Ne pas le supposer
mais le faire. Le Secrétariat d'Etat envoie-t-il une lettre à l'archevêque?
La renvoyer sans l'ouvrir, avec l'inscription: adresse inconnue".
Le jugement à l'encontre du cardinal Kasper et de sa politique de prudence
envers les orthodoxes, pour ne pas les mécontenter, est également sévère:
"Kasper a pour tâche de construire des ponts avec les orthodoxes et
non de les détruire". "Absurdes": ainsi sont définies les prétentions
orthodoxes selon lesquelles l'Eglise ne doit pas faire œuvre d'évangélisation.
"Le problème, déclare catégoriquement le Père jésuite,
est que personne ne parle clairement parce que personne ne sait pas
ce que moi, en revanche, je connais bien. Il y a des prêtres orthodoxes
qui font du prosélytisme parmi les catholiques, et de cela nous sommes
certains. Les orthodoxes russes ont ouvert une paroisse à Palerme, en
Sicile. Qui est le prêtre? Un catholique converti. Lorsqu'elle a été
ouverte, le journal du Patriarcat de Moscou a dit clairement qu'il s'agit
d'un pas en avant dans la redécouverte de l'héritage byzantin de la
Sicile".
La description du monde orthodoxe russe, faite par le P. Taft, est assez
"originale" et assez "catégorique" dans sa
simplification. Il y distingue au moins "trois groupes". Le premier
est celui de droite "qui est d'accord pour qualifier Raspoutine de saint."
Ensuite il y a ceux qui ont étudié, "tels que le métropolite Kirill
de Smolensk, ouvert, œcuménique et intelligent", mais "ils constituent
une minorité". Et enfin, il y a "un groupe conservateur" mais qui n'apparaît
pas en public à visage découvert. Ainsi, dans toute cette situation,
le Patriarche est un "otage". Et dans les relations réciproques il faut
"affronter" les orthodoxes, leur dire "en face" ce qui ne va pas."
Le Vatican et la cardinal Kasper n'ont pas attendu le P. Taft pour le
dire fraternellement aux responsables de l'Eglise-soeur orthodoxe. (source
: vid)
Pour plus d'informations s'adresser à : National
Catholic Reporter
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