16.02.04
- France : Entre shabbat et jour
du Seigneur.
Certains chrétiens, soucieux de retrouver les racines juives de leur
foi, célèbrent le shabbat, un temps messianique qui permet de se ressourcer,
et d'éclairer le "Jour du Seigneur" et la résurrection
du Messie.
"Que l'âme de tout être vivant bénisse ton Nom, ô Seigneur notre Dieu...
Et que le souffle de toute chair glorifie et exalte à jamais ton souvenir,
ô notre Roi." Ces mots du Nichmat kol haï, l'action de grâces de la
prière que les juifs pratiquants récitent au matin du shabbat, résonnent
aussi chaque samedi matin dans les maisons de la Communauté des Béatitudes,
selon une liturgie inspirée du rituel synagogal.
Fondée en 1973, cette communauté charismatique s'attache à redécouvrir
les racines juives du christianisme, dans une optique eschatologique.
D'où la célébration hebdomadaire du shabbat, mais aussi celle des grandes
fêtes comme Yom Kippour ou la fête des Tentes. Mais cette façon de faire
est critiquée hors de la communauté : certains y voient une volonté
de christianiser le judaïsme, d'autres parlent de syncrétisme. Sans
aller forcément jusque-là, mais pour éviter toute confusion, les membres
de l'Amitié judéo-chrétienne de France ont pour principe d'accepter
de participer au shabbat lorsque des juifs les y invitent, mais de ne
jamais le célébrer entre chrétiens.
Un récent colloque a engagé une profonde réflexion sur
la place des rituels d'origine juive dans la communauté. Et notamment
le shabbat. "Il s'agit d'une réflexion dogmatique sur le sens que nous
donnons à notre rapport avec Israël, mais aussi d'une explication de
notre pratique, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la communauté",
explique Moïse Ballard, membre de la communauté en Israël et responsable
des relations des Béatitudes avec le judaïsme. Pour lui, il existe un
véritable sens chrétien du shabbat.
A ce colloque, ont participé de nombreux intervenants venus des
différents horizons du judaïsme. "Il y a une véritable prise de conscience
du fait que la connaissance du judaïsme permet de mieux saisir le christianisme.
Et cela, je le vois comme une démarche d'authenticité de la part des
chrétiens", se réjouit ainsi le rabbin Philippe Haddad. Dans le sens
d'un regard chrétien sur le shabbat, Moïse Ballard relève que, jusque
dans sa mort et sa résurrection, Jésus a respecté le shabbat , mais
pour lui donner un sens nouveau : "Jésus s'endort dans la mort juste
avant le début du shabbat, et il ressuscite dès que celui-ci est terminé",
explique-t-il.
Pour un chrétien, selon cette perspective, la résurrection du Christ
apparaîtrait dès lors comme un accomplissement du shabbat, ce qui oblige
à réfléchir à la place à accorder à ce septième jour. Pour Moïse Ballard,
c'est une vision finalement pas très éloignée de l'un des sens chrétiens
du dimanche : "Le dimanche s'ajoute au shabbat , il ne s'y substitue
pas, explique-t-il. Le shabbat est un jour de silence, mais ce silence
même est plein de sens." (source : béatitudes)
Pour plus d'informations s'adresser à : Communauté
des Béatitudes
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