11.02.04
- France : Le voile islamique ne
fait pas l'unanimité .
L'adoption par l'Assemblée nationale française, le mardi 10
février, du projet de loi prohibant le port "ostensible" de signes
religieux à l'école publique a suscité des réactions très diverses dans
les communautés religieuses et les partis politiques.
Pour la Conférence des évêques de France, Marie-Caroline de Marliave,
directrice de la communication a déclaré : "Les réserves
des évêques sur le principe d'une loi pour résoudre le problème visé
demeurent. Néanmoins, nous notons que la formulation retenue a pris
en compte les inquiétudes des évêques concernant la liberté religieuse".
Le bureau du Conseil Français du Culte Musulman déclare
: "Le CFCM a toujours confirmé son opposition de principe à légiférer
sur l'interdiction du port du foulard à l'école (...) Il constate que
l'Assemblée nationale a opté dans le sens contraire. Il est respectueux
de sa décision". Dalil Boubakeur, son président a déclaré à l'AFP que
"ce score impressionnant montre à quel point la communauté musulmane
a eu raison d'être prudente en tant que composante de la communauté
nationale et qu'il n'était pas facile d'ébranler la détermination nationale
à aller vers la loi".
Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions
juives de France, le CRIF, voit cette loi d'une manière positive
: "C'est une action symbolique qui signifie que la France tient à faire
respecter les usages dans ce pays et que l'on ne veut pas de dérive
islamiste. Ce qui est important, c'est que tous ceux qui ont choisi
de vivre dans ce pays se soumettent aux règles de la laïcité".
Le président du Parti des musulmans de France, Mohamed Latrèche,
connu pour ses positions radicales et ses propos à l'emporte-pièce,
affirme : "La majorité "laïciste" de l'Assemblée a adopté une "loi
anti-laïque qui institutionnalise l'islamophobie et l'ingérence dans
les libertés individuelles". Cette loi "restera une loi d'exception
et cela jusqu'à son abolition, tout comme l'a été celle de Vichy en
1941 obligeant les Juifs à porter l'étoile jaune." A quoi l'un de ses
interlocuteurs a répondu que la comparaison devait être
inversée : l'obligation du port du voile signifie que l'on est
marquée par sa religion et son origine.
Pour Fouad Alaoui, secrétaire général de l'Union des organisations islamiques
de France, l'UOIF, également vice-président du CFCM. "La volonté d'exclure
s'est concrétisée par un vote pour lequel la droite et la gauche se
sont mis d'accord. Il est très difficile de parler de République ouverte
et tolérante avec cette loi".
Du côté des enseignants, Gérard Aschieri, secrétaire général
de la FSU, estime que : "La loi ne règle pas le problème: on enferme
le débat sur la laïcité en se limitant à l'interdiction du voile. Une
bonne partie des problèmes sont devant nous: l'application de la loi
et la façon de rendre vivante la laïcité".
Le parti de la majorité présidentielle, l'UMP, s'est exprimér
par son porte-parole, François Baroin : "C'est rassurant pour celles
et ceux qui croient encore au pacte républicain, qui croient à la politique
d'intégration (...) Ce n'est pas un point d'arrivée mais un point de
départ, c'est une relance de cette politique de laïcité, d'intégration".
-
Arnaud Montebourg, membre du Parti Socialiste, est nuancé: "C'est
une loi que les socialistes approuvent avec réticence". "Nous l'avons
votée parce qu'il faut mettre un coup d'arrêt au progrès de l'intégrisme
dans la jeunesse. Et de ce point de vue elle est nécessaire". (source
: presse)
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