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16.02.04 - Les nouveaux saints français de l'Eglise orthodoxe.

Le saint-synode du patriarcat oecuménique, dont le siège est à Istanbul (Turquie), a procédé, lors de sa session du 16 janvier dernier, à la canonisation de cinq personnalités marquantes de l'histoire spirituelle de l'émigration russe en France.

Il s'agit du père Alexis Medvedkov (1867-1934), ainsi que du père Dimitri Klepinine (1904-1944), de Mère Marie (Skobstov) (1891-1945), et de leurs compagnons Georges (Youri) Skobtsov (1921-1944) et Elie Fondaminskiï (1880-1942). Cette canonisation fait suite à la demande présentée au patriarcat, en septembre 2003, par l'archevêque Gabriel, qui dirige l'archevêché des paroisses de tradition russe en Europe occidentale. C'est la première fois que le patriarcat oecuménique canonise des personnes qui ont vécu une partie de leur vie en Europe occidentale.

Le patriarche oecuménique Bartholomée Ier a demandé à tous les métropolites des autres diocèses du patriarcat se trouvant en Europe occidentale de faire mémoire de ces nouveaux saints dans leurs diocèses respectifs. Leur commémoration liturgique a été fixée par le patriarcat au 20 juillet, fête du saint prophète Elie. De son côté, l¹archevêque Gabriel a décidé d¹inscrire également leurs noms au calendrier liturgique de l'archevêché au jour du décès de chacun d¹eux.

"Face aux épreuves de notre temps, écrit-il, ils nous apportent un message de réconfort et d¹espoir, de fidélité absolue à l'Evangile du Christ : humilité, douceur, abnégation, souci du faible et de l'opprimé, service du frère, esprit de sacrifice et amour, car "il n¹y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour son Ami (Jn 15,13)". "[Le] témoignage [de ces saints] s'est situé dans un moment crucial où l'orthodoxie russe cherchait à s'organiser en Europe occidentale et, de manière générale, en situation de "diaspora", en dehors des frontières canoniques de l¹Eglise de Russie."

..." La sainteté possède toujours à la fois une dimension intemporelle et par la même universelle, de participation à la Sainteté divine. Mais, simultanément, elle s¹enracine dans le temps et dans l¹espace, c¹est-à-dire dans l¹histoire bénie et douloureuse de la diaspora russe en Occident. Enfin, elle prend racines, là où le Seigneur nous a appelé à notre tour à témoigner de notre foi en Lui, en communion avec les saints de tous les temps, en particulier pour nous, ceux de la terre de France", poursuit l'archevêque Gabriel, qui annonce que les célébrations solennelles à l'occasion de la canonisation des nouveaux saints auront lieu les 1er et 2 mai prochain, à Paris, en la cathédrale Saint-Alexandre-de-la-Néva.

Le père Alexis Medvedkov était, avant la Révolution russe, prêtre d'un petit village de la région de Saint-Pétersbourg. Arrêté par les bolcheviques en 1918, il échappe au peloton d'exécution grâce à l¹intervention de ses proches et parvient à émigrer en Estonie. En 1930, il part pour la France, où il est nommé recteur de la petite communauté d'Ugine en Savoie et y accomplit son ministère pastoral avec abnégation, dans des conditions matérielles précaires et l'indifférence de la part de bien des membres de la paroisse, avant d'être emporté par un cancer.

En 1935, Mère Marie (Skobtsov), une poétesse et artiste devenue moniale, avait fondé à Paris, un centre d'accueil et un foyer pour personnes sans domicile fixe, donnant ainsi toute sa dimension spirituelle à l'action sociale et prônant le développement d'un "monachisme dans la cité, dans le désert des coeurs humains". Aidée par un groupe de laïcs, elle était au service des chômeurs et des sans-papiers, organisant une cantine, des ateliers, un bureau d'aide sociale. Arrêtée par la Gestapo, elle fut gazée à Ravensbrück, le 31 mars 1945. Selon certains témoignages, elle aurait pris la place de l'une de ses codétenues

Le père Dimitri Klepinine, jeune prêtre parisien, diplômé de l'Institut Saint-Serge, marié et père de deux enfants, fut chargé, à partir de 1939, de la paroisse dédiée à la Protection-de-la-Mère-de-Dieu, qui avait été ouverte auprès du foyer de Mère Marie. Durant l'occupation, de nombreux juifs persécutés y furent accueillis et cachés. Arrêté et déporté, il mourut d¹une pneumonie au camp de Dora, le 9 février 1944.

Le 8 février 1943, lors d'une perquisition dans les locaux de la rue de Lourmel, à Paris, le fils de Mère Marie, Georges, âgé d¹une vingtaine d¹années, fut emmené en otage par la Gestapo et il meurt déporté au camp de Dora.

Proche collaborateur de Mère Marie, Elie Fondaminskiï, un intellectuel russe d¹origine juive, venu peu à peu à la foi chrétienne, avait été quant à lui arrêté par les nazis dès 1941. Il reçut le baptême alors qu¹il était interné au camp de Compiègne (Oise), avant d¹être déporté à Auschwitz où il devait périr le 19 novembre 1942. (source : sop)

Pour plus d'informations s'adresser à : Service orthodoxe de presse

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