18.02.04
- La Russie n'est pas un pays païen.
Le cardinal Kasper, qui préside le Conseil pontifical pour la promotion
de l'unité des chrétiens, a été clair en mettant en garde
implicitement mercredi les prêtres contre une attitude qui ne
tient pas compte de la réalité russe.
"La Russie n'est pas un pays païen," a-t-il déclaré dès
le premier jour, en la cathédrale catholique de Moscou lors d'une conférence
sur "L'Orthodoxie et l'Eglise catholique", devant plus de cent personnes,
dont tous les évêques catholiques de Russie et un représentant du patriarcat
orthodoxe. Ce disant il semble épouser ainsi l'un des principaux griefs
du patriarcat orthodoxe russe à l'encontre de Rome. "Il ne peut y avoir
de 'politique' délibérée ou de 'stratégie' d'évangélisation des chrétiens
orthodoxes" de la part des catholiques, a-t-il affirmé
Le représentant du patriarcat orthodoxe, le père Igor (Vyjanov), qui
est chargé des relations avec les autres églises chrétiennes et notamment
avec Rome, a estimé que la conférence de Mgr Kasper ne pouvait être
assimilée à des remontrances à l'égard des évêques catholiques de Russie.
"C'est un discours équilibré", a-t-il commenté, avant de souhaiter que
"ces bonnes paroles soient suivies d'actes concrets".
La conférence du cardinal Kasper était rédigée en termes très généraux,
mais certaines formules semblaient traduire la volonté du cardinal d'exercer
une influence modératrice sur le clergé catholique local, en bonne partie
d'origine polonaise, qui estime être en butte à l'hostilité de la hiérarchie
orthodoxe. "La Russie n'est pas un pays païen. En Russie, l'Eglise catholique
se trouve dans une situation marquée avant tout par la présence pluriséculaire
de l'Eglise orthodoxe qui a déterminé la culture de ce pays. (...) Il
est de notre devoir de lui offrir la plus grande assistance."
... "Notre devoir missionnaire doit être accompli (...) dans un esprit
de respect et de coopération avec l'Eglise orthodoxe russe", a poursuivi.
Mgr Kasper citant l'encyclique oecuménique "Ut unum sint" pour rappeler
que "ce document rejetait ce que la terminologie de l'Eglise orthodoxe
qualifie d'uniatisme et de prosélytisme, autrement dit l'activité missionnaire
parmi les membres de l'Eglise orthodoxe, en tant que méthode pour aujourd'hui
et pour demain".
Le cardinal allemand a commencé mardi une visite de plusieurs jours
à Moscou pour rencontrer les responsables de l'Eglise catholique, mais
l'objectif officieux qui est d'améliorer les rapports avec l'Eglise
orthodoxe russe, n'est pas absent de cette visite. D'ailleurs il doit
avoir une "rencontre de travail" avec le métropolite Kirill, chargé
des relations extérieures de l'Eglise orthodoxe russe.
L'un des grands dossiers opposant les deux Eglises est le projet des
catholiques ukrainiens de rite oriental (uniates) de créer un patriarcat.
A la veille de l'arrivée de Mgr Kasper, le patriarcat de Moscou avait
publié une condamnation unanime de cette idée par toutes les Eglises
orthodoxes. Le cardinal n'a abordé ce sujet difficile que par allusion,
citant le souhait du Concile Vatican II de "protéger l'identité historique
des Eglises orientales et de la renouveler là où elle court le risque
d'être perdue". (source : vis)
Pour plus d'informations s'adresser à : Service
de presse du Vatican
Retour
|